Des brouilles aux Parcelles-Assainies
Le début du vote aux Parcelles-Assainies a connu, hier, un grand retard. Des présidents de bureau ont démissionné de leur poste. A cela, s’ajoute le retard dans la livraison et l’installation des équipements arrivés à 11 h.
"C'est irrespectueux, ce qui se passe. Tout ce travail devrait être fait depuis longtemps. On ne peut pas venir tôt et attendre que des bureaux soient installés’’, dénonce un électeur, Adama Diop. Depuis 7 h, ce sexagénaire est à l'école Unité 8 des Parcelles-Assainies, son centre de vote. Il a planifié de voter tôt et se libérer. Son plan a foiré, à cause du retard noté. Il a préféré rentrer. Il ne peut plus attendre. Il n’est pas le seul à avoir pris la décision de rebrousser chemin. Prévu à 8 h, le vote a démarré à 9 h 30, au centre de l'Unité 8. Il n'y avait ni de bulletins, encore moins d'encre à 8h et presque rien n’est installé. Le président du centre et les présidents des bureaux sont à la tâche pour régler la situation.
Partout dans le centre, les gens rouspètent. Ils dénoncent les manquements. Si certains rentrent, d'autres préfèrent patienter. Aïsha Gningue tient l'Etat pour responsable de toute cette situation. "L'Etat avait le temps de gérer tout cela. Il ne l'a pas fait. Il a préféré se concentrer sur autre chose. Ce n'est pas du tout normal. J'ai de la peine pour toutes ces personnes du 3e âge qui attendent depuis le matin. C'est irrespectueux", dénonce-t-elle. Astou Diop, accompagnée par sa petite fille, n'en peut plus de la situation. Assise sur une table, elle doute de la tenue du scrutin. La vieille pense qu’elles seront reportées. "Qu'on nous libère. On est fatigué d'attendre", fulmine-t-elle. Cette vieille a quitté son domicile après la prière de l'aube. Elle se plaint d'un mal de pied, mais ne compte pas bouger des lieux. "Même si le vote se fait à 20 h, je vais le faire. La seule chose que je regrette, c'est de n'avoir pas pris mon petit-déjeuner convenablement. Mais il faut qu’on évolue. On ne peut pas se permettre certaines choses. Tout devrait être en place depuis hier", déplore-t-elle.
‘’C’est la première fois de ma vie que je manque un vote’’
C'est vers 9 h 30 que le bureau de vote du maire sortant Moussa Sy a officiellement ouverts. Les 17 autres bureaux suivront à 10 h. ‘’Il y a des changements dans l’organisation du vote. On vote désormais deux fois. Il est normal qu’il y ait quelques couacs, de petits retards, etc., même si nous avons une Administration professionnelle. C’est vrai qu’il y a quelques présidents de bureau qui sont arrivés en retard’’, dit-il. Pour lui, le plus important est que cette élection se passe dans la paix, que le vainqueur soit connu et que les autres candidats le félicitent.
La situation à l’Unité 14 des Parcelles-Assainies est pire qu’à l’Unité 8. Ce centre, qui polarise 21 bureaux, n’a vu aucun d’entre eux ouverts à 11 h. L’encre, les enveloppes, les bulletins, rien n’était sur place. Les votants ont dû patienter. Au bureau 2 dudit centre, le président a démissionné. Dans les bureaux 5, 17 et 18, il n’y avait personne, ni président, ni assesseur. C’est à 11 h 10 mn que le matériel électoral est arrivé. Le vote a finalement commencé vers 11 h 30 dans certains bureaux. Dans d’autres, ils ont dû attendre encore, parce que les bulletins de la coalition Yewwi Askan Wi ne sont pas disponibles. La tension est palpable dans ce centre. Policiers et citoyens se regardent en chiens de faïence. C’est dans ce centre que vote le candidat du PS, Mamoudou Wane, et celui de Yewwi Askan Wi, Aboubacar Djamil Sané.
Pour la première fois, Amadou Ly ne va pas voter. Pourtant, il est là depuis les aurores, bien qu’il soit âgé et malade. Il tenait à accomplir son devoir citoyen. Seulement, sa situation sanitaire ne lui permettait plus d’attendre. Il a dû rentrer à cause de la forte canicule et de l’absence de chaise où s’asseoir. ‘’J’ai 87 ans. C’est la première fois de ma vie que je rate un vote. J’ai mal, parce que ma voix peut servir. J’ai l’impression qu’on n’avance pas au Sénégal. Plus les années passent, plus on est en retard. Ce retard noté dans le démarrage ne se justifie pas. Cela montre que l’Etat manque de rigueur. Le ministère de l’Intérieur devrait tout organiser. Les bureaux devraient être prêts même avant la fin de la campagne. Hélas, c’est dommage’’, déplore le vieux Amadou Ly.
‘’Le sous-préfet est responsable de tout cela’’
Venu voter, Aboubacar Djamil Sané, candidat de la coalition Yewwi Askan Wi aux Parcelles-Assainies, n’a pas pu le faire. Le matériel n’est pas encore installé au bureau 19 où il doit voter. Interrogé par ‘’EnQuête’’ sur les couacs, il souligne qu’avant de venir au bureau de vote, il a appelé le sous-préfet, puisque des membres de la coalition Yaw l’ont saisi pour signaler des manquements.
Le sous-préfet lui a assuré que tout le matériel est en place. ‘’Je suis arrivé et, à ma grande surprise, j’ai constaté de visu que rien n’a été fait. Il n’y a pas d’encre, pas d’enveloppes pour des candidats de la ville et de la coalition Yewwi Askan Wi. Les électeurs qui se sont déplacés ne peuvent même pas accomplir leur acte citoyen. Nous ne pouvons pas l’accepter. Parce que c’est quelque chose de voulu. Il est 11 h et personne ne peut voter depuis 8 h. Le sous-préfet est responsable de tout cela’’, prévient-il. Ce dernier est rentré pour revenir dans l’après-midi, le temps que tout soit en place.
Le décor est le même aux centres des Unités 12 et 10. Une situation que déplore également le candidat du Parti socialiste, Mamoudou Wane. Le coordonnateur de la coalition Benno Bokk Yaakaar, Amadou Bâ, explique que la situation est due au caractère de ces élections. ‘’Ce sont des Locales, il y a beaucoup de bulletins et la logistique est trop lourde. Ce qui fait qu’il peut y avoir des manquements’’.
VIVIANE DIATTA