Publié le 18 Jul 2025 - 20:35
RENÉGOCIATION CONTRAT ACWA POWER

Un coup diplomatique et économique

 

Par la signature, hier, du contrat renégocié avec l’entreprise saoudienne Acwa power, le président de la République Bassirou Diomaye Faye réussit un véritable coup diplomatique, en présence notamment des ministres en charge de l’Économie, des Finances, mais aussi du directeur général de la Sones. 

 

C’est l’épilogue dans la longue et délicate négociation entre la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) et l’entreprise saoudienne Acwa power. Des négociations qui ont eu lieu sous la supervision des plus hautes autorités des deux pays. La cérémonie de signature du contrat renégocié a eu lieu sous la présidence du président de la République Bassirou Diomaye Faye, du ministre en charge des Finances et de son homologue en charge de l’Économie, mais aussi du directeur général de la Sones qui est le bras armé technique de l’État dans le cadre de ce partenariat. 

A cette occasion, le président de la République a survolé le long processus qui a mené à ce résultat et dont l’une des étapes décisives a été la rencontre avec le Prince héritier Mohammed Ben Salmane. “Je tiens à remercier particulièrement le Prince héritier Mohammed Ben Salmane pour son engagement aux côtés d’Acwa power et de toutes les sociétés saoudiennes. Quand je me suis rendu au forum sur l’investissement à Ryad sur son invitation, il m’a accordé une audience et cela était l’occasion de discuter des perspectives de ce contrat…” 

L’implication définitive des plus hautes autorités saoudiennes 

Pour le Président Faye, si le contrat initial a pu être remis en cause, c’est parce qu’il y avait des aspects qui n’étaient pas en conformité avec la loi sénégalaise. Il a cependant tenu à préciser qu’il n’avait rien à reprocher à la partie saoudienne. “Je l’avais fait savoir aux responsables d’Acwa power, dès notre première audience. C’est des manquements de notre côté, que nous cherchions à corriger. Et cela s’est passé avec votre accord”, a-t-il lancé face aux autorités saoudiennes présentes à la cérémonie. 

L’objectif, selon lui, était de bâtir un partenariat mutuellement gagnant pour les deux pays. “Ce partenariat doit ouvrir des perspectives heureuses en termes de diversification et de renforcement de nos relations d’amitié et de coopération. Je suis sûr que d’autres signatures interviendront dans d’autres secteurs. Je suis aussi convaincu que l’Arabie Saoudite sera bien à l’aise pour faire du Sénégal son centre de déploiement pour aller à la conquête du continent africain”, a souhaité le chef de l’État. 

“Il n’y a pas eu de contraintes, nous avons tout fait dans les discussions….”

Le Président Faye a salué un coup “formidable” qui n’aurait pu être réalisé sans l’adhésion de la partie saoudienne. C’est pour lui un exemple pour montrer au monde entier que le Sénégal respecte les droits des investisseurs. “Parce qu’il n’y a eu aucune contrainte. Tout a été fait dans les discussions, dans l’écoute attentive et dans le désir ardent de bâtir quelque chose de nouveau, de plus fort, et de plus solide”, se défend le chef de l’État, conscient que la tâche n’était pas évidente.

“Ce n’était pas évident, dans la mesure où, nous avions déjà trouvé un contrat déjà signé et qui était en phase d’être parfait. Mais nous savons qu’avec  la qualité et l’historique des relations entre nos deux pays, qui sont des relations fraternelles, conviviales et de grande qualité, nous ne pouvions qu’aboutir à un accord.” 

Le Président Faye a profité de l’occasion pour informer que l’Arabie Saoudite sera l’invité d’honneur du Forum Invest in Senegal, prévu en Octobre prochain. 

La Sones revient sur les acquis du contrat renégocié 

Bras armé de l’État dans le cadre de la mise en oeuvre de ce partenariat, la Société nationale des eaux du Sénégal a produit un document dans lequel elle revient largement sur les acquis de la renégociation. 

Le document informe que dans l’ancien contrat, “l’État devait débourser un loyer annuel net d’environ 20 milliards FCFA à partir de 2027 puis 40 milliards FCFA à partir de 2030 pour maintenir le prix de l’eau dans des proportions soutenables pour les populations”. Grâce à ce mécanisme de subvention, soutient la source, cette eau sera revendue à la SEN’EAU au prix usuel de 150 FCFA HT/m. Dans le contrat renégocié, “l’effort de soutenabilité de l’État est de 17,5 milliards sur la période 2027-2029 et 35 milliards FCFA/an à partir de 2030”. La finalité, selon le document, est d’alléger les finances publiques tout en apportant des réponses aux besoins en eau potable des populations.

La renégociation a aussi permis de revoir le prix de l’eau dessalée qui était de 427 FCFA HT/m dans le contrat initial. “Dans le nouveau contrat, le prix de l’eau dessalée est de 389,8 FCFA/m”, grâce notamment à une meilleure maîtrise du facteur énergétique. En effet, alors que dans la version initiale, on faisait état de deux centrales solaires de 75 MW chacune; dans le contrat renégocié, les capacités de production ont été portées à 300 MW, soit le double. “Cette énergie couvrira entièrement les besoins de l’Usine de dessalement. La production supplémentaire sera revendue à la SENELEC au prix de 18 FCFA/KWh, permettant ainsi de baisser le prix de l’eau et générer des gains au profit de la SENELEC”, indique la Sones qui accorde aussi une grande importance au volet contenu local.  

Le prix de l’eau dessalée passe de 427 FCFA HT/m à 389,8 FCFA/m 

En ce qui concerne le volet financement, l’ancien contrat prévoyait un besoin de 30 milliards FCFA à rechercher. Dans le nouveau contrat, un financement concessionnel est obtenu du Fonds saoudien d’investissement, sur portage de la SONES et un remboursement avec les dividendes de l’actionnariat. “Le nouveau contrat enregistrera une baisse des coûts d’exploitation à hauteur de 4,5 millions d’euros par an (3 milliards FCFA). Il n’y aura pas d’exonération de droits de douanes pour 300.000 USD (275.230 Euros), soit 180 millions FCFA”, indique le document, qui précise que le pourcentage des prêts concessionnels est aussi passé de 33% à 50%. 

Il ressort également du document de présentation que la Sones et la Senelec qui n’étaient pas actionnaires vont aussi entrer dans le capital, chacune dans le volet qui le concerne.   

Il faut rappeler que ce projet, initialement conclu sous le régime du Président Sall avant sa remise en cause, consiste à réaliser une station de traitement dans le périmètre du Pôle urbain de Diamniadio et du Lac Rose, près des villages de Keur Marième Mbengue et Benoba, sur le littoral, dans la commune de Tivaouane Peul-Niaga. L’Usine de dessalement de la Grande Côte est une réponse à la croissance des besoins en eau potable dans le triangle Dakar, Mbour et Thiès (DMT). Elle est née d’une étude portant sur le Schéma directeur de l’hydraulique urbaine et péri-urbaine qui avait relevé que les besoins en eau de ce triangle DMT passeront de près de 763.000 m /jour en 2025 à 1.800.000 m /jour en 2040 puis à plus de 3.000.000 m /jour en 2050. 

Retour sur les caractéristiques du projet 

“Avec 400.000 m /jour en deux phases de 200.000 m /jour chacune, la future Usine de dessalement d’eau de mer de la Grande Côte produira deux fois plus d’eau que l’Usine KMS3 qui a pourtant permis au secteur de passer un cap dans la formulation de réponses viables à la demande en eau potable”, informe le Maitre d’ouvrage. Réalisée sous forme de PPP, le contrat prévoit que la charge de l’investissement, de l’exploitation et de la maintenance revient au partenaire privé. “Le Sénégal aura à sa charge l’achat de l’eau dessalée et a tout mis en œuvre pour des gains dans cette renégociation”, soutient le représentant de l’État qui a aussi justifié le choix fondé sur Acwa power.  

Pour rappel, le contrat du Projet d’Usine de dessalement de la Grande Côte a été signé le 27 mars 2024 entre la SONES et la compagnie saoudienne ACWA POWER, aux derniers jours du précédent régime. Les nouvelles autorités sénégalaises avaient décidé de le suspendre à cause, principalement, du coût global sur trente ans et du prix de l’eau dessalée au mètre cube.

L’État avait également déploré la non prise en compte, dans le contrat signé, de certaines recommandations et réserves de l’Unité Nationale d’Appui aux Partenariats public-privé (UNAPPP) et de la Direction centrale des Marches publics (DCMP).

 

 

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