Publié le 30 Jun 2014 - 10:13
ALLEMAGNE / ALGERIE

La revanche algérienne du "match de la honte"

 

En 1982, pour sa 1re apparition en phase finale de Coupe du monde, l'Algérie battait l'Allemagne. Mais était ensuite éliminée après un match "arrangé" entre la Mannschaft et l'Autriche. Ironie de l'histoire, elle retrouvera donc l'Allemagne en 8e de finale lundi prochain.

 

16 juin 1982, en fin d'après-midi.  A Gijon, l'Algérie fait ses grands débuts en phase finale de Coupe du monde. Opposée à la République fédérale d'Allemagne (RFA), elle fait figure de petit poucet prêt à être manger par l'ogre allemand, deux fois vainqueur de la compétition (1954, 1974) et champion d'Europe en titre.

Emmenés notamment par Rabah Madjer, Lakhdar Belloumi et Mustapha Dalheb (qui évolue alors au PSG), les Algériens vont pourtant réaliser l'un des grands plus exploits du football moderne. Contre toute attente, ils s'imposent en effet 2-1 face aux Schumacher, Rummenigge et consorts. Les 42.000 spectateurs et le monde entier sont médusés : pour la 1re fois, une équipe africaine bat une équipe européenne en Coupe du monde.

Quatre points au total 

Cinq jours plus tard, Dalheb et ses coéquipiers s'inclinent face à l'Autriche 2-0. Mais, prouvant ainsi que leur succès initial n'était pas un coup de chance, ils se reprennent pour leur troisième et dernier match de poule. Ils viennent alors à bout du Chili 3-2. Ils finissent donc cette phase de poule avec quatre points -à l'époque, la victoire ne vaut encore que deux points.

Mais ils ne sont pas pour autant qualifiés pour la suite de la compétition. Il leur faut pour cela attendre le résultat de la rencontre Allemagne-Autriche, programmée le lendemain. L'équation est simple : si l'Allemagne ne gagne pas, elle est éliminée, au bénéfice de l'Algérie. Problème : si elle gagne avec un ou deux buts d'écart, elle est qualifiée, tout comme l'Autriche, l'Algérie passant alors à la trappe.

Passe à onze

S'ensuit le 25 juin ce qui reste aujourd'hui comme le "match de la honte". A la 10e minute, Horst Hrubesch ouvre le score pour l'Allemagne. Pendant les 80 minutes restantes, les deux équipes offrent une parodie de football, jouant à la passe à onze, sans chercher à récupérer le ballon à l'adversaire. Jamais l'Autriche ne cherche à égaliser. Jamais l'Allemagne ne cherche à doubler la mise, et encore moins à la tripler, ce qui éliminerait sa cousine germaine.

Les spectateurs et téléspectateurs (dont votre serviteur, alors âgé de neuf ans) comprennent rapidement ce qui se trame  : les deux équipes semblent tout simplement s'être "entendues" pour bloquer ce score de 1-0 qui leur assure la qualification à toutes les deux. L'Allemagne finit donc 1re du groupe, l'Autriche 2e, l'Algérie 3e. Même la presse allemande ne cautionnera pas cette attitude.  "Nous voulions juste nous qualifier, pas jouer au foot", dira quant à lui  le sélectionneur allemand, Jupp Derwall. De leur côté, les Algériens quittent l'Espagne dégoûtés, mais en héros.

Décidé avant ou pendant ?

32 ans après, il n'est toujours pas clair si le score a été pré-décidé avant l'entrée sur le terrain, ou s'il l'a été pendant le match. Certains protagonistes affirment même que, face à la peur de l'élimination, aucune des deux équipes n'a tout simplement osé prendre de risque après le but allemand. Mais que rien n'a jamais été convenu ensemble.

A la suite de ce match, pour éviter un nouveau trucage, la Fifa décidera de programmer les deux dernières rencontres de poule en même temps dès la phase finale de 1986. Le système n'est cependant pas parfait puisqu'il permet encore des arrangements, comme auraient pu le faire l'Allemagne et les Etats-Unis jeudi.

L'entraîneur-adjoint, un ancien de 82

32 ans après, l'Algérie a donc réussi à se qualifier pour la 1re fois de son histoire pour les 8e de finale d'une Coupe du monde. Ironie de l'histoire, elle sera opposée lundi prochain à Porto Alegre à... l'Allemagne. Même si aucun n'était né en juin 1982, tous les Fennecs connaissent l'histoire.

D'ici lundi, ils pourront se la faire raconter une nouvelle fois par Noureddine Kourichi. L'entraîneur-adjoint de la sélection était en effet de l'aventure espagnole. Pour lui comme pour tous les Algériens de plus 32 ans, cet Allemagne-Algérie de 2014 -le 1er depuis 1982 !- est donc une revanche. Une revanche pour laver l'affront. Et ce d'autant plus qu'un éventuel quart de finale pourrait ensuite aboutir à un certain Algérie-France.

TF1

 

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