Publié le 22 Oct 2024 - 13:38

Industrialiser chaque commune africaine par le triage et la valorisation des déchets solides. Pourquoi ? Comment ?

 

Pourquoi le triage et la valorisation des déchets solides sont une voie d’industrialisation de chaque commune africaine ?

              1.1. Contexte africain

Selon l’ONU, tel que montré dans le rapport d’information 104 du Sénat français du 29 octobre 2013, en 2050, l’Afrique sera plus peuplée que la Chine et l’Europe.Pour le PNUD, l'Afrique est la région du monde qui compte le plus de jeunes individus, avec un âge médian de 19,4 ans, contre 29,6 ans au niveau mondial et en 2100 sa population sera de 4,39 milliards habitants. Cette jeunesse, pour des pays, est exposée au chômage endémique et s’adonne depuis le début des années 2000 à une migration clandestine meurtrière par la mer.  Mais la jeune population africaine doit permettre à l’Afrique d’avoir un dividende industriel et trier et valoriser les déchets solides par commune en est une voie.

Les ressources gazières, minières et pétrolières s’épuisent mais les déchets solides triés pour valorisation FRANCHEMENT OU VRAIMENT NON. Les déchets solides existent dans chaque commune africaine. Les déchets solides ménagers triés et récupérés seulement peuvent s’exporter donc sont des matières premières exportables sans transformation. Même les déchets solides toxiques se valorisent après la neutralisation. Déjà, la gestion des déchets solides crée des emplois directs ou des occupations nobles avec le balayage des lieux publics : exemple des braves «femmes balayeuses» de la Brigade verte de Ouagadougou au Burkina Faso et des agents de la SONAGED au Sénégal. D’une manière informelle, des récupérateurs ou récupératrices dont malheureusement des mineurs dont des talibés, des recycleurs et autres métiers travaillent sur les déchets solides qu’ils ou quelles trient d’abord difficilement ou durement ou très difficilement ou très durement.

Avec le triage et la valorisation, en plus de ces emplois ci-dessus à formaliser (récupérateurs par exemple), plusieurs autres emplois directs et indirects se créent : voire en dessous 2.2. Valorisation des déchets solides. Par exemple, les poubelles intelligentes géolocalisées de l’image 1 sont produites au Rwanda ce qui montre une création d’emplois indirects.

Trier et valoriser les déchets solides c’est éliminer à terme les dépôts sauvages, les décharges sauvages à récupérer pour une réutilisation écologiquement rationnelle de ces milieux. En effet les dépôts sauvages, les décharges sauvages polluent le sol, les ressources d’eaux douces souterraines comme de surface, les océans, les plages, l’environnement globalement et un homme sain dans un environnement sain.

Pour la propreté des pays, les gouvernants (exemples au Rwanda avec l’«Umuganda», au Sénégal avec le «Sétal Sunu Réew» ou Rendre propre Notre Pays, …) choisissent un jour par mois dédié à l’hygiène publique, à la salubrité publique, à l’assainissement ou si on veut au WASH. De telles belles initiatives sont à pérenniser car même avec le triage et la valorisation des déchets solides il faudra sensibiliser, encore sensibiliser toujours sensibiliser en montrant le bon exemple. Durant ces journées, ce sont les autorités administratives comme locales qui montent au créneau, au front.

Il est très important de rappeler qu’au Sénégal avant les gouvernants, entre les années 80-90, est né un mouvement communautaire du Set Setal (Propre Rendre Propre). Les populations des quartiers dans des cadres formalisés (comme les associations sportives et culturelles ou ASC, les groupements féminins ou GPF, les comités d’hygiène, les comités de salubrité, les comités de propreté, ….) ou non organisaient des investissements humains, des activités d’assainissement de leur milieu dénommées Set Setal. Suivant leurs missions, des structures déconcentrées et décentralisées de l’Etat (comme le Service national de l’Hygiène ou SNH, corps paramilitaire depuis le 4 mars 1981), la municipalité et autres structures appuyaient, encadraient ces actions de patriotisme émanant de la base (du down-up).

          A partir de 2020, toujours au Sénégal, nous avons, de la part des gouvernants donc en up-down, des initiatives progressives de propreté publique avec le « Cleaning Day » puis le «Bésup Sétal» signifiant Jour de Propreté. Maintenant, depuis 2024, nous avons le « Sétal Sunu Réew» ou Rendre propre Notre Pays. Pour les lieux grands producteurs de déchets comme les marchés, dans le cadre du «Sétal Sunu Réew»,  nous proposons la prise d’arrêtés (national, régional, départemental ou local) de fermeture de quelques heures pour que durant ces journées, quelques heures soient consacrées aux activités de propreté publique pour le bien des établissements recevant du public comme les marchés, des vendeurs et acheteurs de ces lieux et autres acteurs. Le nombre d’heures nécessaires de fermeture pourrait être fixé d’une manière participative avec les acteurs ou leurs représentants. Les marchés, les gares routières, les plages, les berges, les quais ou embarquements ou débarquements de pêche, les intérieurs et alentours de stades et autres lieux publics, les canaux d’assainissement à ciel ouvert, font partie des vitrines touristiques de tout pays. Nous proposons aussi que les organisations qui font des Set Sétal en dehors de la journée du «Sétal Sunu Réew» soient progressivement identifiées, recensées et accompagnées.

           1.2. Cas de la France : du 07 mars 1884 à nos jours

Historiquement et depuis plus de 140 ans, la France est dans le triage des déchets. En effet depuis le 07 mars 1884, le département de la Seine (Paris et sa banlieue) en France disposait d’un arrêté signé par le Préfet Eugène-René Poubelle qui instaurait l’usage de boîtes à ordures. Cet outil, devenu patrimoine mondial de l’humanité par effet boule de neige, est nommé « poubelle » du nom du Préfet Monsieur Eugène-René Poubelle. Le Préfet Eugène-René Poubelle n’est pas seulement le père de la poubelle, il est aussi un précurseur du triage des déchets solides ménagers parce que prévu dans l’arrêté du 07 mars 1884.

Donc depuis plus de 140 ans, la France fait le triage de ses déchets solides ménagers et autres. Plusieurs autres textes juridiques ont été pris en France comme la loi n° 2020-105 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi « AGEC ») promulguée le 10 février 2020.Son application sur le triage et la valorisation des biodéchets a démarré le 1er janvier 2024 sous la responsabilité des municipalités. Des municipalités distribuent des composteurs pour faciliter l’application de la loi « AGEC ».

1.3. Autres exemples de gains économiques sur le triage et la valorisation des déchets solides

«-Depuis 2019, la communauté de communes de l’Île d’Oléron (CCIO) a distribué 15 000 composteurs individuels gratuits et 50 à 60 composteurs partagés pour les particuliers ne disposant pas d’assez d’espace. Les économies sur la collecte et le traitement représentent l’équivalent de l’investissement en composteurs (120 000 €) ;

-La Belgique (Flandre) et l’Autriche, considérées comme pionnières dans le domaine du réemploi, ont mis en place des réseaux denses de réemploi/seconde main. En Flandre, ces réseaux sont présents au travers de centres municipaux (ou communs à plusieurs municipalités voisines) avec des objectifs de volume par habitant. Les biens sont déposés par les habitants dans ces centres ou collectés dans les déchèteries (une benne pour les biens hors d’usage et une benne pour les biens réparables/réutilisables) afin d’être revendus ;

-En Autriche, le réseau « repanet » regroupe 35 organisations, principalement des entreprises de l’économie sociale actives. Il emploie 1 800 personnes dans 140 lieux (principalement pour le textile et les équipements électroniques).» (Cour des comptes, mars 2023, France).                                      -« Le terme « ressourcerie » est une marque déposée en France par le Réseau français des ressourceries. »

Avec le compostage, de nouveaux métiers se sont développés en France comme « Guide composteur », « maitres-composteurs », ...Qui dit nouveaux métiers dit nouveaux emplois. Suivant des écrits, en France, les déchets organiques représentent le tiers (1/3) des déchets solides à collecter. Trier et faire une valorisation de proximité, c’est réduire conséquemment le coût financier de cette collecte.

2.Comment le triage et la valorisation des déchets solides sont une voie d’industrialisation de chaque commune africaine?

            2.1. Triage à la précollecte et collecte

Pour trier et valoriser les déchets solides, tout producteur de déchets solides (ménages, structures administratives, entreprises, magasins de vente, garage, marchés, …) doit les trier à la source par exemple en déchets organiques et déchets non organiques. Donc tout producteur de déchets solides précédemment cité devra avoir au moins deux (2) récipients distincts de précollecte des déchets solides (par exemple, un récipient pour les déchets solides organiques et un récipient pour ceux non organiques).

L’arrêté fondateur ou précurseur du conditionnement correct des déchets solides du 07 mars 1884 du Préfet Eugène-René Poubelle n’avait pas prévu d’avoir une seule poubelle réglementaire par lieu producteur mais autant de poubelles distinctives nécessaires pour séparer réglementairement les déchets solides à séparer. Donc pour trier et valoriser les déchets solides, la vision doit être un lieu de production de déchets solides (ménages, lieux de travail ou de loisirs, …) plus d’une poubelle réglementaire de triage. Pour la collecte des déchets solides par les camions, ce sera séparatif aussi pour respecter le triage au niveau des lieux de productions. Si un seul camion est utilisé, ce dernier devra séparer, compartimenter par exemple les déchets solides organiques de ceux non organiques.

Donc la logistique de collecte devra être adaptée ou s’adapter au triage des déchets solides. Les braves agents des camions de collecte d’ordures ménagères de la SONAGED au Sénégal, par exemple, essaient, naturellement, de trier comme ils peuvent les déchets solides qu’ils transportent.

        2.2. Valorisation des déchets solides

Les procédés de valorisation des déchets solides ne devront polluer ni l’air ni le sol ni l’eau donc devront être respectueux de l’environnement secoué par des changements climatiques. L’usine de valorisation des déchets solides par commune pourra avoir plusieurs unités écologiquement rationnelles regroupées ou non dont : une unité de triage secondaire voire tertiaire, une unité pour déchets pneumatiques, une unité pour la ferraille, une unité pour déchets électriques et électroniques, une unité de déchèteries, une unité d'incinérateur(s),une unité de compostage, une unité de biométhanisation, une unité de ressourceries, une unité de montage ou de réparation, une unité de recycleries, une unité de végéteries, une unité de logistique de camions pour la collecte de gravats et autres déchets solides, un centre de formation, une unité de  laboratoire pour le contrôle du milieu et produits à contrôler, un service marketing-vente et service après-vente. Ces unités et centres seront rentabilisés, entre autres, par   des contributions financières de l’Etat, de la RSE, des municipalités et des particuliers bénéficiaires ; par la revente des objets récupérés voire de produits finis. Via leurs différentes unités, ces usines de triage et valorisation des déchets solides travailleront par commune ou en intercommunalité avec d’autres structures compétentes. Pour éviter un éternel renouvellement d’équipements, l’unité de montage ou de réparation rendra à nouveau opérationnels des poubelles collectives et autres équipements. La réparation fait partie de la valorisation, de la réduction des déchets. Les incinérateurs incinéreront, à des températures ne produisant pas des gaz toxiques, les déchets irrécupérables, les déchets biomédicaux, les drogues et les produits alimentaires impropres à la consommation apportés par les services techniques compétents, ... Les déchèteries collecteront les déchets solides qui ne sont pas considérés comme des ordures ménagères. L’unité de la ferraille pourrait recevoir les déchets de véhicules qui des fois occasionnent des accidents, des décès d’enfants.               

Les ressourceries vendent des objets visiblement propres et destinés au réemploi, à la réutilisation voire au recyclage par le nouveau propriétaire. En France des objets des JO 2024 ont été remis à des ressourceries. La végéterie recevra des produits végétaux destinés au compostage, à la biométhanisation (énergie renouvelable) voire de la paille salubre destinée à l’alimentation animale. Le digestat venant de la biométhanisation ira à l’unité de compostage. Le centre de formation formera en formation initiale ou continue les employés de la société mais aussi les personnes intéressées par l’obtention d’attestations, de diplômes, de spécialisations en triage et valorisation des déchets solides. Les déchets pneumatiques seront vendus ou distribués au niveau national ou exportés à l’étranger et seront réutilisés de manière à ne pas occasionner des moustiques, seront réutilisés dans l’assainissement car des populations cherchent souvent et ardemment des pneus pour les fosses de leur latrine. La fin de la défécation à l’air libre est un objectif du développement durable à atteindre d’ici 2030.

A côté des cours d’eau pollués ou non, il peut y avoir des végéteries pour recevoir les végétaux issus de ces eaux eutrophisées ou de leurs abords. L’eutrophisation d’un cours d’eau se corrige en combattant la pollution chimique que sont victimes les cours d’eau douce. En France, le fleuve de la Seine (long de plus de 770 km) a été utilisé pour des compétitions de natation durant les JO 2024.Ceci a été facilité, entre autres, par une lutte contre la pollution émanant aussi des déchets non triés et valorisés.

Chacune de ces unités créera des emplois par commune. Ainsi à l’échelle d’un pays et avec ces unités, des milliers d’emplois seront créés par pays grâce au triage et à la valorisation des déchets solides.

Par benchmarking, il sera nécessaire d’avoir un cadre juridique relatif au triage et à la valorisation des déchets solides. Pour instaurer un triage des déchets solides, le Préfet Eugène-René Poubelle a pris un arrêté le 07 mars 1884 et pour séparer les biodéchets des autres déchets la loi « AGEC » de la France a été promulguée le 10 février 2020.Son application sur le triage et la valorisation des biodéchets a démarré le 1er janvier 2024.Enfin toujours par benchmarking, faire des visites techniques dans les pays ou communes faisant le tri et la valorisation de leur déchets solides ménagers. En Afrique, par exemple, le Rwanda et le Gabon font le tri et la valorisation des déchets solides ménagers.

Ou une société nationale s’occupera seule de la filière tri et valorisation des déchets solides ou cette dernière fera des contrats appropriés avec des entreprises privées locales. Les usines de tri et valorisation des déchets seront aussi des structures d’approvisionnement en matières premières ou produits finis de d’autres usines, de d’autres recycleries et autres entreprises. Ainsi le triage et la valorisation des déchets solides participeront à l’essor des entreprises privées, de l’artisanat, de l’ingénierie locale. « Zéro déchet » signifie trier et valoriser cycliquement ou systématiquement tous les déchets en y intégrant le «ONE HEALTH ». 

Pour le Sénégal, cette présente contribution est aussi une proposition dans le cadre de la « Vision « Sénégal 2050 » » qui a besoin d’une appropriation nationale.

Vivement pour des élections législatives 2024 apaisées au Sénégal ! Toute élection doit être une fête démocratique car ce sont les électeurs et électrices  souverains qui expriment librement leur intime souveraineté. Ce qui garantit une industrialisation de chaque commune africaine.

Assane SECK (Seckane)

Retraité seckassane66@gmail.com 

Technicien supérieur en Génie sanitaire,

Ingénieur Technologue en Génie sanitaire)

Master Professionnel en Environnement (Option Chimie de l’Environnement)

Master 2 en BioToxicologie.

 

 

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