35 762 migrants sont arrivés en Europe
Depuis le début de l'année, malgré les contrôles stricts et l'agitation de la mer, 36 762 migrants sont parvenus à rejoindre l'Europe.
Selon les données recueillies par le Data Hub du Bureau Régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, entre janvier et début novembre 2024, le nombre d'arrivées en Europe provenant de la route atlantique de l’Afrique de l’Ouest s'élève à 35 762, soit une augmentation de 12 % par rapport à la même période en 2023. L'annonce a été faite hier par la Cheffe de Mission de l’OIM Sénégal, avec des fonctions de coordination pour le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone. Aissata Kane, qui participait hier à la célébration de la Journée internationale des migrants, a confié que plusieurs raisons poussent les individus à migrer, ce qui rappelle la diversité et la richesse des histoires personnelles qui composent ce phénomène complexe.
Par conséquent, souligne-t-elle, la protection de chaque migrant à chaque étape de son parcours ne peut ignorer les multiples enjeux transversaux qui le caractérisent. ‘’Le changement climatique, défi croissant, exacerbe de plus en plus les flux migratoires. Les événements climatiques extrêmes contraignent des millions de personnes à se déplacer hors de leur habitat d’origine. Dans cette optique, il est essentiel, selon elle, d’adopter une approche intégrée du développement durable’’.
En effet, les migrants jouent un rôle clé dans le développement économique, social et culturel des communautés d'accueil et de leurs pays d'origine. Selon la Cheffe de Mission de l’OIM Sénégal, leur contribution mérite d’être reconnue et soutenue par des politiques publiques qui facilitent leur inclusion dans les processus de développement comme moteur de croissance sociétale. À cet égard, la promotion de voies de migration régulières est impérative, garantissant la sécurité des migrants et une gestion ordonnée des flux.
‘’Entre janvier et début novembre 2024, 957 migrants ayant emprunté la route des îles Canaries ont disparu’’
"Cette année nous invite à réfléchir à la migration sous toutes ses formes, aux défis qui y sont liés et aux orientations pour des solutions durables et inclusives. Il n’est pas acceptable qu’en 2024 nous documentions encore des tragédies liées à la migration irrégulière. Trop de familles impactées nous disent stop ! Entre janvier et début novembre 2024, un total de 957 migrants ayant emprunté la route des îles Canaries ont disparu, soit une augmentation de 72 % par rapport à la même période en 2023. Les familles nous interpellent pour rechercher ou soutenir leurs enfants embarqués dans des trajets migratoires dangereux, qui, malheureusement, ne se terminent pas toujours bien. À cet égard, l’OIM s'engage, à travers sa stratégie 2025-2028, à garantir la protection et le soutien des migrants à « chaque étape » de leur parcours migratoire," a-t-elle confié.
En adoptant une approche globale, selon elle, l’OIM met l’accent sur trois grands objectifs : sauver des vies et protéger les personnes en déplacement, promouvoir des solutions aux situations de déplacement et faciliter les voies de migration régulières.
À travers l’assistance à la réintégration, d'après elle, l’OIM soutient les migrants à chaque étape de leur retour dans leur pays d’origine, en prenant en compte les aspects économiques, sociaux et psychosociaux liés à cette réintégration, tout en respectant et protégeant leurs droits.
"Entre janvier 2017 et juin 2024, renseigne Aissata Kane, un total de 217 731 migrants ont bénéficié d’une assistance à la réintégration le long des principales routes migratoires en Afrique de l’Ouest et du Centre, dont 23 281 migrants uniquement entre janvier et juin de cette année (environ 82 % d'hommes et 18 % de femmes). Tous ces efforts nécessitent la collaboration indispensable avec la communauté internationale, les institutions étatiques et de la société civile, les membres de la diaspora et des communautés d’origine et de destination pour tirer parti des effets positifs de la migration et promouvoir des voies régulières, afin que cela devienne un catalyseur de changement et de développement durable tant pour les migrants que pour les sociétés’’.
Elle ajoute : ‘’Dans le cadre du travail de l’OIM, l’approche genre demeure une priorité fondamentale. Les femmes migrantes, souvent les plus vulnérables, doivent bénéficier d'une protection spécifique. L’OIM s’engage à soutenir l’autonomisation des femmes migrantes en leur fournissant des outils pour leur sécurité, leur éducation et leur inclusion dans les communautés d'accueil, tout en luttant contre les discriminations, les inégalités, la traite des êtres humains et toutes sortes d'exploitation".
De son côté, Aminata Maiga, la Coordinatrice Résidente du Système des Nations Unies au Sénégal, a rappelé qu'en ce qui concerne la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, en 2020, les dernières données mises à jour du Département des Affaires Économiques et Sociales des Nations Unies (UNDESA) ont montré qu’il y avait environ 9,8 millions de migrants vivant dans la région. 83 % des immigrants vivant en Afrique de l'Ouest et du Centre viennent d'un autre pays de la région, ce qui souligne, d'après elle, la forte mobilité intrarégionale.
"Si nous célébrons en cette journée les opportunités que la migration sûre et ordonnée peut offrir, nous ne pouvons cependant pas occulter les dangers, les souffrances et les drames que la migration irrégulière et les trafics de personnes peuvent occasionner. Entre janvier et décembre 2023, 39 910 migrants ont atteint irrégulièrement les îles Canaries après avoir traversé en bateau depuis les côtes de l'Afrique de l'Ouest, ce qui représente une augmentation de 155 % par rapport à 2022, où 15 682 migrants étaient arrivés. Selon les données de nationalité disponibles, 39 % de toutes les arrivées irrégulières en Europe en 2023 provenaient de ressortissants d'Afrique de l'Ouest et Centrale, contre seulement 17 % en 2022. Entre 2017 et 2023, un total de 30 999 Sénégalais ont rejoint l'Europe de manière irrégulière, privilégiant l'Espagne comme destination. Ce phénomène témoigne non seulement de l'augmentation des tentatives irrégulières de migration, mais aussi de la persistance des défis socio-économiques et sécuritaires dans les pays d'origine des migrants," a-t-elle soutenu.
Avant de poursuivre : "Pourtant, des solutions existent pour contrer les défis qu’une migration irrégulière peut engendrer : que ce soit par la sensibilisation porteuse d’espoir, la simplification des procédures administratives pour les visas, la migration circulaire, des formations professionnelles adaptées, pour un entrepreneuriat bien accompagné, l’engagement et un accueil inclusif dans les communautés..."
CHEIKH THIAM