''Le jeûne chrétien ne connaît pas de rupture''
La communauté chrétienne a commencé son carême aujourd'hui, ''mercredi des cendres''. Un jour qui rappelle la condition mortelle de l'homme. Dans cet entretien, Abbé Jules Pascal Coly revient sur les particularités du jeûne.
Abbé, le carême commence demain mercredi des cendres, quel est le sens de ce jour?
Le carême chrétien commence par l'imposition des cendres, le mercredi des cendres. C'est une période de 40 jours où l’Église, avec ses fidèles, se rend, comme le Christ, au désert pour prier, méditer, se convertir... disons, lutter contre tout ce qui est péché, afin de fêter Pâques à travers la Résurrection du Christ. Cette imposition des cendres nous rappelle que nous sommes poussière. Le prêtre te signe avec la cendre sur le front, en prononçant la formule: ''Tu es poussière et tu retourneras poussière'' ou ''convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle, à l’Évangile!''. On arrête tout ce qu'il y a comme festivités. C'est un moment où l'on doit se souvenir des pauvres, un temps de partage avec les plus démunis. Cela concerne les fidèles âgés de 18 jusqu'à 58 ans. C'est une période d'abstinence totale. Quand on jeûne, on ressent vraiment ce qu'on est.
L'imposition de la cendre est-elle obligatoire?
Le fait de ne pas prendre les cendres ne signifie pas que le fidèle n'entre pas correctement dans cette période de carême. La cendre n'est pas un talisman, ni une chose qui doit forcément nous guérir d'une quelconque maladie. Parce que la cendre que nous utilisons, c'est de la poussière. L’Église montre que, quelque soit notre statut, un jour ou l'autre nous retournerons sous terre. Si nous prenons l'exemple de notre pays aujourd'hui, à quoi sert-il de torturer un frère ou une sœur, de faire du mal à son prochain? Donc voilà des moments qui nous rappellent ce que nous sommes.
Y a-t-il un rapport entre le jeûne et la foi?
Aujourd'hui un fidèle qui jeûne pense immédiatement qu'il a quelqu'un en face de lui et qui est plus puissant que lui. C'est Dieu. C'est la foi qui nous guide et comme l’Église est une famille, voilà ce qu'elle nous propose pour sa propre conversion. Elle nous dit de penser au Christ qui est allé au désert, qui a jeûné pendant 40 jours et 40 nuits, dans la prière et la méditation, ayant subi la tentation un peu partout.
Y a-t-il une différence entre le jeûne chrétien et celui musulman?
Le jeûne chrétien est différent du jeûne musulman. Les Chrétiens ont deux jours de jeûne où l’Église nous demande obligatoirement de jeûner et de prier: c'est le mercredi des cendres et le vendredi saint. Ils s'élargissent au samedi saint. L’église recommande aux Chrétiens de choisir un repas parmi les trois habituels et de prendre des collations à la place des deux autres. L'argent économisé doit être déposé au niveau de la Caritas diocésaine ou même paroissiale, pour aider les plus démunis. Et l’Église demande toujours aux personnes malades de ne pas forcer le jeûne. De même elle encourage ceux qui, durant ce temps de carême, jeûnent tous les jours. Il n'y a pas d’heure de rupture pour le jeûne chrétien. Si tu as opté pour le repas du soir, c'est à cette heure même que tu dois manger.
Viviane DIATTA
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