Pr Mamadou Diouf récuse la dualité supposée à la tête de l’Exécutif
Aux contempteurs du tandem Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko arguant d’un bicéphalisme sur fond d’amateurisme contre productif à la tête de l’Exécutif, le Professeur agrégé d’histoire à Columbia University (Usa), Mamadou Diouf, juge prématuré ces critiques portées contre le nouveau régime qui n’a même encore fait trois mois de gestion des affaires publiques. Selon lui, les immenses attentes et défis en perspectives commandent "une refondation morale globale du Sénégal pour un changement véritable et profond de transformation systémique à même d’offrir un espoir renouvelé pour l'avenir du pays".
Pr Mamadou Diouf juge très prématuré d’apprécier la gouvernance du tandem Bassirou Diomaye Diakhar Faye-Ousmane Sonko. Il s’inscrit en faux contre les critiques émises par certains arguant de l’amateurisme et la confusion des rôles au sommet de l’Etat. Selon lui, parce que certains impairs sont "consubstantiels à tout bicéphalisme, ces critiques ne s’inscrivent pas dans la règle des 100 premiers jours convenus "; soit trois mois, pour apprécier leur politique de gestion des affaires publiques. "J’ai entendu dire qu’il y a de l’amateurisme dans leur manière de faire, qu’il y a de temps en temps des superpositions entre le rôle de Président et celui de Premier ministre. C’est tout à fait normal ! Ils viennent de commencer, il y a à peine deux mois. Donc qu’il y ait de l’amateurisme, il faut s’y attendre. Il va y avoir de l’amateurisme et des erreurs", a-t-il déclaré dimanche sur "Sud FM".
Toutefois, il les a invités à « comprendre qu’ils peuvent faire des erreurs mais qu’ils aient le courage de rectifier après ». Selon lui, "un nouveau gouvernement ne peut pas d’un seul coup faire tout de la meilleure des manières possibles et l’apprentissage est aussi un mécanisme qui permet la formation". Il a aussi salué "leur organisation politique novatrice et leur capacité à émerger comme une force autonome rompant avec les réseaux confrériques traditionnels ; gages d’indépendance, permettent une véritable déconstruction du système clientéliste et néo-patrimonial qui a longtemps dominé la scène politique sénégalaise". Même si la mission ne sera pas aisée, il s’est réjoui des actes que pose Ousmane Sonko. "Je les apprécie positivement, pour le moment. Il est en train de jouer son rôle de chef de gouvernement", a-t-il défendu.
A l’opposé de Macky Sall, il a soutenu que leur avènement à la tête du Sénégal constitue plutôt une rupture significative et représente "une formidable opportunité une refondation morale et une transformation systémique en profondeur du Sénégal", notamment le système politique et institutionnel hérité depuis l'indépendance. « Si le président Wade était libre par rapport à la France et c’est quelque chose d’important. Pour le président Macky Sall, c’est plus compliqué. Il est au service de Macron et c’est ça le problème parce que les 7 P c’est le projet de Macron. En tant qu’ancien chef d’Etat africain, il est au service de l’Etat français et cela peut irriter certains sénégalais », a-t-il fait savoir. Pour lui, la nouvelle équipe dirigeante aura à « recréer une citoyenneté dynamique et à restaurer le rêve et le bonheur des jeunes sénégalais ». En outre, elle devra « non seulement rompre avec les pratiques antérieures et réformer en profondeur les institutions, mais aussi punir les fautes du passé tout en proposant un projet rassembleur de reconstruction nationale et morale ».
Malamine CISSE