La candidate de la République du Cap-Vert  pour la présidence de la BAD, de retour d’une mission qui l’a menée au Ghana et en Mauritanie, a déjà affiché ses ambitions pour la succession du Rwandais Donald Kaberuka. Les axes stratégiques du programme de Cristina Duarte sont la transformation structurelle des économies des Etats africains, la mise en place d’une intégration régionale  réussie, une bonne politique d’inclusion des femmes…

La course à la succession de Donald Kaberuka, le président de Banque africaine de développement (BAD), est déjà lancée. Plusieurs candidatures ont été déclarées, en attendant le 30 janvier 2015, date limite de dépôt des candidatures. Parmi les candidats en course pour remplacer le Rwandais, il y a le ministre des Finances et du Plan du Cap-Vert, Mme Cristina Duarte. 

Après le Sénégal, où elle a été déjà reçue par le président de la République Macky Sall, Cristina Duarte s’est rendue au Ghana puis en Mauritanie, en quête de soutien. Suite à ce périple, elle est de retour à Dakar et a fait face à la presse. Lors de cette conférence qui s’est déroulée hier, la candidate du Cap-Vert a fixé ses ambitions. Sa candidature, affirme-t-elle, est basée sur la ‘’crédibilité’’ que le Cap-Vert a dans le continent, mais aussi son vécu dans le gouvernement où elle est ministre depuis 2006.

‘’Transformation structurelle de l’économie’’

Son premier objectif, une fois élue présidente de la BAD, est ‘’d’aider les pays africains à sortir de cette logique de gestion de la pauvreté et à entrer dans une logique de transformation structurelle. ‘’Si le Cap-Vert qui n’a pas de pétrole, de diamant, de l’or, du minerai, du fer, est en train de le faire, pourquoi pas les autres pays africains ?’’ se demande-t-elle. En outre, raconte-t-elle, le Cap-Vert, qui en 1975, ne disposait que de deux lycées et aucune infrastructure de base, a été considéré, depuis 2008, comme un pays crédible en Afrique.

En tant que ministre depuis plus de 10 ans, elle a participé, souligne-t-elle, à ‘’ce processus de transformation structurelle du Cap-Vert’’.  Une expérience qu’elle compte partager avec les autres pays du continent, pour ‘’aider l’Afrique à connaître un processus de transformation structurelle à travers la Banque africaine de développement’’. Ce qui fait aussi la ‘’légitimité‘’ de sa candidature, se vante-t-elle, est que son pays, le Cap-Vert, n’appartient pas aux blocs traditionnels : le bloc francophone, le bloc anglophone ou le bloc arabophone.

Les autres axes du programme de Cristina Duarte sont l’innovation, le secteur privé, l’intégration régionale, le financement, l’inclusion des femmes. La transformation structurelle, dit-elle, n’est pas possible sans innovation. C’est pourquoi, elle estime que grâce à cette innovation, il est possible d’accélérer la croissance économique et sociale des pays et produire des richesses. La présidence de Cristina Duarte à la BAD sera le moment pour l’institution ‘’d’entamer, avec le secteur privé, un dialogue permanent et profond’’, promet-elle.

‘’Aller au-delà des traités’’

Par ailleurs, l’intégration régionale n’est toujours pas une réalité en Afrique. Cette intégration, le ministre des Finances et du Plan du Cap-Vert veut la réussir, une fois à la tête de la BAD. ‘’C’est le moment d’aller au-delà des traités, des accords institutionnels, des conférences régionales pour commencer à mobiliser. L’intégration régionale commence par ouvrir un espace où les opérateurs privés peuvent développer leurs affaires’’, soutient-elle.

 La question du financement est revenue dans le programme de la candidate cap-verdienne. L’Afrique, selon une  étude de la BAD, a besoin d’une quarantaine d’années pour résoudre son besoin de financement. Cela constitue, d’après Cristina Duarte, ‘’un gros problème’’, parce que le continent noir reste confronté à un problème lié aux infrastructures et n’a pas de ressources financières suffisantes pour bien attaquer cette question. ‘’Je veux faire de la BAD une institution plus efficace en terme de mobilisation des ressources financières. Il faut aller au-delà de l’Afrique et mobiliser des financements pour le continent’’, donne-t-elle comme engagement.

Toutefois, les femmes ne sont pas en reste dans les préoccupations de l’actuelle ministre des Finances du Cap-Vert. L’Afrique, ne peut pas gagner le pari du développement sans les femmes, croit savoir Mme Duarte.

C’est pourquoi, elle propose que la BAD assiste les chefs d’Etat et de gouvernement à mettre en place un programme très fort, très conséquent, très réaliste d’inclusion de la femme. ‘’La femme en Afrique est confrontée à des droits d’héritage, des droits fonciers, à un problème sérieux d’accès au financement et continue à être confrontée à un problème d’accès à la formation’’, déplore-t-elle. Toute cette forme d’injustice, elle compte la réparer, une fois élue à la tête de la BAD.  

ALIOU NGAMBY NDIAYE