Publié le 22 Apr 2024 - 22:07
ACTIONNARIAT DE « TV5 Monde »  

Quatre autocrates africains en passe d’entrer au capital du groupe audiovisuel

 

Dans le cadre de la mise en œuvre de son plan stratégique pour 2025-2028 porté par son président Yves Bigot et avec l’aval de l’Élysée, la chaîne publique audiovisuelle française « Tv5 Monde » souhaite faire entrer sept pays d’Afrique dans son actionnariat. Dans ce lot, quatre d’entre eux (Gabon, Congo-Brazzaville, RDC et Cameroun) dirigés par des régimes autocrates réputés piétiner la liberté de la presse, a révélé Arnaud Froger, journaliste au « Canard enchaîné » par ailleurs responsable du bureau Investigation de Reporters sans frontières, le mercredi 17 avril 2024. Le sujet, qui sera abordée le 30 avril prochain au conseil d’administration du groupe audiovisuel, inquiète depuis lors la rédaction et les organisations de défense de la liberté de la presse.

 

Des chefs d’État africains autocrates bientôt actionnaires de la chaineTV5 Monde ? L’hypothèse de voir quatre autocrates africains entrer au capital de TV5 Monde pourrait bientôt se concrétiser. Elle s’inscrit dans le plan stratégique de la chaîne publique pour 2025-2028. Elle sera d’ailleurs abordée le 30 avril prochain au conseil d’administration rassemblant l’ensemble des partenaires du groupe d’audiovisuel public français. À cette occasion, les actionnaires découvriront l’identité de sept membres potentiels, tous issus du continent africain : la République démocratique du Congo, le Cameroun, le Gabon, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin. Le projet porté par Yves Bigot, le président de TV5 Monde, a reçu l’aval de l’Élysée qui y verrait une main tendue de la France dans une période où le ressentiment envers le pays n’a jamais été aussi exacerbé.

Dans l’accord qui va lier les nouveaux actionnaires (à hauteur de 600 000 euros environ par pays, 4,2 millions d’euros au total) au groupe public (116 millions d’euros de budget) figurera aussi une collaboration éditoriale. Les nouveaux partenaires se verront offrir un accès aux programmes, magazines, fictions, des coproductions seront possibles et les JT nationaux des pays seront visibles sur les antennes de TV5 et sur la plateforme numérique. Le patron de la chaîne publique, Yves Bigot, s’est lancé dans une tournée à la rencontre des chefs d’État des pays concernés. Dans ce cadre, il a déjà notamment rencontré Denis Sassou-Nguesso, président autoproclamé depuis plus de quarante ans de la République du Congo-Brazzaville), et Félix Antoine Tshisekedi Tchilombo, « élu » en 2018 président de la République démocratique du Congo (RDC) au terme d’un scrutin qualifié « de putsch électoral » par ses opposants. Le Pdg doit s’envoler cette semaine pour Libreville afin de rencontrer le général putschiste gabonais Brice Oligui Nguema, au pouvoir depuis le 30 août 2023.

L’inquiétude domine également dans la rédaction de TV5 où l’on s’étonne de ce casting réalisé sans concertation, la précipitation dans la démarche et le chrogramme de cette décision portant projet baptisé « convergences francophones » qui s’inscrit dans un agenda politique très serré. Pour la rédaction, si l’ouverture à la francophonie au Sud est une évidence, elle ne doit se faire avec n’importe quel État. Elle requiert un minimum de transparence. En outre, dans une note que Télérama a pu consulter, les rédacteurs en chef Afrique interrogeaient la direction sur le choix de ces pays et les éventuelles conséquences éditoriales. Des questions auxquelles la direction a répondu en proposant de renforcer la charte de la chaîne. Le nouveau virage de TV5 Monde, l’année de son quarantième anniversaire, est amorcé. Reste à connaître la réaction des partenaires belges, suisses ou canadiens, pas consultés jusqu’ici et qui auront leur mot à dire. À commencer lors du conseil d’administration du 30 avril qui s’annonce mouvementé. L’ouverture du capital de TV5 Monde à ces pays et la tournée qui l’accompagne ont été révélées par le Canard enchaîné le mercredi 17 avril. Arnaud Froger, responsable du bureau Investigation de Reporters sans frontières (RSF), a vivement réagi à ces informations sur le site de l’association.

Malamine CISSE

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