David Célestin Faye pointe du doigt les vrais problèmes

Stabiliser le calendrier universitaire, le Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes) ne dit pas non. Mais selon l'organisation syndicale, il ne faudrait pas occulter les vrais problèmes qui ont perturbé les quantums horaires au sein de l'université.
Lors d'un séminaire à Saly, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche avait notamment axé les travaux sur la normalisation du calendrier universitaire. “Depuis que nous avons pris la tête du ministère, nous travaillons avec les acteurs et nous avons finalement décidé d’organiser un séminaire à la fin du mois de mai pour discuter, avec pour objectif principal de rétablir le calendrier académique, ce qui pourrait résoudre bon nombre de difficultés financières rencontrées par le secteur (...). Nous espérons qu'avec la participation de tous les acteurs, au début du mois de juin, nous parviendrons à une solution”, avait déclaré Abdourahmane Diouf.
Par ailleurs, le président d'Awalé avait évoqué la réintroduction de l'orientation dans les établissements privés pour les futurs bacheliers. Ces deux points essentiels concernant l'université sénégalaise ont interpellé le Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes). À travers son secrétaire général national, l'organisation syndicale a commenté la déclaration de M. Diouf.
David Célestin Faye, pour la rubrique “Stabilisation du calendrier universitaire”, invite à plus de retenue et non à tout type d'emballement. Il estime qu'il s'agit simplement d'un réchauffé, “du déjà-vu”, dans la mesure où “Abdourahmane Diouf n'a fait qu'une déclaration sans préciser les modalités de mise en œuvre”.
Pour ce professeur à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, la tutelle devrait surtout s'atteler à résoudre les vrais problèmes tels que la “livraison rapide des chantiers en cours depuis maintenant 10 ans et le recrutement massif d'enseignants”.
Selon lui, c'est la seule façon de “résorber chaque année le flux considérable de nouveaux bacheliers”.
Ce que le secrétaire général national du Saes n'arrive pas à comprendre également, c'est cette “envie pressante de réintroduire l'orientation dans le privé pour les bacheliers”. Selon M. Faye, la formule proposée par la tutelle serait beaucoup plus destructive que celle en vigueur entre 2016 et 2019. Il explique : “Le ministre voudrait permettre au nouveau bachelier de choisir purement et simplement entre une université privée et une université publique. Nous disons simplement non, car nous n'accepterons pas que les fonds déjà insuffisants pour l'enseignement supérieur public soient détournés vers les écoles privées.”
Il ajoute : “À ce rythme, si nous revenons à cette approche qui n'a fait qu'aggraver les problèmes, ce serait un véritable recul. Ce que nous ne voulons pas, c'est que l'université sénégalaise ressemble à notre école publique ou à notre système de santé. De plus en plus de Sénégalais, dès lors qu'ils en ont les moyens, envisagent d'abord le privé pour l'éducation de leurs enfants ou pour leurs soins de santé. L'orientation vers le privé a déjà montré ses limites. Nous espérons que le ministre fera marche arrière. Sinon, le Saes sera immédiatement mobilisé, si une telle décision est prise.”
De plus, ajoute M. Faye, “les fonds que le ministre envisage d'investir pour rediriger ces étudiants vers le privé pourraient être utilisés pour achever les chantiers en attente depuis une décennie et pour un recrutement massif d'enseignants”.
Dans un autre registre, concernant cette fois-ci les paiements qui arrivent dans les comptes avec retard, le Pr. Faye espère également une “stabilisation. Le mois dernier déjà, les salaires ont été versés le 9 mai. Nous sommes maintenant le 4 juin et nous n'avons toujours pas reçu nos indemnités, pourtant sacrées pour tout fonctionnaire. Nous espérons qu'une solution rapide sera trouvée à cette situation. Sinon, le Saes n'exclut pas de se mobiliser. On parle de stabiliser le calendrier universitaire, mais l'une des meilleures façons d'y parvenir est également de payer les salaires à temps”.
MAMADOU DIOP