La célébration de la fête de l’armée de l’air a été, hier, une occasion pour le chef d’État-major, de revenir sur les réalisations de cette entité de la ‘’Grande muette’’, mais aussi de présenter les perspectives avec la découverte du pétrole dans le pays.

"La coopération civilo-militaire : levier de développement". Tel était, hier, le thème de la célébration de la fête de l’armée de l’air. Venu présider cette rencontre, le chef d’État-major de l’armée de l’air a déclaré que cette fête offre chaque année l’occasion solennelle de communion et de partage autour des valeurs fondamentales de professionnalisme et de responsabilité, valeurs auxquelles tous les aviateurs restent indéfectiblement attachés.

Selon le général de brigade aérienne El Hadj Niang, au lendemain de son indépendance, le Sénégal s’est retrouvé au début d’un long processus de construction de l’unité nationale tout en donnant corps à ses aspirations légitimes de développement socioéconomique. Il s’agissait de mobiliser les forces vives de la jeune Nation sénégalaise, dans toute sa diversité, pour créer une synergie empreinte de solidarité républicaine et impulser une dynamique authentique de construction nationale, durable et inclusive.

Cet ambitieux projet, mobilisant l'énergie de toutes les composantes de la nation, a-t-il précisé, a su se matérialiser au sein des forces armées sénégalaises, sous le concept "Armée-Nation". L’expérience et l’expertise des armées, enrichies au fil des années par les anciens au parcours élogieux, ont contribué à bâtir l’architecture d’une défense nationale au service du développement, selon lui. D’où la pertinence même du concept Armée-Nation qui inspire le thème de cette édition.

En outre, il a rappelé que, consciente de l'importance de l'aviation militaire pour le développement, l'armée de l’air sénégalaise a intégré dès sa création, en plus de ses missions permanentes de défense, une variété de missions conjoncturelles visant à contribuer au service public et à soutenir le développement économique et social.

Ainsi, en mettant gratuitement en place des lignes aériennes pour desservir les régions périphériques du Sénégal, souvent difficiles d'accès, l'armée de l’air a significativement contribué au succès des programmes de désenclavement et de développement communautaire visant l'inclusion sociale et l'équité territoriale essentielles à la cohésion et à la stabilité d’une jeune nation. Poursuivant dans cette dynamique, elle met aujourd’hui à la disposition de toute la communauté de l’aviation civile sénégalaise ses connaissances et savoir-faire capitalisés depuis la période de l’Afrique occidentale française pour soutenir les ambitieux projets de faire du Sénégal un pays d’aviation, d’après lui.

Sous ce rapport, l'expertise développée dans la protection et la défense des points sensibles aéroportuaires sert désormais de viatique à la politique de sécurité et de sûreté des aéroports du Sénégal élaborée par des aviateurs compétents.

"De plus, l’armée de l’air est un formidable vecteur de formation. Elle offre à nos jeunes compatriotes l’opportunité d’acquérir des compétences de pointe, tant techniques que managériales. À ce titre, l’École de l'armée de l’air forme, depuis 2022, les pilotes et les techniciens en maintenance aéronautique de la compagnie nationale Air Sénégal, conformément aux instructions des plus hautes autorités politiques, soigneusement mises en œuvre à travers un partenariat tripartite avec l’aéroport international Blaise Diagne SA. L'excellence de ces relations de coopération a facilité la mise en place de cadres formels d'échanges visant à assurer une meilleure structuration et organisation de l'aviation sénégalaise. Parallèlement à cette posture, l’armée de l’air s’évertue à préserver les ressources vitales de la nation", a soutenu le général Niang.

Elle coopère depuis trois décennies avec le ministère de l'Agriculture

À ses yeux, l’armée de l’air reste un acteur clé dans la mise en œuvre de la politique de sécurité alimentaire de l'État du Sénégal.

En effet, dotée d’un large éventail de missions, elle coopère depuis près de trois décennies avec le ministère de l'Agriculture, réalisant de nombreuses missions d'épandage dans les zones menacées par les oiseaux granivores et le péril acridien.

Au total, a-t-il révélé, plus de 1 338 heures de vol, dont 90 heures de patrouille maritime et 51 heures d’évacuation sanitaire ont été effectuées au profit d’organismes gouvernementaux ou privés, au Sénégal comme à l’étranger.

"En effet, investie de la noble mission de défense de l’intégrité de l’espace aérien national, l’armée de l’air poursuit le renforcement de ses capacités opérationnelles à tous les échelons, avec agilité et responsabilité. Notre espace aérien est devenu plus sûr et mieux protégé. Des radars performants scrutent le ciel nuit et jour pour détecter et suivre tous les mouvements d’aéronefs dans l'espace aérien national. Ce dispositif crucial dans la prévention des intrusions et activités aériennes suspectes sera bientôt complété par l’acquisition d’avions de chasse à réaction capables d’agir sur tout le spectre de la défense aérienne", a-t-il promis.

Les capacités de projection et d’appui, selon lui, ont également connu une amélioration significative, avec l’acquisition d’hélicoptères de type Mi-17 en novembre 2023, qui viennent renforcer la flotte des hélicoptères de manœuvre. À cela s’ajoute l’apport opérationnel des avions de transport, notamment de la gamme des Casa, qui ont permis de désengager le contingent sénégalais à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). "Cette performance inédite dans l’histoire de notre institution est aussi l’œuvre d’une politique de maintien en condition opérationnelle efficiente et du soutien inconditionnel des unités de maintenance", a indiqué le général Niang.

Il a précisé que l’augmentation de la flotte et l’exécution des missions dans des environnements soumis à un taux de stress technico-opérationnel élevé pèsent sur les budgets de maintenance, qui ont du mal à suivre les coûts exponentiels du maintien en condition opérationnelle de plus en plus onéreux. L’armée de l’air devra alors faire preuve d’ingéniosité avec l’appui du commandement pour trouver des solutions alternatives afin de continuer à remplir son contrat opérationnel comme il sied, a-t-il avancé.

Sur un autre registre, il a laissé entendre que les efforts consentis par l’armée de l’air dans l’implémentation du concept des bases aériennes, ce dispositif cohérent de maillage du territoire national porteur d’une efficacité opérationnelle reconnue seront poursuivis et renforcés pour améliorer la fonctionnalité de ces plateformes aéroportuaires militaires.

De ce fait, l’armée de l’air sera en mesure d’assurer un soutien optimal aux forces de défense et de sécurité, mais aussi à la population, avec plus de flexibilité et moins de contraintes logistiques et opérationnelles.

"Au-delà de tous ces efforts d’amélioration constante de l’emploi de l’arme aérienne, l’homme restera au cœur de notre stratégie de montée en puissance et l’instrument premier dans la réussite de notre mission. Ainsi, l’armée de l’air est résolument inscrite dans une politique de gestion proactive et prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences afin de renforcer sa politique RH centrée autour du triptyque 'formation, fidélisation et autonomisation'. Aujourd’hui, la formation et la qualification des aviateurs, toutes catégories et spécialités confondues, sont effectuées dans de très bonnes conditions au niveau des bases aériennes et particulièrement à la base-école de Thiès qui abrite l’École de l’armée de l’air. Dans un monde marqué par un regain de la conflictualité, nourri par des crises aux causes complexes et conséquences dramatiques qui menacent la paix et la cohésion nationale, nous avons l’obligation, comme nous l’enseigne notre devise ‘Semper Expedite’, d’être toujours prêts", a argué le chef d’État-major de l’armée de l’air.

Par ailleurs, à l’aune de l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers, il a promis de travailler à renforcer les capacités de surveillance et d’intervention en milieu terrestre et maritime, afin de préserver davantage toutes les ressources de la nation, mais aussi d’assumer ses responsabilités régaliennes de porter assistance à tous vecteurs en détresse dans l’immense région d’information de vol de 8 millions de kilomètres carrés de superficie.

CHEIKH THIAM