Découverte à Gaza des corps de six captifs du 7 octobre, la centrale syndicale décrète une «grève générale»
En Israël, les familles d'otages sont en colère après la découverte dimanche 1er septembre des corps de six des captifs du 7 octobre 2023. L'issue aurait pu être différente, affirment leurs proches, ce que confirme un cadre du Hamas. Les familles ainsi que la puissante centrale syndicale israélienne Histadrout appellent à une grève générale lundi 2 septembre. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu promet lui de « régler son compte » au mouvement islamique.
Izzat al-Rishq, un responsable du Hamas, rejette dimanche matin la responsabilité de la mort de ces six otages sur Israël, affirmant l’État hébreu n’était pas disposé à conclure un accord. Benyamin Netanyahu, lui, maintient que l’organisation islamiste a refusé l’accord de libération des otages proposés par Israël, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.
Le Hamas continue de refuser catégoriquement toute proposition, dit encore Benyamin Netanyahu. « Celui qui tue des otages ne veut pas d’un accord » pour un cessez-le-feu et la libération des otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens. « Nous vous poursuivrons, nous vous attraperons et nous réglerons votre compte », assure le chef du gouvernement israélien.
Les corps de six otages israéliens ont été découverts dans un tunnel du Hamas, lors d’une opération dans la nuit de samedi 31 août à dimanche 1er septembre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Les corps ont été identifiés pendant la nuit.
Parmi les victimes se trouve une jeune femme de 24 ans, Eden Yerushalmi, ainsi que le ressortissant israélo-américain Hersh Goldberg-Polin, 23 ans. Selon les informations fournies par le porte-parole de l’armée israélienne, ces otages auraient été tués par leurs ravisseurs peu avant d’être découverts, tout juste un ou deux jours avant, selon les pathologistes militaires. Et cela probablement alors que les forces israéliennes s’approchaient du tunnel où ils étaient détenus.
Certains devaient faire l’objet d’un échange, selon le Hamas
Selon le Hamas, « certains » des six otages dont les dépouilles ont été retrouvées « faisaient partie de la liste des otages à libérer que le Hamas avait approuvée ».
Des médias israéliens assurent que l’Israélo-américain Hersh Goldberg-Polin, et les deux Israéliennes Carmel Gat et Eden Yerushalmi, figuraient sur une liste d’otages à libérer au cours de la première phase d’un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, en négociation depuis plusieurs mois.
Colère en Israël et grève décrétée lundi
Les familles des otages sont en grande colère. « La découverte des corps samedi est donc une conséquence directe du sabotage des accords par Netanyahu, de son obstination à maintenir une présence israélienne sur l’axe de Philadelphie et la pression militaire », ont notamment déclaré les familles. « Ceux qui refusent tout accord avec le Hamas ont le sang de ces otages sur les mains », affirme le proche de l’une des victimes. « Benyamin Netanyahu a prouvé que pour lui la vie des otages est moins importante que le déploiement de l’armée israélienne sur la frontière entre l’Égypte et Gaza », termine-t-il. Des familles qui exigent des comptes de la part du Premier ministre et lui demandent de « s’adresser publiquement à la nation et assumer la responsabilité directe de l’abandon des otages ».
Le Forum des familles d’otages a appelé les Israéliens à manifester ce dimanche soir à Tel-Aviv pour réclamer « un blocage total du pays et l’application d’un accord de libération des otages ».
La puissante centrale syndicale israélienne, la Histadrout, a suivi cet appel, décrétant une « grève générale » pour lundi 2 septembre afin de forcer le gouvernement de Benjamin Netanyahu à parvenir à un accord pour la libération de la centaine d’otages toujours retenus à Gaza. « Nous devons faire cesser cet abandon des otages [...] Demain à 6h (3h TU), toute l’économie israélienne sera en grève générale », a lancé dimanche lors d’une conférence de presse le chef de la Histadrout, Arnon Bar-David. « À partir de demain, le pays va trembler. Nous appelons le public à se préparer », réclame ce groupe sur son compte X (anciennement Twitter).
Les proches des otages donc passent à la vitesse supérieure. Avec des manifestations de masse partout dans le pays et des barrages routiers.
Benyamin Netanyahu est accusé directement de la mort des six otages. « Leur sang est sur les mains du Premier ministre », lancent les proches des victimes. Deux éléments alimentent leur colère : au moins quatre des six otages devaient être libérés le 2 juillet dans le cadre d’un accord humanitaire qui a été torpillé et aussi le fait qu’ils aient été tués à bout portant il y a tout juste 72 heures.
La classe politique israélienne fulmine
La réunion du cabinet de sécurité de ce dimanche est très agitée. Le ministre israélien de la Défense Yoav Galant réclame un changement des priorités de la guerre. « Il est trop tard pour les otages abattus de sang-froid, mais il faut ramener les otages encore aux mains du Hamas », dit-il encore. Réplique immédiate du ministre d’extrême-droite Betsalel Smotrich : « Le cabinet ne permettra pas un accord de capitulation qui compromettrait la sécurité d’Israël. »
Le chef de l’opposition Yaïr Lapid s’est également joint à l’appel à la grève générale lundi. « Ils étaient vivants. Netanyahu et son gouvernement de la mort ont pris la décision de ne pas les sauver. Il y a encore des otages vivant et un accord peut être trouvé. Mais Netanyahu ne le fait pas pour des raisons politiques », déclare le chef de l’opposition.
[Benyamin Netanyahu] préfère sauver sa coalition avec Smotrich et Ben Gvir plutôt que de sauver la vie de nos enfants. Ce sont eux qui sont responsables de ces morts. J'appelle chaque citoyen dont le cœur a été brisé ce matin à venir se rassembler avec nous à 19h00. J'appelle les syndicats de travailleurs, les employeurs, les fonctionnaires à arrêter l'économie. Le pays est en train de s'effondrer, nous ne pouvons pas continuer comme ça.
Et aux États-Unis, Kamala Harris condamne la « perpétuelle brutalité » du Hamas
À la fois Joe Biden et sa vice-présidente et candidate du Parti démocrate Kamala Harris ont vivement réagi. Dans son communiqué, Kamala Harris rend hommage à Hersh Goldberg-Polin, le citoyen israélo-américain enlevé le 7 octobre. Le Hamas, écrit la vice-présidente, est une « organisation terroriste et cruelle qui a toujours plus de sang américain sur les mains ». « Je condamne de la manière la plus ferme, poursuit la vice-présidente américaine, sa perpétuelle brutalité, et le monde entier doit en faire de même. La menace que le Hamas représente pour le peuple d’Israël doit être éliminée. Le Hamas ne peut pas contrôler Gaza. ».
Joe Biden se dit lui « anéanti et outragé ». Les responsables du Hamas paieront pour leurs crimes, affirme le patron de la Maison-Blanche qui promet que son pays continue de travailler sans relâche pour parvenir à un accord afin de garantir la libération des otages restants.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s’est dit lui « horrifié ». « Ces jeunes hommes et femmes innocents auraient dû être mis en sécurité depuis longtemps et retrouver leurs proches. Nous sommes aux côtés de tous les otages », a déclaré Josep Borrell sur X. « Nous avons besoin d’un cessez-le-feu pour mettre fin à cette tragédie et ramener tous les otages chez eux », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est dit de son côté « profondément choqué ». « Le Hamas doit libérer tous les otages maintenant, et un accord de cessez-le-feu doit être conclu immédiatement par toutes les parties pour mettre fin à ces souffrances », a-t-il plaidé sur X.
Tinzaouatène: le Mali accuse l’Algérie de diffuser de «la propagande terroriste» et hausse le ton à l’ONU
Le ton monte à nouveau entre le Mali et l’Algérie. Lors d’une réunion vendredi 30 août du Conseil de sécurité de l’ONU à New York sur la fourniture des armes par les pays occidentaux à l’Ukraine, le représentant du Mali a fermement répondu au voisin algérien. Car Alger avait accusé un drone malien d’avoir tué une vingtaine de civils dans le nord du Mali.
RFI