Le gouvernement détaille la mesure
La compétitivité de la filière arachide est le principal facteur qui freine la commercialisation de son huile à un prix abordable sur le marché local. C’est ce qu’a fait comprendre le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, hier face à la presse. Il a aussi fait le point sur la baisse du prix du riz et du sucre, avec sa collègue du Commerce.
Pour alléger le panier de la ménagère, l’Etat a décidé, avant-hier, de réduire le prix de certaines denrées notamment, le riz, le sucre et l’huile de palme. Ces mesures visent aussi, selon la ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises (Pme), à soutenir la production. Par rapport à l’huile, malgré les différentes initiatives de l’Etat pour la substitution de l’huile de palme sur le marché local par celle d’arachide, les objectifs sont loin d’être atteints. Interpellé hier, sur le sujet, lors d’une conférence de presse conjointe avec son collègue en charge du Commerce et des Petites et moyennes entreprises (Pme), le ministre des Finances et du Budget a indiqué que c’est un problème de ‘’compétitivité’’ de la filière.
‘’L’huile d’arachide est aujourd’hui, hautement plus importante que l’huile de palme. Leurs prix n’ont rien à voir. Si nous voulons consommer de l’huile d’arachide naturellement, nous devons travailler dans la compétitivité de cette filière. Nous y travaillons. Parce qu’il n’est pas aisé, voire souhaitable que nous produisons de l’arachide à suffisance pour notre économie et que nous n’ayons pas les moyens de pouvoir consommer son huile. Parce que simplement le prix est extrêmement élevé pour le ménage sénégalais. Nous importons l’huile de palme brut que nous transformons au Sénégal. Très peu de Sénégalais arrivent à consommer l’huile d’arachide. Mais, il y a cette question de compétitivité qu’il faudra régler et on verra dans la structure des prix et nous y travaillons. Je ne veux pas donner ici, les premières indications. C’est au président de la République de le faire, au moment venu. Mais, il arrivera très rapidement, un moment où, les Sénégalais consommeront en grande majorité l’huile d’arachide’’, fait savoir Abdoulaye Daouda Diallo.
Il faut rappeler à ce propos que le Sénégal a été classé en 2019, le 9e producteur mondial d’arachide, selon un rapport de la Banque mondiale (Bm). Mais, il occupe la 15e place au classement de la production mondiale d’huile d’arachide. Le document intitulé ‘’Sénégal : de meilleurs marchés pour tous grâce à la politique de la concurrence’’, publié en septembre 2019, renseigne que le pays était le plus grand exportateur mondial d’huile d’arachide jusqu’au début des années 2000. Il est maintenant largement dépassé par l’Argentine et le Brésil, suite à une baisse continue de parts de marché dans les exportations mondiales d’huile d’arachide allant jusqu’à 11% en 2015/16.
Autosuffisance en riz
A côté de l’huile, le riz qui est aussi un produit de grande au Sénégal fait partie des produits pour lesquels l’Etat cherche à réduire les importations en atteignant une autosuffisance. ‘’Pour atteindre l’autosuffisance en riz, il faut encourager la production, en faisant de sorte que les producteurs puissent arriver à vendre leurs productions au niveau local. Il faut que l’activité soit compétitive. Il y a une difficulté d’écoulement du riz local, parce que le prix n’était pas attractif. Nous devons continuer à travailler davantage pour la promotion des produits locaux pour ne pas subir de façon inévitable les conséquences des chocs externes’’, dit le ministre des Finances.
Il convient de relever qu’à cause des chocs exogènes liés à la Covid-19, les prix de presque tous les produits ont connu un renchérissement au niveau international et se sont répercutés au niveau local.
Pour atténuer cette hausse, l’Etat a décidé avant-hier, de subventionner voire renoncer aux taxes et droits de douanes appliquées les produits de grande consommation. ‘’Ces mesures sont prises dans la nécessité d’alléger le coût de la vie et aussi de soutenir la production locale. Il ne s’agit pas uniquement de miser sur des prix bas, mais d’encourager en même temps la production intérieure. Pour ce qui est de la production de riz local, il était question de soutenir le prix aux producteurs pour rendre le secteur plus attractif et inciter davantage la production. Il y a de cela trois ans, nous n’avions pas pu trouver un prix consensuel sur le kilogramme de Paddy entre le producteur et le transformateur. Le producteur demandait 160 francs pour le Kg, alors que pour le transformateur, il était rentable d’acheter le Kg à plus de 130 francs. Il y avait donc, un gap de 30 francs CFA que l’Etat a décidé de combler à travers une subvention’’, affirme la ministre du Commerce et des Petites et moyennes et entreprises (Pme).
Les prix annoncés ne concernent que Dakar
Assome Aminata Diatta a également précisé à propos de l’effectivité de la baisse des prix que le principe c’est que dès que les mesures sont prises, elles sont d’application ‘’immédiate’’. ‘’Et nous avons misé sur la sensibilisation, puisque l’ensemble des mesures a été pris après concertation avec les acteurs, mais également, les organisations de commerçants. Aujourd’hui, les prix qui sont fixés concernent le détail et le demi-gros. Les prix que nous avons annoncés sont pour Dakar. Pour les autres régions, il faut comprendre que les produits quittant Dakar ont un autre coût supplémentaire avec le transport et la manutention. Ce va se répercuter sur le prix de revient du prix. C’est pourquoi, l’arrêté pris précise qu’il y a l’application d’un différentiel de transport retenu de concert avec les acteurs dans chaque région’’, dit-elle.
Il urge de souligner que concernant le riz, le sac de 50 kg va passer de 15000 francs à 13 750 francs CFA. Pour le sucre, en fin d’année, le président de la République avait pris une mesure pour maintenir le prix à 600 francs CFA. ‘’L’autre baisse concerne l’huile de palme, dont le litre est passé de 1200 francs à 1100 francs CFA. Ces importantes mesures ont une conséquence, notamment, sur la mobilisation de nos recettes avec la suspension des droits de douanes, par rapport au riz qui est devenu une denrée totalement défiscalisée. Pour le sucre, il y a une subvention, puisqu’il est produit localement. Une baisse à estimer à 3,9 milliards sur le budget. Ces trois mesures ont un impact global sur le budget de 50 milliards de francs CFA’’, rapporte par ailleurs Abdoulaye Daouda Diallo.
Pour l’énergie, le montant précisé sur la subvention est de 150 milliards de francs CFA. ‘’Nous sommes aujourd’hui, en proie à une tension mondiale extrêmement forte. Or, nous avons bâti notre budget sur le prix du baril qui tournait autour de 75 dollars. Aujourd’hui, ce baril a dépassé 100 dollars. Donc, cette subvention devrait passer autour de 200 milliards de francs CFA. La conséquence immédiate de cette baisse, c’est sur le prix du fret qui va augmenter. Mais, nous prendrons les mesures nécessaires pour rendre supportable ce prix. Actuellement, nous avons des marges budgétaires qui nous autorisent à fixer les prix à ce niveau, au-delà de délaisser carrément les droits de douanes et taxes sur certains produits’’, soutient le ministre des Finances.
MARIAMA DIEME