La presse doit refuser de relayer l’insolence et la violence
Et si la presse décidait de refuser de relayer les discours et attitudes de certaines personnalités dont le fond de ce qui tient lieu de discours et d’action politique n’est qu’outrecuidance, grandiloquence, forfanterie qui n’apportent rien à la démocratie ? A regarder de plus près la passe d’arme entre un jeune député et le président de l’Assemblée nationale, les brusqueries du même jeune parlementaire à l’égard du Premier ministre venu répondre aux questions d’actualité des députés, l’on se demande si le public mérite qu’on lui rapporte ces attitudes qui ne sont que de la désinvolture devenue la marque de fabrique de leurs auteurs qui gagnent ainsi en notoriété.
Dans les années 80, histoire de témoigner respect à son public et ne pas promouvoir la violence dans les arènes, la Télévision nationale (Orts, ancêtre de l’actuelle RTS) décida de ne plus montrer des combats de lutte terminés par des K.-O. Oui, ces victoires furent choquantes ; elles furent frustrantes si tant est qu’un combat de lutte ne devrait se conclure que de cette manière, encourageant les lutteurs à être plus des pugilistes que des artistes de lutte pure et respectable.
Certaines des nouvelles chaînes de télévision ne se font pas l'émule que devrait être la RTS. En accueillant des "Face to face" qui ne sont rien d'autre que des moments et espaces de violences verbale et physique qui desservent plutôt ce "sport de chez nous" qui est tout le contraire du rugby défini comme "un sport de hooligan pratiqué par des gentlemen".
Et toutes ces scènes de pugilat et tous ces discours et attitudes d'hommes politiques sont amplifiés par des médias qui en redemandent, qui sont tout ouïe pour faire de l'audimat et du taux de vente.
Au moment où nous en sommes, à cause de très mauvais et tristes exemples que nous offrent certains parlementaires et hommes politiques, il est temps de considérer avec intérêt la question de la pertinence à refuser l’accès aux médias aux voyous et insolents de la politique. Ces derniers, plus ils sont insolents, vulgaires, plus ils se retrouvent à la une des journaux et appelés de sobriquets dont ils ne sont pas peu fiers. Nous osons parier que le député Moustapha Cissé Lô se sent valorisé et flatté par le titre "El Pistolero" que lui donne la presse à la suite d’un esclandre qui le vit sortir un pistolet (prêt à tirer sur son adversaire ou faisant semblant).
Mais certains ou un seul organe de presse le voudrait-il qu’on s’interrogerait sur cette hirondelle qui voudrait, elle seule, faire le printemps. Néanmoins, rien n’interdit d’essayer ; le public et le respect qui lui sont dus le revaudront aux médias et à leurs animateurs qui ont refusé (par convictions de toutes sortes) de relayer l’insolence et la violence.