Publié le 5 Oct 2012 - 21:20
3 QUESTIONS A... SEYDI GASSAMA (AMNESTY SENEGAL)

 «Il ne faudrait pas qu'il y ait deux poids deux mesures»

Le point de vue des défenseurs des drois de l'homme face aux crimes économiques à travers le coordonnateur d'Amnesty sénégal, Seydi Gassama.

 

 

Comment appréciez-vous la gestion des dossiers judiciaires relatifs aux détournements de deniers publics ?

 

Pour ce qui concerne les crimes économiques, jusqu'ici les dossiers avancent à un rythme qui me paraît acceptable. Il y a des enquêtes qu'il faut mener qui sont parfois extrêmement complexes. D'ailleurs, nous insistons beaucoup pour que dans le cadre de ces enquêtes, le droit à la présomption d’innocence des personnes mises en cause soit respecté. C'est-à-dire qu'on ne livre pas des personnes à la vindicte populaire avant qu'elles ne soient inculpées. Néanmoins, il faudra éviter une politique du deux poids deux mesures. Il ne faudrait pas qu'il y ait une petite portion qui tombe entre les mailles du filet et que les gros poissons passent à travers ces mailles. C'est vraiment notre crainte. Qu'on arrête des directeurs de société et que des ministres ou d'autres hauts dignitaires bénéficient d'une impunité totale.

 

 

Comment expliquez-vous le cas du DG du MTL, Moustapha Yacine Guèye, qui aurait remis un chèque en bois pour bénéficier d'une liberté provisoire ?

 

Cela ne nous surprend pas. Il faut que le système judiciaire soit vigilant dans les libertés provisoires qui sont données à des personnes qui, par la suite, se réfugient dans des pays où il sera extrêmement difficile de mettre la main sur eux. On sait très bien qu'à Dubaï, en Arabie Saoudite et bien d'autres pays arabes, l'État de droit et la justice sociale ne fonctionnent pas comme cela se doit. Donc, il y a de très grands risques que des personnes en liberté provisoire quittent le territoire national. Il faut faire en sorte que des mesures pratiques soient prises pour que ceux qui doivent rester à la disposition de la justice ne puissent pas filer hors du pays.

 

 

Le Premier ministre Abdoul Mbaye a déclaré que les procédures de la traque des biens mal acquis pourrait prendre plusieurs années. Est-ce qu'il n'y a pas d'autres moyens pour contourner cette voie ?

 

Nous ne souhaitons pas qu'on puisse contourner le fonctionnement normal de la justice pour récupérer ces fonds. Ce que nous disons, c'est d'augmenter les moyens financiers et humains de ces fonds pour commencer très rapidement le travail et tirer toutes ces affaires au clair. Aujourd'hui, les Sénégalais sont impatients qu'on leur dise que l'argent qu'on leur a volé durant ces dix dernières années a commencé à être récupéré. Le régime actuel doit savoir que les Sénégalais ne lui accorderont pas un état de grâce. L'état de grâce dont a bénéficié Abdoulaye Wade, Macky Sall ne l'aura pas. Il lui faut poser vite des actes forts pour montrer aux Sénégalais que l'impunité pour les crimes économiques dans ce pays est terminée.

 

PAR DAOUDA GBAYA

 

 

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