Quel avenir musical pour Titi ?
Titi est un pur produit du label Prince arts. C’est Ngoné Ndour et son équipe qui ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Après plus d’une dizaine d’années de compagnonnage, des problèmes viennent de mettre un terme à cette collaboration. La chanteuse pourra-t-elle prendre son destin en main ? Réussira-t-elle seule ? Comment y parvenir ? Voilà autant de questions auxquelles EnQuête a essayé de répondre, en interrogeant quelques analystes.
Quelques jours avant son big show au Grand-théâtre, la chanteuse Ndèye Fatou Tine alias Titi a rompu les liens avec sa maison de production Prince arts. Au lendemain du succès de l’anniversaire de son orchestre, une question taraude les esprits : saura-t-elle garder le cap ? Les réponses sont mitigées. À Titi, les analystes lui reconnaissent le talent. ''Elle a du talent et une présence dans l’espace médiatique’’, relève le journaliste culturel de la radio Sénégal internationale (RSI) Alioune Diop.
Guissé Pène embouche la même trompette. ‘’Titi est talentueuse et a toutes les chances pour réussir’’, dit-il. Même son de cloche chez le patron du label 1 000 mélodies. Cependant, Baba Hamdy Diawara prévient : ''C’est vrai que Titi a énormément de talent, mais le talent à lui seul ne suffit pas’’. Selon lui, ''chaque artiste a besoin d’un label’’, car être accompagné de professionnels est important. ‘’Le talent ne suffit pas. Il faut prendre en compte d’autres paramètres’’, explique l’animateur de Rsi matin.
En effet, le label a pour mission, en plus de produire un artiste, de le manager, lui chercher des dates à travers le monde ou des links pour des featuring et des participations à des évènements de renommée. L’arrangement, la composition et les textes des chansons peuvent aussi être du ressort du label. Au Sénégal, ‘’on a beaucoup de musiciens, beaucoup d’arrangeurs, mais on n’a pas beaucoup de compositeurs’’, constate Baba Hamdy.
La vie sans Prince arts
Par conséquent, l'absence de Prince arts pourrait se ressentir dans la composition musicale de Titi, sauf si l'artiste prend les devants et s’entourent de ‘’professionnels’’, comme le lui conseille Guissé Pène, secrétaire général de l’association des métiers de la musique du Sénégal (AMS). Alioune Diop est lui d’avis que ‘’Titi ne devrait pas rompre les liens contractuels avec Prince Arts, car le label peut faire son affaire’’.
Guissé Pène n'est pas loin de le penser, car il considère qu'il ‘’n’y a aucun problème qui ne puisse trouver solution’’. Surtout que, ‘’quand Prince Arts sort un album, ses managers n’hésitent pas à mettre sur la table les moyens qu’il faut. Ibou Ndour, qui travaillait le plus avec Titi, est très humain’’, plaide l’auteur de ‘’Never say never’’. Le rêve de voir l’interprète de ‘’Guene ji dekk’’ renouer avec son ancien manager n’est pas impossible. ‘’J’attends l’arbitrage de Youssou Ndour’’, disait Titi sur cette affaire, lors d'une émission télévisée.
Toutefois, souligne Guissé Pène, ‘’l’avenir d’un artiste n’est pas lié à un label’’. Beaucoup d’artistes ont, dans le passé, claqué la porte de leur maison de production et s’en sont sortis malgré tout. C’est le cas du duo Pape et Cheikh. Mais il faut le reconnaître, ils ont d’abord connu un déclin, après leur départ du défunt Jololi, avant de revenir au sommet. Par ricochet, ils n’ont pas su prendre leur destin en main, juste après leur départ. Ils ne sont pas les seuls. Abou Thiouballo, Abdou Rass ou encore Bideew bu bess ont connu le même sort.
Interrogations
Après un grand succès, ils sont vite tombés dans l’anonymat, après leur départ. Mais, ceci n’est pas la règle, car des artistes comme Viviane ont su se défaire de leur manager et producteur, sans y perdre des plumes. Au contraire, leur carrière a connu un fulgurant envol comme par magie. Titi aura-t-elle la même chance ? Tout dépend d’elle.
‘’Il va falloir qu’elle se mette autour d’une table avec ses collaborateurs et qu'elle définisse son avenir, car elle va tout recommencer à zéro’’, analyse Guissé Pène. ‘’Être dans un groupe de presse ne signifie pas être dans un label. Prince arts a l’avantage d’être un label et en même un groupe de presse’’, affirme Baba Hamdy. C’est pour dire que même si D-Média a pu réussir l’organisation de la soirée anniversaire de l’orchestre ‘’Bari bagasse’’, il n’est pas évident qu’il puisse coacher un artiste. Aussi, Prince arts est le premier label de production au Sénégal, avec tout ce que cela inclut.
BIGUE BOB