La main tendue de l'État aux acteurs financiers

Le Programme National d'Accès au Logement et de Rénovation Urbaine (PNALRU) a été lancé ce mardi par le Fonds de l'Habitat Social, sous la supervision du ministre de l'Urbanisme. À travers cette initiative, le gouvernement du Sénégal souhaite mobiliser activement le secteur financier afin de faciliter l'accès au logement et d’encourager le développement du crédit habitat.
Une rencontre a été organisée, hier, pour établir un cadre de concertation entre le Ministère de l’Urbanisme, des Collectivités Territoriales et de l’Aménagement des Territoires (MUCTAT), les banques commerciales, les fonds d’investissement, ainsi que les institutions financières nationales et régionales. Voilà en quoi se résume le PNALRU. C'est une plateforme d’échanges stratégiques sur les opportunités de financement pour les promoteurs et les acquéreurs.
“La réussite de ce programme aura un impact positif sur le plan national. Rappelons que le loyer représente pas moins de 54 % du revenu de nos concitoyens. Sur le long terme, l'objectif est de réduire ce pourcentage de 20 points”, a commenté d'entrée le ministre de l'Urbanisme, Moussa Balla Fofana.
Il poursuit en donnant les clés pour atteindre cet objectif : “Pour arriver à ce résultat, il est important de structurer de manière très claire ce projet transversal qui concerne plusieurs ministères. Aujourd'hui, avec notre déficit de 500 000 logements, ce programme demeure un excellent déclencheur pour la résorption de ce gap non négligeable.”
Toutefois, concernant la question du logement, M. Fofana a annoncé que d'autres programmes similaires allaient suivre. “Le présent programme est très important dans la mesure où il sert de phase pilote. Douze projets seront lancés courant 2025, et le moment venu, les Sénégalais pourront apprécier ce qui leur sera présenté. En outre, dans notre approche, chaque citoyen sera pris en compte. Que ce soit celui qui évolue dans le secteur informel ou un haut fonctionnaire de l'État, une large gamme de choix sera proposée, sans oublier nos compatriotes de la diaspora.”
Eviter les erreurs du passé
Prenant la parole, l'administrateur général du Fonds de l'Habitat Social, Ibrahima Diop, a insisté sur l'importance de l'implication de toutes les parties prenantes. “Il faudra veiller à l'implication de tous pour prendre en compte leurs préoccupations et recommandations. Cette rencontre est une opportunité pour l'État et les partenaires financiers afin de décliner une nouvelle approche favorisant l'accès au logement pour les citoyens à revenu modeste.”
Dans sa communication, M. Diop a indiqué qu'un diagnostic approfondi des programmes précédents a été réalisé pour éviter les mêmes erreurs du passé. “Même si le Programme des 100 000 logements a fait ses preuves, il comporte un certain nombre de limites. Par exemple, des obstacles ont été relevés concernant la mobilisation foncière et le choix des promoteurs immobiliers, sans oublier la viabilité économique.” Il ajoute, “Pour ce programme, l’argent demeure le nerf de la guerre. C'est donc le moment de réitérer cet appel aux partenaires financiers et aux banques, sans qui il serait difficile, voire impossible, de poser la moindre brique.”
“L'habitat est-il adéquat pour les Sénégalais ?”, s'interroge le directeur général de la Construction et de l'Habitat, Moussa Tine. “Si l'on considère la question environnementale, l'architecture et le coût, on démontre facilement le caractère inadéquat du secteur de l'habitat.”
À l'instar de ses prédécesseurs, M. Tine préconise la mobilisation de tous les acteurs et une industrialisation forte pour réduire les importations de matériaux nécessaires à la construction. Pour lui, c'est un moyen efficace de jouer sur le prix du produit final, à savoir le logement.