2024 où l’année de toutes les émotions politiques
L’année 2024 avait démarré avec de nombreux postulants recalés qui avaient fini de prendre place sur le Quai des Invalidés. Des candidats à la candidature qui démontraient la légèreté avec laquelle ils se faisaient une idée de la fonction présidentielle. Dans ce tohu-bohu, une éclaircie sortit de la grisaille avec la validation de la candidature de Diomaye, un coup de maître du stratège Sonko qui prouvait là sa capacité d’anticipation sur les évènements.
L’étrange destin d’exercer le pouvoir comme une aventure ambiguë finit en un monde qui s’effondre pour Macky Sall qui vit le dernier jour comme celui d’un condamné à la perte du pouvoir. Et dans ses derniers moments, tout lieu qu’il visitait devenait une ville cruelle où résonnait et tonnait le chant du cygne. Allah n’était pas obligé.
Pastef était une réalité politique qui avait conquis les coeurs et les masses loin d’un comprimé effervescent tel que le considérait Antoine Felix Diom qui avait lu le décret qui mettait fin à son existence légale lors d’une journée aux relents de deuil pour beaucoup de patriotes. La dissolution du parti n’aura pas eu l’effet escompté. Les ‘’salafistes’’ seront bien au rendez-vous même sans leur Imam avec une ambition intacte de voir triompher leur PROJET.
Puis vint l’annonce du report par Macky Sall, un coup de Jarnac porté à notre démocratie bâtie pendant des décennies de haute lutte. Quand le peuple perd la possibilité de choisir celui qui préside à ses destinées par les urnes, on assiste à un affaissement de la République. Les citoyens venaient de subir une violente agression dans leur droit le plus sacré. Dans ce tourbillon, un Premier Ministre (Amadou Ba) accusé de corruption de juges clame sa loyauté à un Président qui lui renouvelle toute sa confiance pendant que la commission d’enquête créée était déjà aux oubliettes. Le PDS tel un naufragé dans ses ultimes moments participa au complot espérant sauver la candidature de Wade Fils. Cette séquence historique du Sénégal nous aura causé de la migraine en suscitant en nous beaucoup de dégoût du fait des basses manoeuvres politiciennes mises en oeuvre pour contrer l’expression de la volonté populaire.
Par la force des choses, les débats juridiques allaient de plus belle. Le duel entre Ismaïla et Madior (la même personne) est le plus épique de l'Histoire du droit constitutionnel. Au rythme des nombreuses contradictions, les anciens étudiants du Professeur IMF pouvaient finir dans un asile psychiatrique. Ce personnage méritait d'être mis sur un divan.
On sentit durant cette période la mobilisation de pans entiers de la société pour se dresser face à la forfaiture. Durant cette période la nation a reconnu les siens parmi les porteurs de voix et identités remarquables. La pire des lâchetés serait de laisser en héritage à nos enfants les combats que nous devions mener en notre temps. C’est seulement en refusant cela que nous respections la mémoire de ceux qui avaient vidé leurs tripes pour nous laisser la démocratie en legs.
Ce pays béni allait connaître un miracle comme il savait en produire dans les moments les plus incertains. Le Conseil Constitutionnel décida de mettre un terme à l’effronterie de Macky Sall en le sommant d’organiser l’élection dans un créneau fixé et devenu indépassable.
Bés bu nekk,bés mo koy fay. La démocratie a le charme de conférer au citoyen en un jour la latitude de réparer toutes les souffrances endurées en cinq ans. Le jour de gloire lui était enfin promis pour le 23 Mars.
Dans un bel élan, les Sénégalais décidèrent de changer de cap en portant de manière démocratique Bassirou Diomaye Faye à la tête du pays dès le premier tour lors d’un scrutin sans la moindre contestation possible.
Les gaz qui s’échappaient de l’âne s’estompant à sa mort, les Sénégalais pouvaient respirer. Tout avait une fin dans cette vie.
Le 23 Mars 2024 c’est avant tout la victoire d’Ousmane Sonko. Un homme courageux, constant et engagé. Beaucoup d'intellectuels de sa génération tentent de le rabaisser car il leur rappelle leur couardise quand il s'est agi de s'engager. Malgré leur cursus académique et leur pedigree professionnel, ils s'éteignent devant son intrépidité et son intégrité. Les Sénégalais ne s'y sont point trompés.
Sonko a fait élire des députés, des maires et un Président de la République. Dieu a récompensé un homme généreux qui a mis en avant un PROJET au service de l’intérêt général au dessus de sa personne.
Allah est magnanime. Voir ‘’son’’ candidat entamer le Ramadan en prison, sortir et en l’espace de dix jours gagner une présidentielle au 1er tour avec la possibilité de faire la passation de pouvoir avec le ‘’geôlier’’ pour ensuite célébrer la Korité en tant que locataire du palais présidentiel est tout simplement prodigieux. L’élection du Président Diomaye Faye peut faire office de sermon ou d’homélie pour tout croyant. Yalla rek moy Buur.
Cette victoire allait sonner le glas d’une génération de politiciens aux pratiques douteuses. Idrissa Seck en est l’exemple parfait. En cinq ans, il est passé de 20% à 1% des voix. Il faut voir en cette funeste dégringolade la rançon de l’inconséquence. Grande promesse de la politique, sa suffisance et son aversion à l’endurance l’auront perdu. Humilité et constance sont les maîtres mots pour exister en politique. Un ami caustique disait de manière sarcastique: "Idy c'est Bruce Willis dans son film le Sixième sens. Il est mort mais ne le sait pas encore. Son fantôme erre sans but dans l'espace politique sénégalais et n'est visible que par ses militants". L’histoire semble lui avoir donné raison.
A côté de lui, un autre grand perdant, Karim Wade. Au nom du père, il croyait avoir un destin pour nous présider. Pendant que nous buvions le calice jusqu'à la lie, il s'empiffrait de douces dattes au Qatar après être sorti nuitamment du pénitencier de Rebeuss suite à un arrangement. Cet homme n'a jamais été du côté des Sénégalais qui souffraient.
Avec la chute du régime Sall, on se rendit compte que ceux qui profitaient du système allaient se sentir orphelins. Et dans ce lot, on allait retrouver une certaine presse dépeignant toujours le tableau en noir avec une mauvaise foi déconcertante et foulant du pied la vérité des faits. Des chroniqueurs autoproclamés et des influenceurs à deux ouguiyas se lancèrent dans une vile entreprise pour décrédibiliser le pouvoir nouvellement élu. On a senti à mille lieues la commande et la connivence mais l’opinion n’est pas dupe et a une capacité de discernement qui force le respect.
Faisant preuve d’une médisance outrancière, ils ont même dit que le projet tant vanté était une chimère mais le plus beau des démentis a été la déclinaison du référentiel Sénégal 2050 au CICAD de Diamniadio. Le cap a été fixé sur un horizon à court et moyen terme de manière nette et claire.
Bañi demb bu ñu nango sen pexe mo jubul. Après avoir diabolisé et traîné Sonko et son parti dans la boue pendant des années, désormais ils veulent imposer le débat sur une inéluctable dualité Sonko-Diomaye.
Durant cette période de cohabitation avec la majorité de BBY, l’opposition n’eut pas l’élégance de faciliter la tâche au nouveau pouvoir. Ce fut pour eux un baroud d’honneur, un ultime combat d’une guerre ou d’une cause perdue, livré pour sauver la face. Ce n'est pas en différant la sentence qu’ils allaient se prémunir définitivement du châtiment mérité.
Ces députés de BBY et leurs souteneurs de circonstance ont fait le choix de ne jamais mériter le titre d’HONORABLE qui leur était conféré par les règles de la bienséance républicaine. Ceci même dans les derniers instants du temps additionnel. Ils choisirent de rester petits comme ils l’ont toujours été durant toute cette législature. Après avoir violé des dispositions légales en refusant de voter le débat d’orientation budgétaire, ils allaient recaler la loi de suppression du HCCT et du CESE. Et dans la foulée, ils déclarèrent la guerre en annonçant une motion de censure du nouveau gouvernement. C’en était trop et la dissolution de l’assemblée arriva.
Dans une pré-campagne des législatives où beaucoup de forces politiques bandaient les muscles, les invectives et la violence verbale avaient fini de polluer le climat. On a assisté à des élections ouvertes à tous sans restriction et à la fin, les Sénégalais sont restés cohérents en donnant une majorité écrasante au parti qu’ils ont élu et qui est allé sous sa propre bannière, mettant ainsi un terme à la grosse arnaque des coalitions.
Macky qui voulait assurer sa survie politique via Whatsapp depuis son exil de Marrakech allait perdre même son fief de Fatick et Farba Ngom sauva l’honneur dans le Fouta. On s’est aussi rendu compte qu’Amadou Bâ n’était pas une réalité politique. Autre leçon du scrutin, une stratégie électorale bâtie sur une inter coalition n’est pas gagnante à tous les coups. On a découvert au grand jour que les wagons de Taxawu, du PUR et autres
carcasses restaient à quai sans la locomotive Sonko. Barthélémy Dias en a fait les frais. Il est passé de député-maire de la capitale à un simple Boy Dakar. Il aura politiquement existé par une véhémence teintée de témérité mais son insolence outrecuidante l'aura consumé. La recette qui peut faire accéder au firmament n’est pas forcément celle qui aide à s’y maintenir. Désormais il faudra faire face au jour d'après en jouant le jeu de la victimisation mais le destin de martyr est souvent promis à ceux qui ont su adosser leur combat à un socle de valeurs.
En poussant l'hubris jusqu'au bout, il semble avoir scellé son sort à l'image d'Icare qui s'était brûlé les ailes quoique cela lui coûtât même au prix de défier l'incandescence d'un soleil si haut et plus qu'ardent. Neexum ngontu xam foy fanani moko gën.
Quant à Bougane Gueye Dany qui se présentait en challenger, il semble avoir appris de son fameux voyage de Bakel et de ses conséquences. Dans la vie les choses peuvent être moins simples qu’elles ne le paraissent.
Une assemblée nationale dont les Sénégalais attendent tant de ruptures a été installée et a pu cette fois-ci recevoir le Premier Ministre Ousmane Sonko qui a prononcé sa Déclaration de Politique Générale déclinant ainsi sa feuille de route suite à un vote aux pas de charge du budget 2025.
L’année 2024 a été éminemment politique et nous sommes passés dans tous les états. De la volonté obsessionnelle de Macky Sall de confisquer notre démocratie à la détermination du peuple à garder intacte sa trajectoire politique tant enviée.
Les douze mois écoulés ont été durs mais l’essentiel est sauf. Nous avons un pays debout et plus que jamais tourné vers l’avenir pour le meilleur dans tous les secteurs.
Les Sénégalais attendent beaucoup de ces nouveaux dirigeants. Plaise au Tout-Puissant que 2025 soit le début de la réalisation de tous les espoirs placés en eux.
Vivement que nous soyons tous meilleurs dans tout ce que nous entreprenons au quotidien et dans un élan constructif que nous nous érigions en acteurs du progrès que nous souhaitons de nos voeux.
Le défi est immense mais nous en avons la capacité car dans les moments les moins évidents, nous avons toujours pu tirer le meilleur de nos ressorts insoupçonnés pour continuer sur la bonne voie.
Meilleurs voeux à tous.
Que Dieu bénisse le Sénégal !
Sarakhe NDIAYE