Sons et lumières font revivre le désert
Une belle reprise du festival du Sahel. La sixième édition, qui a pris fin le 6 novembre, a été auréolée par deux concerts nocturnes de haut niveau animés, entre autres, par Cheikh Lô, l’Orchestra Baobab, Nix, Defmaa Maa Def, Sahad et Chadia et PMP.
Loin de la pollution, à la claire de la lune, au milieu des dunes du désert situé à mi-chemin entre Dakar et Saint-Louis, une variété de musiques retentit, d’abord, dans la nuit du vendredi au samedi, puis celle du dimanche. Le public, diversifié, a bien l’intention de braver la fraîcheur de la nuit qui contraste avec la chaleur infernale de la journée. C’est le festival du Sahel qui a repris de plus belle, après plusieurs années de pause. Cette sixième édition est un nouveau départ.
Et le public ne boude pas son plaisir. Ça saute, ça danse, et ça crie de joie. Le spectacle donne des frissons. Pieds nus, certains peuvent ressentir la froidure de la terre sablonneuse et fine. Ne pouvant pas rester debout tout au long du concert, certains vieux ont étalé leur natte pour s’installer à même le sol. Il se fait tard, mais Lompoul ne dort pas. Le sommeil est chassé non pas par la caféine ou la nicotine, mais par le show. Accompagné de son ami Tawfekh, Souleymane Sèye vient de Rufisque. Nous sommes à la première soirée. Le spectacle l’amuse.
Il balance ses mains en l’air et fait bouger sa tête au rythme de la musique de Nix. Vêtu d’un pantalon jogging et d’un maillot bleu du club de sa commune (Teungueth FC), il déclare : ‘’C’est la première fois que j’assiste à un tel festival. J'adore le décor qui est vraiment super (le désert avec la présence d’arbres). Et les artistes sont talentueux. On est vraiment content de voir Nix sur scène. Il nous avait beaucoup manqué’’, apprécie-t-il. Teint caramel, grand de taille, Émile porte un short gris, un t-shirt beige, une casquette et des boucles d’oreilles. Il s'en donne à cœur joie. Il est rentré des États-Unis et habite maintenant à Dakar.
C’est la première fois qu’il assiste au festival du Sahel. ‘’C’est super. On s’amuse bien. Moi, j’ai bien aimé la prestation de PMP, Nix, Cheikh Lo. Bon, ils sont tous excellents. C’est cool de danser’’. Blanche, très calme et charmante, Olivier Du bois est une jeune fille aux cheveux longs qui lui tombent sur les épaules. Elle vient aussi des Etats-Unis et profite du moment. Elle est actuellement à Dakar et étudie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. ‘’C’est bien amusant. J’ai adoré la prestation de Nix. Le concert est bien. Et j’ai dansé avec tout le monde’’, déclare l’amie d’Émile. En effet, cette première soirée, c’est Ngueweul Gui Rythme de Saint-Louis qui a ouvert le bal avec du sabar. Le groupe a été rejoint par Tabara Zeini, une formation mauritanienne, pour un cocktail explosif de sabar sénégalais, de percussion mauritanienne et de chants maures. Puis, le duo a cédé la scène au groupe de Papis Morin Mbaye alias PMP Show qui a maintenu le tempo, grâce à sa percussion mélangée avec de la musique électronique. Les mélomanes ainsi réchauffés, Defmaa Maa Def, une rencontre musicale entre deux reines de la scène urbaine, a fait une entrée conquérante.
Mamy Victoire et Defa, accompagnées de DJ Zeyna et d’un batteur, ont relevé le niveau, tout en maintenant le rythme dansant avec, entre autres, de l’afro-trap, du rap mixé avec de la world music. Elles ont chanté des morceaux nouveaux que les mélomanes ne maîtrisent pas encore. Mais ces derniers ont été tout à fait conquis par les deux femmes vêtues comme des femmes zoulous. Elles ont offert une prestation époustouflante. Puis, l’artiste planétaire Nix a fait son entrée sur scène. Le rappeur sénégalais, qui a notamment conquis toute la France, a revisité quelques titres de son répertoire musical. Après avoir enflammé le public, il a laissé la scène à Cheikh Lo qui a offert un beau spectacle qui a poussé, presque tout le public, à se rapprocher de la scène pour pouvoir en profité. Cheikh Lo, grâce à sa belle présence scénique, est rapidement entré en interaction avec le public. Il a clôturé en beauté le premier concert nocturne de cette sixième édition. ‘’Mon coup de cœur, c'est le groupe Defmaa Maa Def. Parce que j'ai découvert une autre facette de Mamy Victory qui a assuré un show époustouflant. Elle n’était pas dans le rap hard. Elle et sa coéquipière ont conquis le public’’, a confié une journaliste.
‘’Il manque de la musique du Sahel’’
Également, le public a fortement répondu présent durant le deuxième concert nocturne qui a été assuré par, entre autres, par Chadia, l’Orchestra Baobab, Sahad et des artistes locaux. Chadia a tenu en haleine les mélomanes, en chantant dans différentes langues, surtout en peulh. Et Papino Kouyaté et Cie ont vraiment assuré la relève des pères fondateurs de l’Orchestra Baobab. Ils ont revisité le répertoire du groupe et ont capté l’attention des jeunes et des moins jeunes. Tout le public était en mouvement durant la prestation de cette formation qui était en tournée européenne pendant trois mois et qui prépare un ‘’Baobab new-look’’.
L’artiste Sahad a quand même réussi le challenge de monter après l’Orchestra Baobab. Il touche tous les peuples avec sa musique du monde. Jade vit au Sénégal depuis 25 ans et a l’habitude de suivre le festival du Sahel. Petite de taille, elle est d'un âge très avancé, mais elle a des jambes. En tenue africaine, active, elle s'est mise un peu à l'arrière pour danser pendant toute la soirée. L’Orchestra Baobab est sur scène. Elle adore la musique de Sahad et de Papino Kouyaté et Cie. Mais il y a quelque chose qui manque, pour cette sixième édition, d’après elle : la musique du Sahel. Elle parle d’une musique venant du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad. En réalité, la musique du Sahel était présente dans cette édition, avec la prestation d’artistes venus Mali et de la Mauritanie (Tabara Zeini). Elle veut peut-être davantage de diversité. La balle est dans le camp des promoteurs du festival.
BABACAR SY SEYE