La CSA et l’Unsas font le procès des entreprises
La Confédération des syndicats autonomes du Sénégal CSA et l'Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) d'une même voix, disent halte à la précarisation des emplois et à la violation des libertés syndicales.
La Confédération des syndicats autonomes du Sénégal CSA et l'Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) se sont prononcés, hier, sur la situation sociale qui prévaut au Sénégal. Selon les deux centrales syndicales, cette dernière est marquée par la dégradation des relations de travail dans plusieurs secteurs d'activités, notamment à la Sen Eau.
“Les travailleurs de la Sen Eau sont exposés à toutes sortes de violations de leurs droits. Des avantages acquis sont systématiquement remis en cause par la volonté d'un directeur général qui viole délibérément les libertés syndicales en dressant les syndicats les uns contre les autres et en tentant coûte que coûte à imposer le vote électronique pour l'organisation des élections des délégués du personnel qui n'est pas codifié dans notre corpus juridique”, a dénoncé le secrétaire général de la confédération des syndicats autonomes du Sénégal, Élimane Diouf.
Ensuite, il s’est appesanti sur les difficultés qui ne cessent de plomber la boîte en question. “Cette entreprise qui avait fait naître beaucoup d'espoir pour les travailleurs n'a fait que cumuler des pertes durant les trois années de gestion atteignant plus de 15 milliards de francs CFA. Elle a également bloqué la présence du représentant des travailleurs au conseil d'administration avec la complicité du ministre de l’Eau sortant”.
Entreprises hors la loi
À en croire M. Diouf, c'est la même “absence de volonté de dialogue’’ qui est notée du côté de “l'entreprise SEOH (délégataire de la gestion de l'eau en milieu rural, à Thiès et à Ross Bethio)”. Selon toujours lui, la même situation prévaut aux “Ciments du Sahel où la direction, en 24 ans d'exercice, a toujours refusé l'implantation d'un syndicat, licenciant systématiquement tous les travailleurs qui ont tenté de le faire. Aujourd'hui encore, dans cette entreprise, il n'y a même pas de délégués du personnel”.
Lors de son long monologue, le SG de la CSA n'a pas omis les subterfuges des entreprises pour mettre en place leurs contrats de travail. “Nous constatons de plus en plus une précarisation des emplois avec un usage abusif des contrats d'intérim ou de prestation. Dans le secteur du BTP (Henan Chine, CRBC, El masa Sénégal, etc…), il est courant de voir pour un chantier de deux ans, un travailleur qui signe 8 contrats de 3 mois en lieu et place d'un contrat de chantier, avec tout ce que cela comporte comme évasion sociale et fiscale”.
Pour corroborer ses dires, le syndicaliste évoque certaines dispositions juridiques. “Ceci constitue une violation flagrante des dispositions des articles L44 et L45 du code du travail qui disent clairement que ‘’le contrat à durée déterminée ne peut avoir pour objet de pourvoir durablement un emploi lié à l'activité normale et permanente de l'entreprise’’. Ainsi beaucoup de boîtes violent ces dispositions, notamment celles à haute intensité de main d'œuvre comme les entreprises des mines, des BTP, les cimenteries, les entreprises de télécommunication, ainsi que les banques etc.”.
Lors de ce point de presse, il a également été question des licenciements en vogue dans certains démembrements de l'État. “Nous assistons à un processus de démantèlement des acquis sociaux qui se manifeste quotidiennement en milieu de travail avec des ruptures abusives de contrats sous le prétexte de non renouvellement de CDD ; c'est le cas à la RTS, la TDS, la Lonase et au Port Autonome de Dakar. Dans ces lieux, il est imposé un style de management par la confrontation, en lieu et place du dialogue social”.
Pour conclure, M. Diouf a estimé que les indicateurs du dialogue social sont “marqués au rouge à tous les niveaux malgré les discours des nouvelles autorités sur les ruptures annoncées qui tardent à venir”. Toutefois, il ne manque pas de saluer le courage du ministre du Travail qui avait pris la décision “infirmant les autorisations de licenciement de 3 délégués du personnel de la BCAO”.
Cependant, il le convie à plus de “fermeté pour l'application de la mesure nonobstant le recours de la direction qui a préféré la résistance abusive au dialogue social”.
En outre, le CSA et l'Unsas interpellent les nouvelles autorités étatiques pour le “respect strict des dispositions légales”, car ils estiment que la “forfaiture à assez durée”. Afin de mieux accentuer les choses, une “marche nationale de protestation” a aussi été annoncée, pour les jours à venir.
MAMADOU DIOP