Publié le 18 Jun 2020 - 16:29
BAMBA KASSE, SG DU SYMPICS

‘’Nous n’avons pas une lisibilité claire de la position du gouvernement sur la liberté de la presse’’

 

Présenté comme un des pays leaders de la démocratie africaine, le Sénégal n’en occupe pas moins une position ambiguë, en termes de liberté de presse. Malgré sa pluralité et sa diversité, le quatrième pouvoir vit avec des goulots d’étranglement que le gouvernement ne semble pas prêt d’enlever.   

 

Cheikh Yérim Seck a été libéré hier. Le journaliste a cependant été inculpé, après deux jours de garde-à-vue, et placé sous contrôle judiciaire par le doyen des juges d’instruction. Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, diffamation et outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions, suite à ses révélations assurant que les enquêteurs, lors de la perquisition chez le directeur de Batiplus, y auraient saisi 4 milliards de francs CFA et non 650 millions comme mentionné dans le procès-verbal de l’enquête préliminaire.

Soutenu par ses collègues syndicalistes et le patronat de la presse, le patron de YérimPost vient rallonger la liste des journalistes arrêtés puis libérés dans l’exercice de leurs fonctions. Un camouflet, pour la liberté de la presse dans le pays, qui vient confirmer l’aspiration des autorités à souffler le chaud et le froid sur la question. Si les atteintes contre les journalistes se sont espacées ces dernières années, la machine judiciaire à tendance à s’emballer, dès qu’une ponte de la République est visée dans la presse. Et comme le constate le rapport de Reporter sans frontières (RSF) 2020, au Sénégal, ‘’plusieurs médias ont été convoqués et intimidés pour avoir rapporté des faits de corruption. Les radios qui donnent la parole à des critiques du régime peuvent subir des pressions’’.

C’est sur cette ligne que s’inscrit le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (Synpics) Bamba Kassé. Pour ce dernier, ‘’la tentative (de museler un journaliste et une partie de la presse) est là, de même que les moyens pour y parvenir. Et, de façon globale, nous n’avons pas une lisibilité claire de la position du gouvernement sur la question de la liberté de la presse. A chaque fois qu’on fait un pas en avant, il en fait trois en arrière’’. 

Les faits semblent aussi confirmer cette hypothèse. Car le Sénégal dispose d’un paysage médiatique pluriel et la Constitution de 2001 y garantit la liberté de l’information. Un nouveau Code de la presse avait été adopté par l’Assemblée nationale en juin 2017. Cependant, il n’est toujours pas entré en vigueur, à cause de lenteurs notées dans la signature des décrets d’application par le président de la République Macky Sall. Ce qui fait dire à Bamba Kassé : ‘’On a vu des lois votées en une semaine, promulguées et publiées en 10 jours. L’on peut considérer que le gouvernement a eu la volonté de passer un cap, en faisant voter la loi. Mais depuis lors, il refuse de prendre le décret pour l’exécuter. On n’a jamais vu une loi prendre autant de temps pour que son décret se signe. On peut inscrire cela dans le livre Guinness des records.’’

Violation de la liberté de travail du journaliste

Ce qui est moins ironique pour le syndicaliste, c’est l’intimidation et la violation de la liberté de travail du journaliste. En plus, constate-t-il, dans l’Administration publique, il y a un mépris affiché par certains proposés à la sécurité, à l’encontre des journalistes. L’on se rappelle, en juillet 2015, des arrestations d’un journaliste et du directeur de la publication du quotidien ‘’L’Observateur’’, accusés de divulgation de secrets d'Etat, après la publication d’un article sur l'envoi de soldats sénégalais en Arabie saoudite pour soutenir la guerre au Yémen. Le directeur de la publication du ‘’Quotidien’’ avait aussi été poursuivi pour diffusion du procès-verbal d’enquête du chanteur Thione Seck, arrêté pour une affaire de faux billets. Idem pour le directeur de publication du journal ‘’EnQuête’’ qui a connu le même sort. 

C’est peut-être la dépénalisation du délit de presse qui pose encore problème. Un simple point sur une loi qui, une fois appliquée, servira à assainir un milieu qui n’a pas fait l’objet de régulation globale, pendant plus de 10 ans. ‘’Elle permettra de mettre en place un fonds d’appui dont l’objectif est d’en finir avec une presse précaire, pour devenir un secteur autonome. Tant que ce décret n’est pas signé, le statu quo est maintenu, de même que la précarité des organes de presse et des journalistes. Ce qui fait que l’on reste dans un système dit de médiocrité. Et tout ceci ne dépend que du président de la République’’, interpelle le journaliste.

Toutefois, Bamba Kassé se réjouit que le Sénégal fasse partie des pays où il n’y a pas de journaliste emprisonné, de façon générale. Ceci, bien qu’il y ait des journalistes dont les attitudes ne grandissent pas ce métier.  

Lamine Diouf

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