Publié le 22 Dec 2023 - 02:55
PROMOVILLE - OUROSSOGUI

Des travaux sans fin, un calvaire interminable

Les travaux de voirie entamés dans la commune de Ourossogui par la société marocaine Sintram sont sans fin. Depuis plus de trois ans, les tracasseries générées par ces travaux perturbent considérablement le quotidien des populations. Entre routes coupées et maisons barricadées, les habitants souffrent, et ce, sans la moindre intervention de la mairie, aphone et passive.

Au quartier Moderne 3 de Ourossogui, la frustration et le dépit sont les sentiments les mieux partagés. Dans ce quartier populeux de la commune du ministre de la Communication, les populations maudissent les travaux de voirie qui ont été entamés depuis des lustres et qui peinent à s’achever. Pour Khalifa, chauffeur, la situation était bien meilleure avant les travaux : ‘’Ces travaux que la société marocaine a entrepris n’ont d’aucune utilité pour nous les populations du quartier Moderne. À la limite, on dirait que c’est du sabotage. Ils ont bitumé la route qui quitte La Poste vers Thiambé, ils ont creusé les rebords et c’est fini. Pour nous qui avons des voitures, c’est la croix et la bannière pour rallier cette route. Nous faisons des détours et empruntons des chemins qui accélèrent la décadence de nos véhicules’’, fulmine l’homme qui est chauffeur de ‘’clando’’.

En effet, les deux principales routes qui ont été couvertes de bitume depuis plus d’un an sont déjà opérationnelles, mais les travaux de finition ne sont toujours pas achevés. Les trous ne sont pas remblayés, obstruant le passage aux véhicules venant des ruelles perpendiculaires à la route. La grande rue qui va du forage à la route nationale est devenue impraticable à cause des travaux.
‘’Avant, on quittait le forage pour aller tout droit vers la station d’essence qui se trouve à côté de l’Inspection régionale des eaux et forêts, rappelle Modou Thiam, livreur de pain. Aujourd’hui, à cause des travaux, c’est impossible. Pour livrer mes pains, je suis obligé de faire plusieurs détours. Cette entreprise marocaine qui réalise ces travaux ne respecte pas les populations de Ourossogui. Ce qui se passe ici, c’est du grand n’importe quoi’’, déclare à son tour le jeune homme originaire de Diourbel.

Passages obstrués, maisons barricadées

En réalité, ce ne sont pas seulement les chauffeurs qui se plaignent de l’état actuel des sentiers. Il y a des maisons qui sont enclavées par les canaux non couverts. À côté du marché central de Ourossogui, les maisons jouxtant la route sont barricadées par les travaux sans finition de la route. Néné Aissata est une dame qui habite à côté du centre de formation professionnelle ; son mari est un émigré qui ne parvient plus à faire rentrer sa voiture dans la maison. ‘’Nous souffrons à cause de ces travaux. Cette route est un malheur pour nous. Tu as vu que devant moi, il y a ce trou béant qui n’est pas encore couvert. Comment une voiture pourrait-elle passer pour rentrer dans la maison ? Mon mari est arrivé, il y a tout juste deux mois. Il ne peut plus faire rentrer sa voiture. Il est obligé de la garer chez le voisin. Vous croyez que c’est normal ? S’ils ne pouvaient pas faire les travaux de finition, ils ne devraient pas les commencer’’, s’emporte-t-elle.

Non loin d’elle, un jeune conducteur de ‘’moto-Jakarta’’ nous raconte les nombreux cas d’accident causés par ces travaux. ‘’Je ne sais même pas combien de vieilles personnes ont trébuché dans ces trous ! Des motos qui tombent dans ce gouffre, c’est quasiment chaque semaine. Mais bon, l’entreprise chargée des travaux sait bien qu’il n’y a pas d’autorités à Ourossogui, c’est pourquoi elle travaille comme elle veut, sans aucun égard pour les populations. Mais c’est sûr que si c’était à Dakar ou dans les grandes villes, les populations allaient exiger des travaux de meilleure qualité’’, fait remarquer le jeune homme marié et père de deux enfants.

Calvaire des populations, indifférence de la mairie

Les travaux de voirie devaient embellir la ville de Ourossogui, comme c’est le cas de la ville de Matam. Mais à cause d’une lenteur et une certaine négligence, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. Et ce qui interpelle encore le plus, c’est le silence dans lequel se sont emmurées les autorités locales. La commune dirigée par le ministre de la Communication, Me Moussa Bocar Thiam, ne s’est jamais prononcée publiquement pour fustiger la lenteur des travaux. ‘’Qui a une fois entendu le maire de Ourossogui faire une sortie pour mettre la pression sur l’entreprise chargée des travaux ? Personne. Le maire ne se soucie pas de sa population. Ce calvaire que nous fait vivre cette entreprise marocaine n’intéresse pas notre maire. C’est le cadet de ses soucis’’, soutient Amadou Diop.

Cette situation risque de perdurer, puisque l’entreprise a déjà commencé à plier bagage. L’équipe de travailleurs a déjà été drastiquement diminuée. Actuellement, les ouvriers qui travaillent peuvent se compter avec les doigts de la main. ‘’C’est la fin du sentier, nous confie un ouvrier. Nous étions plusieurs dizaines, au début du sentier. Aujourd’hui, il reste à peine une poignée. Je ne peux pas être affirmatif, mais tout porte à croire que les travaux de finition ne se feront pas, à moins que la population s’insurge’’, révèle sous l’anonymat ce travailleur.

Aujourd’hui, les populations de Ourossogui, ne sachant plus à quel saint se vouer et livrées à elles-mêmes, implorent un messie pour abréger leur calvaire. Elles prient pour que le ciel leur envoie une autorité qui osera ordonner à l’entreprise marocaine de terminer les travaux de finition dans la ville-carrefour.

Djibril BA

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