‘’Le Sénégal a un sérieux problème de carence en micronutriments’’, Dr Ndèye Fatou Ndiaye

En Afrique, la qualité de l’alimentation reste encore une équation chez les autorités. Dans ce sens, au Sénégal, le projet de fortification alimentaire est une stratégie mise en œuvre dans le but de renforcer les aliments en micronutriments pour mieux améliorer la santé publique.
Selon Mme Ouédraogo Bouena Élisabeth, ‘’depuis les années 2000, on parle de fortification, mais quand on regarde les taux de prévalence en micronutriments ça reste élève en Afrique de l'Ouest. Près de 50 % des femmes enceintes animées et également près de 15 % de nos enfants naissent avec un faible poids dès la naissance’’.
Sur la même lancée, la chargée de programme de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l'Ouest, qui se prononçait à l’occasion d’un atelier de renforcement de capacités des agents et des instructions sur le contrôle de qualité des aliments enrichis, estime que ces chiffres sont alarmants. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Sénégal fortifie les aliments comme la farine de blé tendre et l'huile, le sel en micronutriments. Et, soutient Dr Ndèye Fatou Ndiaye, ‘’c'est important que ces micronutriments soient contrôlés, qu'on ait les quantités requises, qu'on ait les quantités qui sont inscrites sur les normes afin qu'on puisse atteindre les populations’’.
En effet, révèle la cheffe de la Division nutrition à l'Institut de technologie alimentaire de Dakar, ‘’le Sénégal a un sérieux problème de carence en micronutriments, en l'occurrence le fer, l'acide folique, le zinc. Nous avons un problème de santé publique à ce niveau et la fortification est là en même temps que les autres stratégies pour augmenter le niveau de micronutriments chez les personnes’’.
Donc, précise-t-elle, ‘’cette fortification est importante, parce que ça commence à donner ses effets. Nous avons un impact positif, qui nous permet de voir une diminution de certaines carences au Sénégal. Mais il est important de continuer les efforts afin d'éradiquer ces carences au sein de la population’’.
Cependant, a soutenu Dr Ndèye Fatou Ndiaye, ‘’le Sénégal a les mêmes problèmes que les autres pays de la sous-région, dans ce domaine. C’est ce qui fait que nous avons une norme harmonisée, que ce soit pour la farine de blé tendre et/ou pour l'huile et même au niveau du sel. Car c'est le Sénégal qui produit et vend à beaucoup de pays. Puisque nous avons tous les mêmes problèmes, nous avons essayé d'harmoniser les normes et de contrôler correctement, d'où cette formation’’.
A l’en croire, il y a d’autres pays ‘’qui sont là pour suivre la même formation que nous. C’est important qu'on ait des produits adéquatement enrichis pour la population sénégalaise, mais également pour les populations de la sous-région, là où nos industriels exportent’’. Ce travail est du ressort des agents du contrôle économique.
Dès lors, pour Dr Ndiaye, les moyens mis à leur disposition ne sont pas à la hauteur de leurs ambitions. Du coup, elle considère qu’il est nécessaire de ‘’renforcer ces agents de commerce, ce département du commerce intérieur qui se charge de faire le contrôle, que ce soit des sites de production ou des marchés, des postes-frontière, c’est assez large. Le Sénégal, il faut qu'il ait des moyens, mais ils le font avec les moyens du bord’’.
Pour elle, ‘’il est important que l'on puisse faire ce contrôle fait par les industriels eux-mêmes, mais également fait par les services de l'État qui sont chargés de faire ce contrôle au niveau de tout leur circuit de distribution’’.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)