Publié le 10 Apr 2024 - 00:02
FONCTIONNEMENT PDS

Vent de révolte chez les Wade

 

Après avoir appelé à voter pour le candidat Bassirou Diomaye Faye, le PDS reste dans le flou, quant à son positionnement dans la nouvelle configuration politique. Des responsables qui n’acceptent plus d’être dirigés sur la base de simples communiqués sonnent la révolte.

 

Au Parti démocratique sénégalais (PDS), le débat fait rage. Entre ceux qui veulent s’opposer et ceux qui attendent le signal du secrétaire général national Abdoulaye Wade pour se déterminer. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la fronde prend de plus en plus forme. Et c’est Karim Wade qui est la principale cible de certains frondeurs. Secrétaire général de la section de Dalifort, Baba Diaw n’y est pas allé du dos de la cuillère. Pour lui, le PDS doit s’organiser et occuper sa place dans l’opposition. ‘’On a raté deux Présidentielles. Là, on va vers des Législatives ; on risque de ne pas avoir un groupe parlementaire, ce qui serait inédit depuis la création de notre parti. Le PDS doit s’organiser et rester dans l’opposition. C’est là où le peuple sénégalais nous attend’’, peste-t-il dans une vidéo postée sur sa page Facebook.

De l’avis de M. Diaw, le PDS doit prendre le lead pour la mise en place d’une ‘’large coalition de l’opposition’’, éviter de vouloir se positionner pour des postes de sinécure. Le responsable ne se prive pas de jeter de grosses pierres dans le jardin du ‘’candidat’’ Karim Wade qu’il se garde de nommer. Il déclare : ‘’Il faut qu’on arrête de nous bassiner avec ces histoires de candidat. Il n’y a plus de candidat ; il n’y a que les sections, les fédérations et le secrétaire général. Nous avons des structures, nous avons un siège, les gens doivent se réunir pour la prise de décisions. On ne peut pas continuer de diriger les gens sur la base de communiqués de presse. Nous ne pouvons plus l’accepter. Nous sommes quand même de grandes personnes. On ne peut pas tout le temps nous dire attendez le communiqué. Il faut laisser en paix le frère secrétaire général’’.

Selon Baba Diaw, pour ne pas disparaitre, le PDS doit faire face et se positionner de manière claire dans la situation politique actuelle. Et c’est aux fédérations de prendre toutes leurs responsabilités. Il plaide pour la ‘’mise en place d’un directoire national’’ et ‘’le choix d’un coordonnateur’’ pour faire fonctionner le parti. ‘’Le problème du PDS, fustige-t-il, c’est que nous n’avons pas de lieutenants devant pour descendre sur le terrain. Si on ne peut pas donner aux fédérations leurs prérogatives, il vaut mieux les dissoudre. Sinon à quoi ça sert ? Ça suffit, le PDS doit jouer pleinement son rôle…’’.

Un courant appelé ‘’Renouveau démocratique’’ en gestation

Il faut noter que ces griefs qui viennent généralement de la base sont partagés par pas mal de responsables qui appellent de tous leurs vœux à des changements profonds dans la manière de manager le parti.

Interpellée, la secrétaire nationale chargée de l’économie numérique, Hawa Abdoul Ba, par ailleurs secrétaire générale de la fédération de Dakar-Plateau, réagit : ‘’C’est vrai que le malaise est réel. Aujourd’hui, les militants ne sont pas du tout contents de la manière dont fonctionne le parti et il suffit d’une étincelle pour que le parti vole en éclats. À mon avis, les responsables doivent être attentifs aux récriminations venant de la base et essayer de leur trouver des solutions.’’

Selon certains de nos interlocuteurs, ils sont nombreux à battre le rappel des troupes pour dénoncer la léthargie notée dans le fonctionnement des instances régulières du parti. Sur les 59 fédérations que compte le PDS, ils sont nombreux les secrétaires généraux à souscrire à cette initiative appelée ‘’Renouveau démocratique’’.

De l’avis de Hawa Ba qui ne nie pas être membre de cette plateforme, il est urgent de clarifier la posture du PDS. ‘’Nous ne savons même pas si nous sommes dans l’opposition ou bien si nous prenons la décision d’accompagner le nouveau régime. Je pense qu’il est temps que l’on apprenne à ménager un peu Abdoulaye Wade. Nous sommes des responsables. Nous devons pouvoir mener des réflexions et lui soumettre des propositions. C’est notre rôle et nous devons l’assumer pleinement’’.

En résumé, les frondeurs exigent la création d’un comité directeur dans le délai d’un mois, le choix d’un coordonnateur avant le congrès de parachèvement de la restructuration, la tenue dudit congrès avant le mois de juin, la mise en place d’une commission nationale pour l’élaboration d’un nouveau projet de société, la mise en place d’un nouveau secrétariat qui sera une sorte de gouvernement virtuel du parti, entre autres recommandations.

‘’EnQuête’’ a contacté la secrétaire nationale à la communication Nafissatou Diallo, qui n’a pas souhaité réagir à nos questions.

MOR AMAR

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