Salif Sadio rompt le silence pour un dialogue "sincère"
Le président sénégalais Macky Sall avait accepté la semaine dernière la main tendue par Salif Sadio, le principal chef de guerre du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Salif Sadio rompt aujourd'hui le silence et propose une médiation hors d'Afrique, souhaitant un dialogue « sincère » lors de ces futures discussions.
RFI : On ne vous a pas entendu depuis votre interview diffusée en 2005. Qu’êtes-vous devenu entre-temps ?
Salif Sadio : Je suis resté le même Salif, réel je dis bien. Beaucoup de gens pour se faire de l’argent ont tendance à jouer comme ils veulent, à manœuvrer comme ils veulent. Salif n’a jamais changé, ni d’options, encore moins de position, parce qu’il est toujours dans sa Casamance, où il est, en tout cas, en train de continuer sa lutte de libération.
Je pense que j’aurais à dire, à quiconque est en train de m’entendre, que la Casamance, dans son multiséculaire et farouche combat pour conserver ou recouvrer son indépendance nationale, est parvenue à un point de non-retour. Le droit immémorial de la Casamance à l’indépendance nationale est un droit réel, absolu, inaliénable, imprescriptible, non négociable.
Le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance, celui-là qui s’est soulevé en 1982, a commencé par une marche que l’on devait écouter, on devait entendre. Malheureusement, cela n’a pas été. Pour nous entendre, on a préféré utiliser les armes, et la meilleure façon de se défendre, c’était donc de répondre à la guerre par la guerre. On nous l’a imposée. Nous n’avions jamais voulu la guerre. Pour nous, ôter la vie de quelqu'un, c'est tabou. C’est pourquoi nous tendons la main et nous continuons à prouver que le MFDC n’avait jamais opté pour la solution de la violence.
RFI : Vous avez récemment diffusé un communiqué dans lequel vous disiez que vous étiez prêt à négocier. Macky Sall, il y a peu, s’est prononcé en cette faveur. Il est prêt à dialoguer. Comment réagissez-vous à cela ?
Salif Sadio : Est-ce qu’il a d’abord répondu à notre appel ? Pour espérer avoir le MFDC, le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance, espérer l’avoir autour d’une table, il faut au moins ces conditions-là : accepter le dialogue sincère, accepter de s’asseoir autour d’une table avec le MFDC en terrain neutre, donc, hors de l’Afrique, parce qu’on a vu depuis 1982, ce que nous avons vu, ce qui s’est passé : on se moquait de nous, on nous a menés tantôt en Gambie, tantôt à Bissau, comme si nous étions des moutons.
À condition que le gouvernement sénégalais, ou l’Etat du Sénégal, accepte la médiation de la communauté chrétienne de Sant’Egidio, compte tenu de certains exemples dans ses médiations, pour ce qu’elle a fait dans certains conflits, et elle a réussi. Alors pourquoi ne pas user donc de sa compétence, pour tenter également de mener la médiation, parce que c’est une communauté qui n’a pas besoin d’être corrompue, comme il en est de certains.