CÉRÉMONIE DE LEVÉE DU CORPS D'HISSÈNE HABRÉ
Un dernier hommage en toute sobriété
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La cérémonie de levée du corps de l’ancien président Hissène Habré s’est déroulée, hier, en toute sobriété, dans la cour de la grande mosquée Omarienne sise à la corniche-Ouest. Beaucoup de personnalités ont salué son combat contre l’impérialisme et pour le panafricanisme, avant de déplorer les poursuites judiciaires qui ont marqué la fin de son exil au Sénégal.
Un important dispositif sécuritaire a quadrillé les abords de la mosquée Omarienne sis à la corniche-Ouest, hier, en début d’après-midi. Les rayons du soleil dorent la grande cour de la mosquée où doit se tenir la cérémonie de levée du corps de l’ancien président tchadien Hissène Habré. La voix du muezzin résonne dans les haut-parleurs qui voient passer une centaine de fidèles se dirigeant vers la grande enceinte de la mosquée.
A la fin de la prière, un groupe de fidèles se déverse sur la grande avenue Malick Sy, alors qu’une poignée de personnes se dirige vers l’arrière-cour de la mosquée pour rendre un dernier hommage à Hissène Habré. Non loin de là, une ambulance garde jalousement son illustre hôte : la dépouille de l’ancien chef d’Etat tchadien.
Tout à coup, trois rangés se forment devant un cercueil enveloppé d’un drap noir portant des inscriptions en arabe. Au premier rang, on peut y distinguer des personnalités politiques comme Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Diallo (président Tekki), Cheikh Oumar Sy (ancien député Bess du Niak), ainsi que de nombreux membres de la communauté tchadienne au Sénégal. La cérémonie, d’une grande sobriété, débute avec l’arrivée de l’imam Thierno Mountaga Bachir Tall qui dirige la prière mortuaire entouré d’une nuée de journalistes et de photographes.
Quelques instants plus tard, l’ambulance, qui emporte la dépouille, s’ébranle sur la corniche en direction du cimetière musulman de Yoff.
Présent à la cérémonie, l’ancien député Cheikh Oumar Sy salue un grand panafricaniste et un grand président qui aura lutté toute sa vie. ‘’Nous saluons aussi la décision des autorités qui ont pris toutes les conditions pour qu’il soit enterré dans les meilleures conditions. Tout le monde se rappelle ses combats et il n’a jamais vendu son âme’’, déclare-t-il.
Son ancien avocat, Ciré Clédor Ly, de renchérir : ‘’Je suis venu rendre hommage à un combattant d’Afrique et du Tchad qui, sans son courage, serait toujours sous le joug des forces impérialistes. C’est un homme qui s’est battu contre l’impérialisme arabe et je crois que son héritage va transcender toutes les générations’’, clame-t-il avec force.
Toujours d’après la robe noire, les pourfendeurs de l’ancien président tchadien sont arrivés à leur fin. ‘’Ses détracteurs doivent être dans l’embarras. Ils ont fait subir à cet homme quelque chose qu’il ne méritait pas. Sa condamnation par les Chambres africaines extraordinaires était une condamnation à la peine capitale, car les textes ne prévoyaient aucune remise de peine, ni de clémence. Mais l’histoire le réhabilitera lui et son œuvre’’, s’exclame-t-il visiblement très ému.
Me Djibril War dénonce l’acharnement contre Habré
Même son de cloche chez le député Mamadou Lamine Diallo qui dénonce le manque d’élégance, en ne libérant pas Hissène Habré dont l’âge et la santé fragile en faisaient une personne à risque face au virus de la Covid-19. ‘’L’Etat du Sénégal n’a pas su faire preuve de compassion et de clémence dans cette affaire. Il y a une année, face à la pandémie, j’avais demandé qu’on le libère. A mon avis, le fait qu’il ait attrapé la Covid-19, lors de sa détention, est une honte pour notre pays’’, déclare le patron de Tekki.
Membre de la mouvance présidentielle, Me Djibril War, député de l’APR, a tenu à rendre hommage à un grand fils de l’Afrique qui, toute sa vie, aura lutté pour la défense de son peuple et de son pays le Tchad. Poursuivant son propos, le responsable ‘’apériste’’ à Grand-Dakar a fustigé l’acharnement des mouvements de défense des Droits de l’homme et de certains dans le dossier judiciaire d'Hissène Habré. ‘’Je ne sais pas si Habré est coupable. Ça, seul Dieu le sait. Mais je déplore l’attitude des droit-de-l'hommistes et des lobbys qui se sont constitués comme des bras armés de l’Occident qui, à force d’acharnement, ont obtenu la condamnation de Habré qui a su affronter avec courage l’adversité. L’Etat du Sénégal devait prendre ses responsabilités et la justice sénégalaise dispose d’instruments et moyens juridiques pour l’aménagement des peines et de la mise en liberté conditionnelle pour les cas comme celui de Hissène Habré’’, déclare-t-il.
Mahfouz NGOM
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