Dans la tête de Macron
Ces prochaines lignes que vous allez lire sont de la pure fiction. Le Président de la République française Emmanuel Macron nous a habitués, lorsqu’il s’agit de l’Afrique, à des discours maladroits ou vides. Malheureusement, ni un forum avec des jeunes africains, ni un conseil présidentiel pour l’Afrique n’auront suffi pour corriger cette erreur logique ou incohérence, pour reprendre l’immense Edgar Morin dans son livre sur la complexité.
Monsieur le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhare Faye
Monsieur le Premier ministre Ousmane Sonko, Président du Parti Pastef
Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement
Mesdames, Messieurs les parlementaires
Mesdames, Messieurs de l’Armée
Mesdames, Messieurs à vos rangs et qualités
Cher peuple ami du Sénégal
01 Décembre 1944 à Thiaroye s’élève un mur de tristesse. Une funeste fin pour des soldats qui réclamaient à juste titre leur dignité, conquise au tribut de bravoure et de sang.
Des tirailleurs ensevelis non par le drapeau de la liberté mais par celui de la trahison. Ils sont tombés, criblés par les balles de la patrie dont ils ont défendu l’indépendance et l’honneur jusqu’au bout du bout.
Oui, les faits sont têtus parce que la France libérée de l’étau nazi, c’est un sursaut insufflé par le général De Gaulle mais c’est autant le sacrifice des tirailleurs au front.
Monsieur le Président de la République, cher peuple ami du Sénégal, je me tiens aujourd’hui devant vous empli d’une grande émotion, mais surtout de reconnaissance assumée. Ici, l’exercice ne consiste pas à remonter le temps, ni à justifier ces crimes odieux commis contre ces vaillants tirailleurs.
Je veux présenter mes excuses, celles de la République française, pour cette lâcheté contre des alliés de la France.
Parce que c’est la vérité : la France, pays de liberté, s’est façonnée aussi par des hommes venus d’ailleurs donc d’ici, qui ont partagé leur liesse pour le triomphe des droits de l’homme.
Alors, pourquoi devons-nous continuer à amputer l’histoire de sa substance ?
Il est temps de rendre justice à l’histoire, celle-là dure mais exacte, la France doit reconnaître sa culpabilité. C’en est fini des temps des leçons, du paternalisme ou de la condescendance.
Monsieur le Président de la République, cher peuple ami du Sénégal, il n’existe pas d’ascenseur pour le passé.
Ce douloureux épisode, qui va demeurer un stigmate dans l’esprit de la libération, ne peut jamais s’oublier. La France se tient à vos côtés pour entretenir la flamme du souvenir, celle qui permet d’accéder au pardon.
Oui, nous avons besoin de pardon, pas pour expier nos fautes mais pour irriguer le temps long de la reconnaissance.
Cher peuple ami du Sénégal, Thiaroye 44 est une page macabre entre nos deux nations. Nous allons ensemble l’élucider et l’assimiler, nous le devons à la mémoire des illustres disparus, nous le devons à l’histoire, mais nous le devons à cette jeune génération.
Je puis vous assurer que toutes les responsabilités seront situées, je m’y engage solennellement.
Monsieur le Président de la République, l’humanité vit des moments complexes appelant à la mobilisation de toutes les énergies. Thiaroye 44 nous enseigne le courage et la proactivité, lorsque des crises surviennent.
Cher peuple ami du Sénégal, permettez-moi aussi de vous tenir un langage de vérité, c’est peut-être mon défaut. Parce que nous devons aborder l’avenir avec sérénité. Ce jour est un rappel de la capacité de l’humain à commettre l’atrocité. Hélas, ces meurtrissures ne cessent de meubler notre quotidien partout dans le monde, en Europe, au Moyen-Orient, dans le Sahel.
Le Sénégal nous rend fiers, votre pays renforce notre foi en la démocratie, donc au pouvoir souverain du peuple, lorsque d’autres pays ont fait le choix de l’aventure ou du tâtonnement.
Monsieur le Président de la République, cher peuple ami du Sénégal, j’ai constamment dédié mon engagement politique à la lutte pour le respect des droits de l’homme, la liberté, la paix dans le monde. Ma présence à ce banquet du souvenir est l’occasion pour moi et la France de joindre leurs voix à ce concert d’hommages qui honore des martyrs déçus, humiliés mais dignes.
Vive le Sénégal
Vive l’amitié franco-sénégalaise
PS : Partagez si vous aimez, on verra si le Président Macron va encore être prévisible dans son discours ou nous sortir enfin un discours authentique, moins poétisé et qui ne cherche ni à donner des leçons ni à forcer la sympathie.
Thierno Souleymane Diop Niang