Appel de la Raddho

Alors que le nombre de personnes déplacées dans le monde atteint un niveau historique, la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho) tire la sonnette d’alarme sur les difficultés que rencontrent les réfugiés au Sénégal. À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, l’organisation appelle l’État sénégalais à renforcer la protection, l’intégration et les droits de ces personnes en situation de vulnérabilité.
Selon les chiffres évoqués par la Raddho, ‘’123,2 millions de personnes avaient été forcées de fuir leur foyer dans le monde, en raison de persécutions, de conflits, de violences, de violations des Droits de l'homme ou d'événements troublant l'ordre public’’. Le Sénégal, pays d’accueil, abrite actuellement plus de 20 000 réfugiés installés sur l’ensemble du territoire : de Dakar à Podor, en passant par Thiès, Bakel, Saint-Louis et Dagana. Le pays a pourtant ratifié plusieurs instruments internationaux tels que la Convention de Genève de 1951 ou encore la Convention de l’OUA de 1969, et adopté, en 2022, une nouvelle loi portant statut des réfugiés et des apatrides.
Toutefois, la Raddho déplore de nombreux lenteurs et obstacles dans la mise en œuvre de ces engagements. ‘’Le requérant d’asile peut attendre jusqu’à trois ans sans statut, ce qui aggrave sa situation de vulnérabilité et le poids psychologique’’, souligne l’organisation, qui pointe les retards enregistrés par la Commission nationale de gestion des réfugiés et des apatrides (CNGRA), pourtant rattachée à la présidence de la République.
...Obtenir le statut de réfugié ne marque pas la fin du calvaire. Selon la Raddho, ‘’de nouveaux défis se posent, comme les lenteurs dans l’obtention des cartes d’identité de réfugié et du titre de voyage’’. Ces documents sont pourtant essentiels à l'exercice de droits fondamentaux : emploi, mobilité, ouverture d’un compte bancaire. Or, ‘’certaines structures publiques et privées ne reconnaissent toujours pas les pièces d’identité délivrées aux réfugiés’’, déplore encore l’organisation. Face à ces constats, la Raddho formule une série de recommandations adressées aux autorités sénégalaises. Elle appelle notamment à ‘’accorder encore plus d’attention à la situation des réfugiés et demandeurs d’asile vivant sur son sol’’ et à ‘’réduire la durée du traitement des demandes d’asile à une période comprise entre trois et six mois, comme c’est le cas au Togo ou en Afrique du Sud’’.
L’organisation plaide également pour la création de ‘’centres d’accueil pour les demandeurs d’asile vulnérables, tels que les femmes, les enfants non accompagnés et les personnes handicapées’’, ainsi que pour ‘’la délivrance rapide des titres de voyage et cartes d’identité aux réfugiés reconnus’’. Enfin, la Raddho exhorte l’État à adopter une loi d’application de la CNGRA, ‘’promouvoir une approche durable d’intégration locale, de retour volontaire ou de réinstallation’’ et à ‘’ratifier la Convention de Kampala et le protocole relatif au droit à la nationalité en Afrique’’. Dans un contexte mondial où les flux migratoires ne cessent de croître, l’organisation rappelle que la solidarité envers les réfugiés est non seulement un devoir moral, mais aussi un engagement juridique que le Sénégal doit honorer avec plus de diligence et d’humanité.