Le collectif Dialaw a fait face à la presse, hier, pour s’insurger contre le processus de démarrage des travaux du port de Ndayane. Selon leur porte-parole, il y a une série de ‘’contradictions’’ et ‘’d'inexactitudes’’ dans les déclarations des autorités, pour masquer le ‘’tâtonnement’’ et le manque de rigueur de l'Administration sénégalaise sur la conception de ce projet.
Cheikh THIAM
Le collectif Dialaw prend à témoin la presse et l'opinion publique nationales et internationales sur la vaste tentative de spoliation foncière en cours à Yène. ‘’Nous dénonçons un détournement d'objectifs du projet, dont les besoins en terres sont successivement passés de 300 à 600 ha, puis 1 200 ha, sans compter 600 ha additionnels alloués à Dubaï Port World (DP World). L'État, à travers ses divers démembrements impliqués, n'a pas respecté les procédures comme prévu par la loi. Il n'y a pas eu de dialogue exhaustif avec tous les groupes de potentiels impactés’’, confie Zeynab Barry, leur porte-parole.
Selon le collectif, la procédure d'expropriation pour cause d'utilité publique ne remplit aucune des formalités substantielles exigées par la loi. ‘’Aucune notification n'a été faite aux potentiels impactés dans les règles de l'art. L'administration sillonne la zone et fait ses recensements avec une légèreté qui n'honore pas l'Administration sénégalaise. Le tracé des limites du port de Ndayane change au gré des affinités des élites politiques du pouvoir, foulant du pied la notion même dite d'utilité publique qui est avancée comme justification de la mainmise sur les terres avoisinant les limites originelles du futur port. L'écrasante majorité des impactés rejette les montants des impenses proposées faites dans le cadre de pseudo "commissions de conciliation".
Cependant, contrairement aux affirmations de l’autorité, la contestation n'est pas seulement limitée aux montants des indemnités avancées. Les impactés décrient le détournement d'objectifs et les procédures illégales et opaques utilisées’’, a-t-elle tonné.
En outre, selon elle, les populations réfutent son assertion selon laquelle "95 % des impactés sont du département de Mbour, 5 % du département de Rufisque (280 sur 5 460 personnes)". Du fait d'un déplacement ‘’insidieux’’ des limites régionales entre Dakar et Thiès, le futur port, en majorité sur le territoire historique de Yène, se trouve commodément à Ndayane. ‘’Nous suspectons que ce tour de passe-passe géographique est fait à dessein pour enlever toute légitimité à la contestation des ayants droit à Yène’’, a confié Mme Barry.
Compte tenu de cet état de fait, selon elle, le collectif informe le président de la République que les autorités administratives sont à la manœuvre d’opérations ‘’illégales’’, ‘’injustes’’, ‘’improvisées’’ et ‘’attentatoires’’ aux droits et à la dignité des populations. Il dénonce les déclarations de M. Mountaga Sy, DG du port, sur l'imminent démarrage des travaux, alors qu'aucun préalable n'est rempli. Il appelle les responsables de Dubaï Port World à faire preuve de lucidité face à cette situation injuste envers les populations impactées par le projet du port de Ndayane.
‘’Nous nous réservons le droit de poursuivre cette procédure auprès de toutes les instances internationales habilitées, judiciaires comme arbitrales’’, déclare Zeynab Barry. lire + about SPOLIATION FONCIÈRE À YENE/DIALAW : Le cri du cœur des populations