Appel au président de la république
Monsieur le Président de la République, après avoir constaté votre prise de pouvoir dans toute sa plénitude, nous avons été convaincus à n’en pas douter que vous avez la capacité de porter ce lourd fardeau républicain qu’est la fonction de président de la république.
En effet vous incarnez les qualités humaines telles que la compétence, l’esprit d’ouverture, l’humilité et surtout votre approche participative du fait politique. Mais, comme l’a écrit LÉNINE: « lorsqu’une idée pénètre le peuple elle devient une réalité sociologique » .C’en est ainsi de votre projet politique lequel est devenu une obsession pour les populations phagocytée par un fatras de contradictions à la fois dramatiques et drastiques qui ont pour noms : souffrance sociale, misère, népotisme, corruption, jeunesse sans avenir, une politique économique extravertie, des prébendiers invétérés, une politique sociale emmitouflée, un système éducatif paralysé etc…. C’est au regard de tous ces maux que le peuple dans sa totalité vous a sanctionné positivement dans la perspective de résoudre ce que Jean Paul Sartre appelait « la cause du peuple ».
Monsieur le président de la république, c’est au regard de tout cela que nous nous permettons de soumettre à votre très haute attention deux faits majeurs qui concourent à n’en pas douter au bon fonctionnement de la démocratie.
Le premier a trait au dossier fiscal de la presse. Monsieur le Président de la République point n’est besoin de souligner que la presse et la démocratie sont intrinsèquement liées. En effet la fertilité de toute démocratie repose sur la presse, car c’est elle qui irrigue par ses éléments le champ démocratique. C’est cette presse qui au-delà de son rôle d’information et de culture contribue à l’éveil des consciences sociales. C’est dans ce sens que Albert Camus écrit : « Le journal est la conscience d’une nation ».
C’est en tenant compte de tous ces éléments Monsieur le Président de la République que nous vous sollicitons de bien vouloir examiner le dossier de la presse dans le sens d’un apaisement susceptible de contribuer au renforcement de notre démocratie qui est quasiment aboutie.
Le deuxième fait Monsieur le Président de la République porte sur l’acceptation de la critique et l’autocritique du régime dont vous êtes l’incarnation.
Monsieur le Président de la République, point n’est besoin d’insister sur le fait que le Sénégal s’est engagé résolument dans la voie de de la démocratie c’est-à-dire la participation et la contestation. Pour cela il devient un impératif d’accepter la critique et l’autocritique. Ce qui contribuerait à l’animation du jeu et du débat politique sur des questions d’intérêt national qui portent sur l’avenir de tout un peuple. Comme l’écrit l’éminent politologue Roger Gérard Swazemberg: « À partir d’un minimum de développement socioéconomique, un régime accumule fatalement les erreurs et les fautes de gestion s’il n’accepte pas d’être éclairé par une critique libre et créatrice. Une société qui ne possède pas de canaux permettant de mesurer ses contradictions, d’en informer les gouvernants, d’en débattre librement s’achemine sûrement vers le blocage et sclérose ».
Kossoro Cissokho
Docteur en Droit public et science politique
Spécialiste en administration publique
Certifié de l’Institut International de droit du développement de Rome