Publié le 25 Jun 2024 - 16:20
RÉSEAU OUEST-AFRICAIN DE SURVEILLANCE ET DE CONTRÔLE D'AEDES

L'amélioration du système de surveillance au cœur des travaux

 

La 4e réunion annuelle du Réseau ouest-africain de surveillance et de contrôle d'Aedes s'est ouverte aujourd'hui à Dakar. Durant les quatre prochains jours, experts et entomologistes vont laisser un peu de côté le paludisme pour se pencher sur la dengue, le Zika, la fièvre jaune, etc. 

Juste à côté du tristement célèbre paludisme, un contingent de pathologies, causées par des piqûres de moustiques, est encore méconnu du grand public. “Le paludisme est certes plus connu parmi les maladies engendrées par les piqûres d'insectes, mais depuis 2009, d'autres pathologies sont apparues telles que la dengue, le Zika, la fièvre jaune, etc. Ces maladies ne sont pas transmises par les anophèles femelles, mais par d'autres vecteurs appelés Aedes. Pour cette année, notre thème central est ‘’Diagnostic et de la génomique pour améliorer le système de surveillance des moustiques vecteurs des Aedes”, affirme le chef du Service de zoologie médicale à l'Institut Pasteur de Dakar et entomologiste Mawlouth Diallo.

Le représentant de l'Institut Pasteur de poursuivre : “Nous sommes à la quatrième session. Pour la présente, Dakar est un peu à l'honneur. Dans le cadre de cette réunion, chaque pays tire un son bilan national avant de discuter, ensemble, des nouvelles stratégies à mettre en œuvre pour plus d'efficacité. Mais par rapport aux avancées technologiques des uns et des autres, nous tentons de voir comment réorganiser la lutte face à ces ennemis communs.”

Selon lui toujours, c'est pour se prémunir contre un problème de santé publique dans la sous-région ouest-africaine que les forces ont été mutualisées. “Cette menace sérieuse constitue la raison pour laquelle nous avons jugé nécessaire de créer ce grand réseau afin de fédérer nos énergies au niveau de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest. Dans le cadre de cette initiative, on réfléchit sur comment travailler sur les facteurs des Aedes, connaître leurs comportements et avoir des stratégies de riposte et d'anticipation. Dès à présent, soulignons que ces maladies n'ont ni traitement spécifique ni vaccins efficaces’’.

En outre, tout en reconnaissant la fiabilité des pratiques mises en place par le réseau, l’entomologiste n'occulte pas le fait que le paludisme a longtemps “fait de l'ombre” aux maladies ainsi qu'à leurs agents pathogènes. “Aujourd'hui, les stratégies sont efficaces, mais il faut reconnaître que le focus uniquement sur le paludisme avait un peu retardé la prise de conscience générale. Mais aujourd'hui ces maladies qui nous mobilisent ne sont plus méconnues comme il y a 15 ans. L'extrapolation qui consistait à utiliser la même approche et pour la malaria et pour les Aedes n'est plus d'actualité. C'est dire qu'un pas important a été franchi”. 

Pour boucler sa péroraison, M. Diallo a évoqué une spécificité comportementale chez les agents vectoriels des Aedes qu'on ne retrouve pas chez l'anophèle femelle. “Il est établi désormais et depuis fort longtemps que les vecteurs des Aedes ont des comportements différents. Nous les avons un peu domestiqués, car ils évoluent sur les récipients de stocks tels les vases, canaris, fûts, etc. Ceci dit, nous connaissons leurs réceptacles. Même s'ils sont de plus en plus résistants aux insecticides, par exemple, nous devons être en mesure d'élaborer d'autres outils capables de nous prémunir contre ces maladies. Mais pour ce faire, les moyens financiers doivent inéluctablement suivre ainsi que le personnel qualifié afin de mieux faire face à cette menace sous-régionale”. 

MAMADOU DIOP

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