Un «re-traceur» de la légende du capitaine burkinè
Édité par Les Éditions AfricAvenir/Exchange & Dialogue en coopération avec la Fondation Rosa Luxemburg à Dakar, l'ouvrage ''Redécouvrir Sankara, Martyr de la liberté'' a fait, hier, l'objet d'une présentation dans le cadre d'une semaine de promotion.
Le 25e anniversaire de l’assassinat du ''Capitaine Sankara'' a servi de prétexte pour ''Redécouvrir Sankara, martyr de la liberté'' à travers un ouvrage du même intitulé. En effet, ce livre, en promotion depuis lundi ainsi qu'un film consacré au même «héros», se veut un «re-traceur» du parcours de ce révolutionnaire «parti trop tôt», de son œuvre, de l'ambiance de renouveau à partir de laquelle il a inspiré toute une bonne génération de jeunes africains, sans oublier les luttes suscitées par ses orientations d'alors, et aujourd'hui par son héritage politique.
Comme l'a expliqué Ndongo Samba Sylla, coordonnateur du livre, il s'agit aussi de redécouvrir le sens et les objectifs de son combat à travers une «lutte exceptionnelle» au profit de son pays et de l'Afrique pour des avenirs meilleurs. D'où les compilations de discours, contributions analytiques, témoignages inédits d'anciens camarades et d'autres concitoyens. ''On a voulu repartager l'expérience révolutionnaire de tout ce qu'il avait apporté'', a affirmé M. Sylla, titulaire d’un doctorat en Économie du développement et responsable de recherches au Bureau Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxemburg. Pour M. Sylla, il a été question, dans l'ouvrage, d'insister sur la conception de la démocratie que se faisait Thomas Sankara, mais aussi sur son côté visionnaire, sa prise en compte de l'aspect genre et du phénomène écologique, son panafricanisme et sa conception anti-impérialiste, en s'appuyant sur les analyses d'auteurs l'ayant côtoyé.
Trois enjeux ont été mis en exergue pour concevoir cet ouvrage : historique, intellectuel et judiciaire. ''La famille de Sankara n'arrive pas à faire son deuil, parce qu’on a pas retrouvé son corps'', a soutenu Ndongo Samba Sylla. À propos de cet enjeu judiciaire, Fidèle Toé, un ami d'enfance du capitaine disparu, est revenu sur les démarches judiciaires entamées pour élucider l'assassinat de son compagnon. C'est le 1er septembre 1997 qu'une première plainte a été déposée contre x pour assassinat et faux en écritures administratives, car il est écrit sur l'acte de décès «qu'il est mort de mort naturelle», a-t-il rappelé. «C'est un certain Abouna Traoré, qui était donné pour mort, qui a rapporté que Sankara était sorti les mains en l'air puis criblé de balles.» Mais cette plainte sera déclarée irrecevable par les juridictions, puisque le crime était imprescriptible, selon elles. Une deuxième plainte a été introduite en 2001 mais elle connaîtra le même sort que la première qu'en août 2012.
Entre temps, Hyacinthe Kafando, supposé être membre du commando qui a orchestré cet assassinat et porté disparu pendant un moment, a réapparu et serait prêt à apporter des éléments de réponses au mystère entourant la disparition de Sankara.
ANTOINE DE PADOU
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