La mauvaise tentation de l’info inexacte
Il y a des périodes comme la semaine qui s’achève : et la presse les traverse avec de ces informations si grosses, si inexactes qu’on les croit être les produits d’une manipulation ou encore d’un de ces phénomènes, comme la désinformation et l’intoxication, avec lesquels le journaliste est en butte dans la recherche de l’information, la vraie et vérifiée. Le ministre des Affaires étrangères, Sidiki Kaba, ‘’malade et évacué en urgence en France’’, la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières) qui traquerait des biens qu’aurait mal acquis l’ancien Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré, nouveau candidat à la présidentielle de 2019… Ajoutez à ces perles le relais, par la presse, des propos du député et ancien ministre de la Communication Cheikh Bamba Dièye, accusant les magistrats d’être des corrompus.
Dans la première affaire, des proches du ministre Kaba ont démenti et, d’autre part, l’apparition du concerné au ‘’Journal télévisé’’ de la chaîne de télévision Rts1, dans la soirée du 3 août, est une preuve que n’est pas avéré l’accident vasculaire cérébral qui aurait valu au ministre une évacuation à Paris. Certainement qu’un contact avec son conseiller en communication aurait évité de diffuser une information aussi alarmante. Dans le deuxième cas, c’est la Centif elle-même qui a démenti l’information annonçant sa traque d’une fortune suspecte de l’ancien Premier ministre Soumaré.
Dans le troisième cas, est encore aussi (voire plus) pénible, c’est-à-dire de lire, sur sa page Facebook, un ancien ministre tenir des propos aussi démesurés sur tout un corps, la magistrature en l’occurrence. Et des journalistes avaient-ils sans doute voulu vérifier qu’ils découvrirent en ce même espace personnel sur un réseau social que le ministre persiste dans ses déclarations d’une gravité indiscutable et qu’on est surpris, voire déçu de recevoir de la part d’un homme politique auquel beaucoup de Sénégalais vouent estime et respect. ‘’L'Ums (Union des magistrats sénégalais) et le Forum du justiciable sont dans leur rôle, tout comme je suis dans le mien. Ils ont dit en son temps et peut-être avec d'autres termes la même chose que moi. Aux autres qui gesticulent, je n'enlève pas une virgule de ce que j'ai dit’’, lit-on sur sa page Facebook. La déclaration est sans ambiguïté et son insistance sans concession. Tant et si bien que d’aucuns suspectent le jeune leader politique de vouloir être ajouté à la liste de ceux qui, sous nos cieux sénégalais, sont considérés par leurs partisans comme des détenus politiques. Et ce statut et cette mauvaise posture attirent une médiatisation sur laquelle ne cracheraient pas du tout des hommes politiques.
En tout cas, il appartient à la presse de faire preuve de mesure, quand des hommes politiques font dans la démesure et l’outrance. En n’ignorant pas que citer une information erronée ou des déclarations inexactes ou outrancières ne mettent pas à l’abri de poursuites judiciaires tout journaliste si de bonne foi est-il. Il est important de réagir en journaliste (qui veut dire responsable) et professionnellement précautionneux et même, pour ainsi dire, tempérant devant certaines informations fracassantes, même si elles peuvent être vraies.