Publié le 7 Dec 2022 - 19:07
AFFAIRE ADJI SARR

Les minutes de la confrontation

Le moment tant attendu dans ce dossier qui tient en haleine le pays depuis février 2021, a eu lieu, hier. La confrontation entre Ousmane Sonko et Adji n’a pas été riche en révélations, mais il s’en est passé des choses.

 

Hier, les acteurs présents, dans le bureau du doyen des juges, s’accordent à dire qu’ils n’ont pas assisté, à proprement parler, à une confrontation, mais plutôt à des séances de questions-réponses, de simples interrogatoires. Dans le lot, Me El Hadj s’est distingué avec des questions, dit-on, qui n’avaient rien à voir avec le procès. Mais Ousmane Sonko ne l’a pas laissé aller loin. Il lui a lancé : ‘’Je ne vais pas vous répondre, pour plusieurs raisons. D’abord, vous passez tout votre temps à m’insulter dans la presse (…) D’ailleurs, si la loi s’appliquait à vous, vous ne seriez pas là, en ce moment, en tant qu’avocat, parce que vous avez été condamné pour agression sexuelle à Paris.’’

Cette réponse, soulignent nos interlocuteurs, a semblé désarçonner l’avocat qui s’est lancé dans des explications, pour dire que cette affaire-là n’a rien à voir avec la procédure intentée par Adji Sarr.

Toujours est-il que Sonko, dit-on, a refusé de lui répondre. Même chose pour l’autre avocat d’Adji, Me Abdou Dialy Kane, mais pour des raisons différentes. Lorsque la robe noire lui a posé la première question, Sonko lui a répondu : ‘’Vous, vous n’êtes pas comme l’autre qui fait des déclarations dans la presse. Mais vous aviez déclaré, lors d’une interview, que vous avez une preuve irréfutable du viol. Le jour où vous apporterez la preuve du viol, je répondrai à toutes vos questions.’’

En effet, l’opposant a sorti l’interview dans laquelle l’avocat a fait cette déclaration.

En outre, l’opposant a, une nouvelle fois, refusé de répondre aux questions du représentant du parquet, le procureur Amady Diouf, qu’il considère comme partie intégrante du complot. Par contre, il a répondu au juge qui ‘’n’a pas posé beaucoup de questions’’.

Adji Sarr a aussi choisi les questions auxquelles elle allait répondre. À Me Bamba Cissé qui lui a posé la première question, elle a répondu : ‘’Je ne vais pas vous répondre, parce que je ne vous considère pas comme un avocat, mais un militant.’’ Ensuite, après s’être consultée avec son avocat Me El Hadj Diouf, elle a décidé de ne pas répondre aux questions des autres avocats de Sonko qui, dit-on, étaient venus avec une centaine questions.

Cependant, elle a répondu à celles du doyen des juges et du parquet. Elle est revenue par le menu sur les viols. Adji Sarr révèle avoir été violée à ‘’cinq reprises’’. Elle a donné des dates et déclaré que, la première fois, elle avait été prise par-devant et par-derrière. Interrogée sur les raisons pour lesquelles elle ne s’était pas défendue, elle a répondu avoir subi des menaces.

À ce propos, Adji Sarr a été relancée sur les pistolets qu’elle disait Sonko détenir, lorsqu’elle avait été violée la dernière fois. Mais elle est revenue sur ces déclarations, pour dire qu’en réalité, il n’y a jamais eu de pistolet. Mais que Sonko lui faisait subir des ‘’menaces psychologiques’’, en lui disant qu’il était puissant et qu’elle ne pourrait jamais rien contre lui.

Également, la plaignante avait déclaré qu’elle détenait des preuves du viol, notamment une vidéo. Elle a été invitée à la produire. Ce qu’elle n’a pu faire.

À souligner aussi que la machine du greffier est tombée en panne. L’incident est intervenu, après 1 heure 30 minutes d’audition. À cause de ce dysfonctionnement, le dossier avait disparu. Ce qui avait fait courir la rumeur selon laquelle le procès-verbal d’enquête avait disparu. Le technicien dépêché sur place a pu la réparer, après une pause d’une heure. Mais elle est tombée à nouveau en panne. Il y a eu une nouvelle pause, mais cette fois-ci, il a pu la réparer définitivement.

À noter aussi qu’il n’y a pas eu d’échanges de propos entre Adji Sarr et Sonko. ‘’Chacun est resté dans son coin avec ses avocats’’, souligne-t-on.

Chose curieuse : le jugement de Paris qui concerne Me El Hadj Diouf a été versé dans le dossier. Nos interlocuteurs l’expliquent par le fait  que la victime de Me El Hadj Diouf était ‘’dans un état psychologie perturbée, tout le contraire d’Adji Sarr’’. Également, le rapport de la gendarmerie a été versé dans le dossier. Ousmane Sonko l’a remis au juge.

OUSMANE SONKO APRÈS LA CONFRONTATION AVEC SON ACCUSATRICE

‘’Que les parents d’Adji Sarr aillent chercher leur fille dépassée par la situation’’

Comme après son audition sur le fond dans cette affaire, le leader de Pastef a donné les détails de la confrontation qui a eu lieu hier dans le bureau du doyen des juges.  

Cette fois-ci, Ousmane Sonko n’a pas attendu le jour d’après pour rendre compte de son audition par le doyen des juges. Quelques heures après avoir quitté le bureau d’Oumar Maham Diallo, le leader de Pastef est revenu sur les détails de la fameuse confrontation avec son accusatrice, lors d'un live sur les réseaux sociaux.

D’abord, pour dire qu’il n’y a eu aucune altercation entre lui et Adji Sarr. La personne qui a laissé passer cette information est ‘’un gros menteur et le monde est habitué à cela, venant de lui'', regrette-t-il. ''C’est le fichier que le greffier n’arrivait pas à retrouver dans son ordinateur qui est à l’origine de l’interruption’’.

Au contraire, le maire de Ziguinchor a témoigné que la plaignante est restée correcte et respectueuse envers tout le monde, y compris lui-même. ‘’Malgré les tentatives de son avocat pour envenimer la situation, elle est restée correcte’’, assure Sonko. D’ailleurs, conseille l’opposant, ‘’je dis à sa famille qu’elle est dépassée par la situation. Elle est manipulée et ne sait plus où elle en est. Je suis sûr que si elle pouvait reculer, elle le ferait. Donc, que sa famille aille chercher leur fille au lieu de l’abandonner à des comploteurs’’. 

Sur l’audition en tant que telle, le leader de Pastef a dit avoir répondu à toutes les questions du doyen des juges, même ayant la possibilité de garder le silence. Mais cela n’a pas été le cas pour les parties de l’accusation : ‘’J’ai refusé de répondre aux questions du parquet, car celui qui le dirigeait (l’ancien procureur Serigne Bassirou Guèye) fait partie du complot. Aux avocats d’Adji Sarr, j’ai demandé à Me Dialy Kane de sortir les preuves de ma culpabilité qu’il disait détenir dans une interview dans la presse. Et qu’après cela, je répondrai à ses questions. Ce qu’il n’a pas fait. Au second avocat, Me El Hadj Diouf, je lui ai remis la décision de la Cour d’appel de Paris le condamnant pour agression sexuelle. J’ai ajouté qu’il devait être radié de l’Ordre des avocats du Sénégal. C’est pour cela que j’ai refusé de répondre à ses questions.’’

Toutefois, l’accusé dit avoir naturellement répondu aux questions de ses avocats.

‘’C’est à l’accusation d’apporter des preuves’’

Évoquant Adji Sarr, Ousmane Sonko est d’avis que l’accusatrice n’a pas le droit de ne pas répondre, après avoir soutenu sur tous les toits qu’elle détenait des preuves. ‘’Mais, je la comprends, car les questions de mes avocats étaient pertinentes. Maitre Bamba Cissé lui a posé une première question en français et elle a rétorqué qu’elle ne parle pas français. Pourtant, elle a assuré avoir rédigé la plainte elle-même. Une plainte dans laquelle sont cités des articles du Code pénal. L’avocat lui a ensuite demandé de montrer les preuves qu’elle disait détenir lors d’un live (avec Kaliphone). Elle lui a répondu qu’elle gardera le silence, car, mes avocats sont des 'militants'’’, rapporte-t-il.

Sur un ton serein, le candidat à la Présidentielle 2024 dit avoir demandé au juge d’instruction d’être impartial. Car, assure-t-il, on ne lui a donné aucune preuve des accusations pesant sur lui : ‘’C’est à l’accusation d’apporter des preuves. Tous les témoignages me disculpent. Je remis sur ses bras un rapport  de la gendarmerie prouvant le complot. Tous les témoins ont cité Mamour Diallo, les avocats Gaby Sow et Me Dior Diagne dans les PV d’audition. Dans son PV, le gynécologue Alfousseyni Guèye, qui a consulté la plaignante, a cité Me Sow et Mamour Diallo. Ils doivent être auditionnés.’’

Ousmane Sonko a terminé son intervention en assurant aux Sénégalais qu’il n’a jamais violé une personne de sa vie. ‘’C’est quelque chose d’extrêmement grave. Pire qu’un meurtre même. Donc, on ne rigole pas avec cela, d’autant plus que 14 personnes sont mortes à cause de cette histoire’’, jure-t-il.     Lamine Diouf  

GASTON COLY

 

Section: 
BANLIEUE – SAISIE DE 500 KG DE CHANVRE ET D’UN MILLIARD DE FAUX BILLETS : La gendarmerie de Keur Massar interpelle 4 individus
ORGANISATION DE L’ORDINATION ÉPISCOPALE DU NOUVEL ÉVÊQUE DE ZIGUINCHOR : Les assurances de l’administration territoriale
CRISE DANS LE SAHEL : Dakar, terre de refuge
ANNÉE SCOLAIRE 2024-2025 : Le département de Kolda a besoin de 2 000 tables-bancs et de 54 enseignants
DÉCLARATION DES ENTREPRISES DE PRESSE : Les exigences de la tutelle
COMMISSARIAT CENTRAL : Le commissaire Tendeng installe le chef de la SU
RECONNU COUPABLE D’ESCROQUERIE : Un homme âgé de 77 ans condamné à 2 ans de prison
ARRESTATIONS POUR DÉLITS D’OPINION : Y en a marre monte au créneau
BIRAHIME SECK, COORDONNATEUR GÉNÉRAL DU FORUM CIVIL "Le gouvernement doit rester concentré sur les priorités du Sénégal"
‘’Charlie Hebdo’’
Fi Natangue
APRÈS AVOIR PROMIS UN VISA POUR LE CANADA S. G. Dione plume sa petite amie à hauteur d’un million de francs CFA
LUTTE CONTRE L’INSÉCURITÉ DANS LE CENTRE DU PAYS : La recette du général de brigade Jean Diémé
MIGRATION IRRÉGULIÈRE ENTRE JANVIER ET JUIN 2024 : 294 embarcations, avec 19 260 migrants, sont arrivées aux îles Canaries
Incendie Senelec Ouakam
OMINATIONS CONSEIL DES MINISTRES : Mamadou Oumar Ndiaye remplace Babacar Diagne
Bougane en garde à vue
ARRESTATIONS ET CONVOCATIONS D’OPPOSANTS ET DE CHRONIQUEURS : L’étau se resserre  
ARRESTATIONS ET CONVOCATIONS : Politiciens et journalistes dans le collimateur de la justice
THIÈS : Un conducteur de moto-Jakarta retrouvé mort sur la route de Pout