‘‘Une parodie de justice’’

Dans ce qui n’était ‘‘ni une conférence ni un point de presse’’, dixit Me Ly, les avocats de Karim Wade et Bibo Bourgi se sont expliqués sur la bouderie en pleine audience où ne restait ‘‘naturellement que l’Etat du Sénégal seul avec les juges’’
La schématisation de Me Ciré Clédor Ly est parlante : ‘‘Une affaire politique avec un détenu politique pour des objectifs politiques’’. Ainsi, a-t-il qualifié les poursuites contre son client lors de la rencontre avec la presse hier, juste après que le pool d’avocats des défenses de Karim Wade et Bibo Bourgi ont quitté l’audience de la Cour suprême. Il s’en est pris à la juridiction qui représentait pourtant la dernière chance pour son client. ‘‘Il n’est pas question que nous cautionnions cette parodie de justice. Nous devons aider à la manifestation de la vérité, mais encore faudrait-il que les juges recherchent la vérité et pas que les avocats soient là pour justifier des décisions qui probablement son prises ailleurs. On n’a jamais laissé Karim se défendre convenablement’’, a-t-il déclaré.
La composition de la Cour a été la cause du courroux de l’avocat. Des violations inadmissibles, selon lui, car la juridiction avait une composition qui donnait de justes motifs et raisons de penser qu’elle n’était ni indépendante, ni impartiale. ‘‘Vous avez constaté que six magistrats ont siégé, alors que l’article 21 de la loi organique dit que la composition est impaire. La Cour aurait dû constater, rectifier ; et l’audience aurait pu continuer’’, se défend-il. Mais, c’est surtout la présence du conseiller Amadou Baal qui a indisposé les avocats de Karim et de Bibo. La récusation du membre de la Cour suprême, le conseiller Amadou Baal, ancien directeur de cabinet du ministre de la Justice Aminata Touré était l’un de leur cheval de bataille. L’avocat l’accuse d’être ‘‘un conseiller politique et non un conseiller juridique’’, lance-t-il (voir ailleurs).
En ce qui concerne la liberté d’office pour Karim Wade, introduite par Me Seydou Diagne, Me Ciré Clédor Ly a été plutôt fataliste quant au refus de la Cour. ‘‘Il est clair que toute autorité qui est au courant de la détention arbitraire, qui a le pouvoir d’y mettre fin et ne le fait pas, est responsable lui-même. Ce sont des règles du droit international, s’ils l’ignorent, tant pis !’’ lance-t-il. En ce qui concerne la prochaine échéance, l’avocat souffle le chaud et le froid. ‘‘Pour le 20 août, ils ont mis en délibéré un dossier auquel nous n’avons pas participé. Donc, nous n’y serons pas. S’ils rabattent le délibéré et rouvrent les débats, nous aurons à décider par rapport à la situation’’, précise-t-il. L’avocat de rassurer que ce ne sont pas les individus qui sont en cause. ‘‘On met le doigt sur un système, pas sur un juge. C’est le système judiciaire qui ne présente pas des gages sérieux pour l’organisation d’un procès équitable’’, conclut-il.
OUSMANE LAYE DIOP