Les boutiquiers se défaussent sur les grossistes
Malgré la baisse du prix du sucre et de l'huile annoncée par le ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes entreprises, jusqu'à la journée de mardi, les boutiquiers détaillants continuent de vendre à 700 F CFA le kilo de sucre et à 1 200 F CFA le litre d'huile.
Le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME a réuni les membres du Conseil national de la consommation, le vendredi 5 mai 2023, pour discuter de l’évolution des prix de l’huile raffinée de palme et du sucre cristallisé qui connait une hausse sur le marché mondial et aussi pour arrêter des recommandations à l’attention du gouvernement.
D'après l’autorité, l'effet recherché est la stabilité du marché intérieur, tant au profit des consommateurs que des opérateurs économiques.
À la suite des échanges entre autorités, commerçants et consommateurs, des propositions de révision de prix ont été retenues. Pour l’huile de palme raffinée, le prix plafond proposé dans la région de Dakar à l’import est de 20 200 F CFA/bidon de 20 l ; à 20 700 F CFA au prix en gros. Au prix demi-gros, le bidon de 20 l est à 21 200 F CFA et au détail, le litre est à 1 100 F CFA, soit une baisse de 100 F CFA/litre au détail.
Concernant le sucre cristallisé, le prix plafond proposé dans la région de Dakar est à 616 000 F CFA/t à l'import, à 621 000 F CFA/t au prix en gros, 627 000 F CFA/t au prix demi-gros et à 650 F CFA le kilo au détail, soit une augmentation stabilisée à 75 F CFA/kg, du fait de la hausse des cours mondiaux, même si les efforts consentis par l’État ont permis de contenir cette hausse sur le marché intérieur.
Cependant, malgré ces mesures prises par le gouvernement, les prix restent intacts chez les détaillants. "L'État parle de baisse des prix de ces deux denrées alimentaires, mais en vérité rien n’a changé. Le sac de sucre est vendu entre 29 000 et 30 000 F CFA, voire 31 000 dans certaines localités. De même, le bidon de 20 l d'huile coûte 21 000 F CFA. Je me demande où se trouve la baisse dont le gouvernement fait allusion ? Avant-hier seulement, j’ai acheté un sac de sucre à 29 000 F CFA et un bidon d’huile à 21 000 F CFA", martèle un boutiquier détaillant de la place.
Répondant à la question de savoir s'il est au courant de la mise en place d'une cellule de contrôle des denrées, il rétorque : "Bien sûr ! L'État avait même placardé des affiches partout devant les boutiques. Mais quand on part dans les magasins, ils n'ont pas baissé leurs prix et ils ne négocient avec personne. Si tu veux, tu achètes, si tu ne veux pas, tu laisses."
Pour que les prix baissent, dit-il, il faut que l’État trouve un consensus avec les grands commerçants, parce que ce qu'il a proposé n'arrange pas ces derniers. C'est pourquoi ils font fi.
Embouchant la même trompette, un autre boutiquier dans son t-shirt bleu, s'exprimant sous le coup de l'anonymat, soutient que la baisse des prix ne dépend pas des détaillants, mais plutôt des grossistes. "S'ils diminuent les prix des marchandises, nous aussi, on est obligé de faire pareil. Car tout vendeur veut écouler au plus vite sa marchandise. Pour vous dire vrai, cette augmentation des prix ne nous arrange pas", plaide-t-il. Ces derniers jours, dit-il, "j'ai écouté à la radio que l'État a fait baisser les prix, mais si on a un stock, on ne peut pas appliquer la loi, tant qu'on ne le termine pas. Parce que si on applique la loi sur le coup, nous allons enregistrer beaucoup de pertes, car les marchandises actuelles ne sont pas concernées par la baisse".
La majeure partie des personnes interrogées sur la baisse du prix du sucre et de l'huile disent ne pas être au courant de cette mesure. "Je ne suis pas au courant de la baisse du prix du sucre et de l'huile. D'ailleurs, je viens tout juste d'acheter un litre d'huile à 1 200 F CFA", déclare notre interlocuteur.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)