Un avant-goût qui fait saliver
En attendant la grande première de ‘’Raabi’’, prévue ce vendredi 1er juillet au Théâtre national Daniel Sorano, un avant-goût a été proposé ce lundi au grand public. C’est la Troupe dramatique nationale qui était sur scène.
Dans les coulisses et couloirs, certains révisaient encore leur texte. Normal, on est au théâtre. Le texte, on le maitrise. Les scènes se jouent en live. Pour des professionnels comme ceux de la Troupe dramatique nationale, les erreurs ne sont pas permises. Ainsi, on ne comptait plus les va-et-vient des comédiens qui ont la tête baissée sur leur texte. D'autres, par contre, se pavanaient dans leur boubou traditionnel.
"C'est une séance de travail. Une répétition d'un certain nombre de scènes. ‘Raabi’, c'est 2 heures de spectacle au minimum. Ce que nous allons essayer de proposer aujourd'hui, c'est juste un avant-goût", déclare le metteur en scène de cette pièce, Seyba Traoré. Il précise, d’emblée, que ‘’Raabi’’ est une adaptation du roman du colonel Moumar Guèye. "Raabi, l'actrice vedette, au-delà des difficultés qu’elle rencontre jusqu'au trépas, ce sont également des sujets inhérents à la société qui sont développés dans cette pièce", ajoute-t-il.
En effet, à travers cette mise en scène, on peut découvrir que le roman n'est pas constitué que de "souffrances" pour le personnage principal Raabi. On se rend compte aussi que l'auteur a essayé notamment de revenir sur la "sacralité" de la virginité.
En outre, avec une partie du décor à Niodior, en pays Niominka, un hommage est plus ou moins rendu à la culture sérère. Les prénoms choisis, la danse, les chants, etc., viennent le corroborer.
À la question de savoir si le rendu a été fidèle à l'œuvre originale, le colonel Moumar Guèye a répondu que "l'essentiel est de sortir la quintessence du roman et cela a été bien fait. Déjà, les premiers lecteurs de ce roman n'arrêtaient pas de me dire que j'avais plutôt écrit un scénario de film. Donc, cette adaptation n'est aucunement une surprise pour moi", déclare l'homme de lettres. "L'idée de cette mise en scène était de mettre en évidence les abus, les tares de notre société sénégalaise. Et ainsi permettre à ceux qui n'ont pas eu l'occasion de lire l'ouvrage de le découvrir sous sa version théâtrale. ‘Raabi’ est une peinture, une radioscopie sociétale du Sénégal", dit le romancier.
Il poursuit en évoquant les grandes lignes de son œuvre. "Du viol au mariage forcé, en passant par l'émigration clandestine, tout y passe. Ce qui a été présenté aujourd'hui n'est qu'un avant-goût, une esquisse des thématiques abordées dans le roman. Nous reviendrons plus dans les détails, avec l'expertise bien sûr du metteur en scène, ce vendredi", développe le colonel Guèye.
Selon l’auteur toujours, cette pièce est une "acceptation", une "validation du contenu de son roman. Il considère par ailleurs son œuvre comme un condensé de ses expériences, de son vécu. "Vous me direz que c'est une œuvre fictive. Mais, en réalité, rien n'a été inventé et pour revenir à Raabi, l'actrice ou le personnage principal, c'est selon, il faudrait retenir le symbole qu'elle représente", indique Moumar Guèye.
"La malédiction de Raabi", une belle histoire à voir sur scène ce vendredi 1er juillet à Sorano. La grande première de la pièce, soit deux heures de spectacle, vous sera servie.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS