Élections municipales de janvier 2022, cher-e-s candidat-e-s, vos programmes svp !
Dans la perspective des prochaines élections municipales 2022, nous notons des déclarations intempestives de candidature individuelles, de groupes de personnes ou de partis politiques… Quoi de plus normal pour des citoyens qui souhaitent être portés à des positions de pouvoir pour « servir » leurs concitoyens. Cependant, il est étonnant, voire inquiétant de noter qu’aucun de ces candidats n’a pour le moment pas présenté de programme de gouvernance locale. Nous sommes à 4 mois de ces échéances électorales, et aucune proposition, même pas les grandes lignes de ce qu’on a à proposer aux citoyens.
Le Sénégal semble être le seul pays où, une femme ou un homme se lève un bon matin, et demande à diriger, à gérer les ressources publiques sans se sentir dans l’obligation d’indiquer le pourquoi et comment compte-on mener l’action publique. Il y a une forme de désinvolture chez certains candidats. D’autre part, cette absence de projet de développement pour nos communes, démontre à suffisance combien nos futurs maires n’ont pas assez bien saisi le sens de la décentralisation, le véritable pouvoir local. L’acte III de la décentralisation confère, sur le principe une véritable capacité d’action à l’échelon local. De ce fait, on ne devrait pas oser solliciter la gestion d’une mairie sans un travail préalable sur le projet. On doit pouvoir dire où l’on va. Il faut indiquer le cap de sa future gouvernance. Rien de tout cela.
Nos très honorables candidats semblent plutôt se positionner dans une perspective d’ascension sociale et politique à travers la conquête d’une commune. Il suffit de regarder l’état dans lequel se trouvent nos communes pour se convaincre du manque de vision, de créativité et de sérieux de nos maires. On se limite à une simple gestion administrative. Ils ne se montrent compétents et actifs que lorsqu’il s’agit de brader nos terres ou d’agir dans le « social politicien » (distribution de riz, aides tabaski ou korité…).
Force est de constater que sans les projets et l’action de l’État central, nos communes seraient dans un état de sous-développement et de pauvreté absolue. Nos exécutifs décentralisés se sont mis dans une posture de simples exécutants des projets étatiques. Pourtant, nos populations attendent des futurs candidats aux mairies, des réponses concrètes pour ce qui concerne l’avenir de leur territoire, notamment sur des domaines comme l’éducation, la santé, la culture…, par la construction et l’entretien d’infrastructures. Ils doivent être des partenaires de l’État. Un partenaire qui saura enrichir, amender, co-construire et assurer un meilleur suivi des programmes nationaux.
Aussi, quelle est la réponse des différents candidats sur le sujet de la jeunesse ? Quelle est leur vision sur l’aménagement du territoire appliqué à l’échelle locale ? Toutes ces questions et tant d’autres ne trouveront certainement pas réponse parce que notre démocratie est biaisée par le jeu des partis et par la paresse intellectuelle de la classe politique. Nous avons des enjeux majeurs sur le changement climatique avec ses effets dramatiques sur le quotidien des citoyens. Aucun des candidats n’apporte une contribution qui pourrait s’inscrire dans la batterie de mesures proposées par les pouvoirs publics centraux.
Dans un pays normal, où il y a une exigence démocratique, les différents candidats (même à la candidature) auraient exposé leur projet pour le développement de la commune dont ils sollicitent les suffrages. À 4 mois des élections, on aurait pu être dans des moments de débat passionnant et utile, projet contre projet. Malheureusement, nous auront très probablement un concours de beauté ou de grande gueule, pour au finish se retrouver avec des maires sans programme. Et ils feront de leurs mandats un outil de simple gestion administrative et de leur promotion sociale, avec leur clientèle partisane.
C’est pourquoi, il revient à chaque citoyen d’être exigeant envers les candidats. C’est de cette exigence que découlera un meilleur choix pour nos communes.
Pape Bocar Diallo,
Diplômé en Droit et Science Politique
Spécialisé en Conduite et Évaluation des Politiques Publiques
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