‘’A Touba, c’est le réseau en eau qui pose problème‘’
Un conseil régional de développement (CRD) de préparation du grand Magal de Touba s’est tenu hier à Diourbel. À cet effet, le porte-parole du khalife général des mourides, Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre, a listé les attentes de la ville sainte.
Dans la dernière quinzaine du mois d’août, va se tenir le grand Magal de Touba. En prélude à cet évènement annuel, s’est tenu hier à Diourbel un conseil régional de développement (CRD). Il a servi de tribune au porte-parole du khalife général des mourides, Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké, pour évoquer les maux de la ville sainte, mais aussi de partager les résultats d’une étude faite sur le Magal par l’université Alioune Diop de Bambey.
Cette dernière, réalisée en 2011 ‘’par des intellectuels mourides, a montré que le Magal met en hausse l’économie du pays. Jusqu’à cette date, on pensait le contraire, c’est-à-dire qu’il y avait un énorme manque à gagner au plan économique pendant la période de tenue du Magal parce que, disait-on, les gens ne travaillent pas le temps de cette célébration religieuse. Le fait qu’Abdoulaye Wade a décrété cette journée fériée, cela a exacerbé les prévisions’’, a rappelé la voix de Touba. Mais que nenni.
D’après lui, les dernières études ont montré que Touba est la deuxième ville la plus peuplée du Sénégal et la plus grande commune. Même si beaucoup n’ont pas été recensés par les agents préposés à ce travail. Quand l’équipe de recensement est venue le voir, a-t-il rappelé, il leur avait dit que s’ils ne font pas ce travail correctement, les responsables de la ville sainte vont prendre leurs responsabilités pour le faire comme cela se doit. ‘’Une étude a été faite l’an dernier par l’université de Bambey et les résultats sont disponibles. Ils ont montré que les dépenses faites par les chefs de famille tournaient autour de 74 milliards F CFA. Les dépenses pour l’achat des moutons, bœufs, chameaux et poulets étaient de l’ordre de 33 milliards F CFA. Si on ajoute les autres dépenses concernant la réfection des maisons, entre autres, on se retrouve avec un important chiffre. Rien que l’argent envoyé par la diaspora est estimé à 3 milliards F CFA et ce au cours des trois jours du Magal. Donc, pour le budget total généré par le Magal, au bas mot, on est autour de 240 milliards F CFA. Avec ce montant cumulé sur deux à trois ans, on pourrait régler tous les manquements de la ville. La particularité de cette ville est que les habitants n’ont pas l’habitude de faire publiquement des demandes ou de parler de leurs problèmes. C’est Serigne Touba qui nous l’a interdit. Tout dirigeant de ce pays sera remercié pour tout effort fait pour rendre plus viable cette cité. Même s’il ne le fait pas, il sera remercié, nul ne lui jettera l’opprobre. C’est formellement interdit par le cheikh. C’est pour cela que nous remercions une fois encore les anciennes autorités de ce pays et celles qui en ont la destinée actuellement. Un bienfait n’est jamais petit et nous apprécions à leur juste valeur toutes actions menées ici’’, a indiqué le marabout.
Ce fait de ne pas toujours porter les doléances auprès de l’autorité explique peut-être le retard noté dans le développement de la ville sainte.
En effet, d’après Serigne Bass Abdou Khadre, il manque des routes à Touba et le réseau d’assainissement n’y est pas des meilleurs. ‘’Toutes les maisons qui sont aux alentours de la mosquée sont dans l’eau. Même la place où l’on doit tenir la cérémonie officielle, on est obligé de l’aménager d’une manière particulière afin qu’elle puisse accueillir le monde prévu, parce qu’il est dans une zone d’accès difficile quand il pleut. Régler ce problème relève de la responsabilité de l’État. C’est à lui de le faire. Il faut que les autorités étatiques voient comment régler définitivement la question de l’assainissement dans la ville. C’est vrai que c’est bon d’avoir de l’eau potable, mais avoir un bon réseau pour un bon système d’approvisionnement en eau est mieux. Vous savez qu’avoir 36 ou 37 forages devrait pouvoir régler cette question. Et ils sont à Touba. Presque toutes les capitales régionales ont en moyenne moins de 12 forages et elles n’ont pas de problème d’eau’’, a déploré le religieux.
Il a ajouté dans le même cadre qu’à ‘’Touba, c’est le réseau en eau qui pose problème. Beaucoup de forages ne marchent plus à cause des eaux de pluie. Dans toutes les maisons des fils du cheikh, il y a de l’eau de pluie. Elles sont toutes inondées avec des eaux qui y stagnent en permanence. Les eaux de pluie sont en train de détruire la ville. Il faut dire que toute personne qui y met ses moyens pour la bonne organisation du Magal ne va jamais le regretter. S’il y a la paix dans ce Sénégal, l’unité, c’est grâce au Magal. Une étude a montré que 56 % des pèlerins sont des Wolofs, 22 % des Sérères et 11 % des Hal Puular, 5 % des Peulhs, 3 % des Diolas et 1 % représente les autres ethnies. Cette même étude a montré que 15 % ne sont pas des mourides, 1 % ne sont pas musulmans. Ceci montre que l’unité de ce pays, c’est le Magal’’.
CHEIKH THIAM