Publié le 27 Jul 2025 - 02:52
MATAM

Demba Hamady Sada Ba, le nouveau héros du Pulaagu

 

Mbanane est le village devenu célèbre grâce à son digne fils Demba Hamady Sada Ba, le berger revenu de cinq ans de pérégrinations avec une quantité impressionnante de têtes. Une prouesse  réalisée en un temps record qui surpasse l'entendement. Ainsi, depuis quatre jours, tous les chemins du Fouta mènent à Mbanane, la nouvelle capitale du Pulaagu, un hameau niché à 2 km de Boyinadji, dans la commune de Nabadji Civol du département de Matam.

 

Comme tous les ans, chez les Peuls, le début d'hivernage coïncide avec le retour des bergers partis avec le troupeau vers des pâturages. À leur retour, ils sont accueillis et célébrés par leur village. Une routine festive, presque banale de leur culture. Sauf pour le cas de Demba Hamady Sada Ba. Lui, il a signé un retour magistral qui n'a rien eu d'ordinaire. Hommes et femmes ont quitté les villages les plus lointains pour voir le héros vivant du Pulaagu.

C’est donc en véritable légende qu’il a foulé, mardi dernier, le sol de son village natal de Mbanane, accompagné d'une marée humaine jamais vue dans la contrée pour de pareilles circonstances.

Demba Hamady Sada Ba, le nom qui est sur toutes les lèvres, est un jeune homme d'environ 30 ans, issu d’une famille de bergers. ‘’Je suis né dans une famille de bergers. Mon père est berger, ma mère est bergère ; tout le monde dans notre maison est berger’’, révèle-t-il fièrement.

Un jour, en fin d'hivernage, il y a de cela cinq ans, il se décida à quitter son village avec quelques têtes, à la quête de prairies plus vertes. Un acte guidé par sa volonté de se tracer un chemin vers la fortune. ‘’Une personne qui naît dans une famille modeste, en grandissant, elle aspire à changer la situation. Pour cela, il faut migrer, aller vers la fortune. C’est cela qui m'a poussé à partir. Quand on a un troupeau, on ne peut pas rester sur place. Il faut avoir une vie de nomade, si l’on veut réussir’’, souligne Demba qui vit toujours avec sa femme dans la grande maison familiale.

Pour certains, la situation précaire de sa famille était à l’origine de son départ. Il serait indigent. ‘’Demba n’était pas parti les mains vides de la maison, rappelle Cissé. Dans sa famille, leurs parents avaient des moutons, des chèvres et des bœufs, mais Sada voulait avoir sa propre fortune’’, renseigne-t-il.

Parti de presque rien, il revient avec un troupeau impressionnant

Cette ambition le mènera avec son troupeau jusqu’au Mali où il bravera toutes sortes de dangers. Selon des bergers rencontrés dans le village de Mbanane, les zones où s'aventurait Demba Hamady étaient très reculées, qui se trouvent au cœur de la forêt. ‘’Demba est mystique, il emmenait son troupeau là où peu de personnes osaient aller. Ce sont des endroits où généralement l’être humain ne met pas les pieds. Mais lui, il y allait et il y est resté. C’est cela qui explique l'embonpoint de ses moutons et de ses chèvres’’.

En effet, durant cinq années, Demba Hamady était resté loin de sa famille. Quand les autres bergers retournaient chez eux après plusieurs mois de pérégrinations, lui, il continuait sa vie austère dans la forêt où ‘’il n’y avait ni boutique ni marché pour s'alimenter correctement’’, mais cela ne le dissuadait pas.

Comment s'alimentait-il alors ? C’est la grande question qui taraude tous les esprits. Certains soutiennent même qu’il était entretenu par des êtres invisibles qui lui auraient fait don de son impressionnant troupeau.

Le mystère sur un personnage atypique

Cette question restera sans réponse, car Demba Hamady n'a pas levé les équivoques. ‘’Je remercie Dieu, c’est lui qui m'a donné ce que j’ai. Ceux qui disent que ce sont les djinns qui m'ont donné cette fortune ont le droit de dire ce qu’ils pensent, mais je sais que même si c’était le cas, ça doit relever de la volonté de Dieu. Donc, je remercie Dieu et je suis reconnaissant’’, fait-il savoir.

Le mystère reste donc entier. Quelques indices pourraient laisser croire que c’est à dessein.

Quand on est arrivé dans la grande concession de ses parents, on a trouvé Demba Hamady entouré de ses amis sous un hangar. Après qu’on a décliné notre identité et l’objet de la visite, il accepta de nous accorder une interview. Mais avant le début, son équipe de communication, composée de trois personnes, le prit en aparté pour un petit briefing. Durant l’interview, il était assisté de Cissé, un des trois ‘’conseillers’’. Les questions sur l’origine de sa fortune ont été passées sous silence, sur instruction de son conseiller. Au bout de six minutes, ce dernier intervint pour écourter l’entretien au motif que d’autres personnes attendaient la légende de Mbanane.

Chétif, de taille au-dessus de la moyenne, Demba Hamady Sada Ba dégage une aura assez intrigante. Son regard est perçant, mais il baisse toujours le regard. Une attitude que les mauvaises langues ont interprétée comme une preuve du mystère qui se cache derrière le personnage. Mais pour ceux qui l’ont connu depuis sa tendre enfance, Demba Hamady a toujours été une personne pudique. ‘’Ceux qui disent que Demba est possédé par des esprits ne font que raconter des histoires, martèle son demi-frère consanguin, Abdoulaye Demba Sada Ba. Rien n'a changé chez mon petit frère’’.

La vie après la célébrité

Sollicité de partout et exposé comme un trophée de guerre par toute une communauté, Demba Hamady Sada Ba va devoir s’adapter à la célébrité et son cortège de désagréments. Il est devenu une icône dans la contrée au point que certains n’imaginent plus Demba Hamady reprendre son bâton de berger pour conduire son troupeau vers des prairies plus vertes.

‘’Demba Hamady Sada Ba est le nouveau porte-étendard de la culture peule. Il doit être reçu par le président de la République. Il doit être honoré à la hauteur de la prouesse qu’il a réalisée. La communauté pulagu doit ériger sa maison en sanctuaire et son histoire doit être enseignée dans les écoles’’, déclare Samba Seck, parlant au nom des griots venus fixer dans le temps la légende du fils de Mbanane.

Djibril Bâ

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