La mairie de DE Hann/Bel-Air dément en bloc
Munie de documents en bonne et due forme, la mairie de Hann/Bel-Air a démenti l’ancien chef de cabinet de Babacar Mbengue, Momar Gningue. Ce dernier accuse le maire de surfacturation et abus de biens publics. La mairie a également déposé une plainte.
La mairie de Hann/Bel-Air n’a pas tardé à réagir aux accusations portées à son encontre par l’ancien chef de cabinet du maire Babacar Mbengue, Momar Gningue. En effet, le secrétaire général de ladite mairie, par ailleurs Conseiller aux affaires communales principal de classe exceptionnelle, Issa Guèye, a reçu ‘’EnQuête’’ pour livrer la part de vérité des autorités de la localité dans cette affaire. Il est revenu sur les points techniques de ce dossier et a démonté pièce par pièce chaque accusation.
L’un des sujets polémiques porte sur la construction d’une voirie au niveau du camp Meunier. En premier lieu, M. Guèye note qu’il s'agit d'une demande urgente de la population. ‘’Un mois avant chaque vote du budget, il y a un débat d’organisation budgétaire. Pour que ça soit participatif et inclusif, on envoie un courrier à tous les délégués de quartier, conseillers municipaux, présidents de commission, présidents de conseillers de quartier, etc., pour recueillir leurs attentes prioritaires en matière d’investissement. Il faut dire qu’au niveau de Hann-Mariste, il y a une large organisation sous forme d’association’’, explique-t-il.
Ainsi, c’est dans ce cadre que ladite association leur a fait part des problèmes sécuritaires qu’il y a eu aux Maristes. ‘’La sécurité relève de l'Etat central. Il y avait un espace dans l’aménagement qui était destiné à un poste de sécurité. Maristes étant une zone où intervient la gendarmerie, on a écrit au général de l’époque, pour lui dire la préoccupation de nos populations et que nous étions prêts à financer un poste de gendarmerie. Content de cette initiative, le colonel Bertrand Bocandé, l’actuel Directeur de l’Administration pénitentiaire, est venu ici pour monter des plans. On est allé sur le site et il nous a effectivement dit que c’est une zone de la gendarmerie, mais qu’il allait répondre à notre courrier’’, informe-t-il.
D’ailleurs, il soutient que le bon de commande adressé à l’entreprise Bacsen montre qu’il s’agit d’un bâtiment administratif qui diffère d’un ‘’célibatorium’’ (construit par la gendarmerie. ‘’Nous, c’est le poste de gendarmerie qui nous intéresse et nous l’avons construit à hauteur de 45 millions’’, dit-il, en exhibant les documents relatifs à cet édifice où le revêtement du sol est également réalisé à l’intérieur comme à l’extérieur.
Or, Momar Gningue et Cie disaient qu’une somme de 65 millions de francs CFA a été attribuée à la commune de Hann/Bel-Air pour la réalisation de ce chantier. À propos du Fera (Fonds d’entretien routier et autonome), Issa Guèye précise que c’est un projet de l’Etat du Sénégal qui finance. ‘’L’Etat ne met pas les fonds à notre disposition. Ces 65 millions F CFA là, vous ne les verrez jamais dans notre budget’’, fait-il remarquer.
‘’Le ‘mbar’ n’a pas coûté que 5 millions…’’
L’autre point porte sur les travaux d’aménagement de la devanture du cimetière de Hann-sur-Mer. Rappelant que le crédit inscrit n’est qu’une prévision, celui qui est également coordonnateur des services municipaux à Hann/Bel-Air nous a présenté un document visé par le receveur-percepteur municipal et signé par le maire. Il y est écrit que le montant exécuté est de 91 millions 957 mille 400 F CFA.
‘’Dans certains marchés, quand vous regardez le budget et quand vous regardez le plan de passation, vous n’avez pas les mêmes lignes. Eux, c’est ça qu’ils n’arrivent pas à comprendre ; c’est ça leur problème’’, souligne Issa Guèye. ‘’Tous les marchés de même nature doivent être regroupés et allotis. Par exemple, tous les marchés de pavage, il faut les regrouper (si c’est la même année budgétaire), poursuit-il. Ainsi, toujours muni d’un document en bonne et due forme, il note que le ‘’’mbar’ n’a pas coûté que 5 millions 720 mille’’.
De plus, dit-il, ‘’à l’intérieur du cimetière, il y a une salle mortifère et des toilettes qui ont été réhabilitées. Et le mur a été surélevé, parce que quand on passait devant le cimetière, on voyait les tombes… Mais ils ne le disent pas, ils parlent seulement de ‘mbar’. C’est la malhonnêteté, la dose politique’’.
En ce qui concerne le dossier relatif aux travaux de pose d’un gazon synthétique, le secrétaire général de Babacar Mbengue confie, avec fierté, que c’est lui-même qui a conduit le projet, du début à la fin. ‘’Dakar manque terriblement de stades. Les jeunes de Hann/Bel-Air étaient obligés d’aller à Iba Mbar Diop ou au stade Alassane Djigo de Pikine pour jouer aux navétanes. Souvent, il y avait des bagarres et les enfants avaient des problèmes au retour’’, explique-t-il.
Issa Guèye ajoute qu’au niveau de Hann-Mariste, il y avait un grand espace qui était morcelé, au temps de Mamadou Diop. Ce dernier, sur la demande des populations, avait exigé la restitution de tous ces espaces-là pour en faire un terrain de football. ‘’C’était juste un espace clôturé. Et le mur de clôture n’était bon que sur 50, voire 100 m. Et nous, lorsqu’on n’est venu, il n’y avait aucun moyen. On a dit qu’on va faire un projet évolutif, financé sur fonds propres, pour qu’il ne soit pas privatisé plus tard. D’abord, ça a commencé avec la tribune centrale suivie de l’électricité. Après, c'est le bâtiment administratif et le logement du gardien qui sont réhabilités. Les toilettes ne sont pas en reste. D’ailleurs, il n’y en avait jamais eu. Les gens faisaient leurs besoins n’importe où’’, fait-il savoir.
‘’Il n’y a pas de marché plus transparent que…’’
Ainsi, c'est dans cette perspective de construction que la mairie a décidé de lancer un appel d’offres pour trouver du gazon synthétique. Lorsque ce marché a été lancé, la commune de Hann/Bel-Air qui avait prévu, dans son budget d’investissement 2008, des crédits (520 000 000 F CFA), a reçu deux offres : celle de CSTP de Mbaye Faye (590 447 515 F CFA) et celle du groupement Venturelli-Probatis. À l'issue de l’évaluation des offres, la commission des marchés a proposé l’attribution du marché au groupement Venturelli-Promolo Probatis pour un montant de 484 481 025 F CFA.
Relativement à cette affaire, des conflits ont alors opposé la CSTP et la commune. Dans sa décision n°045/19/ARMP/CRD du 13 mars 2019, l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) a déclaré le recours de CSTP irrecevable et a ordonné la confiscation de la consignation. Ce, après avoir constaté que le Comité de règlement des différends (CRD) avait ordonné l’annulation de la procédure de l’appel d’offres pour les travaux. ‘’Il n’y a pas de marché plus transparent que celui-là. J’ai suivi ce marché particulièrement comme du lait sur le feu, compte tenu du volume d’investissement. Ce n’est pas le marché le plus cher. Il y a lieu de souligner que c’est la première fois qu’une commune investit autant pour du gazon synthétique’’.
Au sujet du document administratif qui est dénigré par Gningue, Issa Guèye déclare : ‘’Dans un compte administratif, chaque page est paraphée et, à la fin, il y a la signature du maire et du sous-préfet. C’est n’est pas possible de manipuler un compte administratif. Chaque année, le maire rend compte de l’exécution du budget. C’est une comptabilité à double partie. Il y a la comptabilité administrative du maire, mais il y a aussi celle du receveur percepteur qui est inspecteur du trésor. Il doit y avoir deux documents identiques. On n’a jamais eu un compte administratif rejeté. Et depuis qu’on est venu ici, il n’y a jamais eu un compte administratif aussi détaillé que le nôtre.’’
Comment se fait-il que Momar Gningue et Cie aient attendu tout ce temps (depuis 2009) pour se prononcer sur cette affaire ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres. Les uns parlent de règlement de comptes politique. En effet, selon nos informations, l’accusateur est en train d’appeler des citoyens à se mobiliser, en vue de préparer les élections locales. ‘’Les projets du maire font peur. Il est en train de faire de belles réalisations. C’est pour cela qu’il est apprécié. Ainsi, comme les populations sont très calmes, alors que les élections arrivent, ceux qui s’opposent ont voulu qu’il y ait un peu de perturbation’’, analyse M. Guèye.
Compte tenu de tout cela, le maire Babacar Mbengue décide porter l’affaire devant la justice.
BABACAR SY SEYE