Cheikh Mara Guèye réclame 33 millions F CFA à un marabout

De l’Italie, Cheikh Mara Guèye aurait été manipulé pendant deux ans par un prétendu marabout basé au Sénégal. Des sommes importantes, issues des comptes de l’entreprise familiale, ont été versées pour des services mystiques. Le prévenu, Serigne Khadim Dieng, est jugé pour escroquerie et charlatanisme.
C’est son frère, inquiet de mouvements bancaires inhabituels, qui a tiré la sonnette d’alarme. Cheikh Mara avait retiré 15 millions de francs CFA des caisses de l’entreprise familiale, sans en parler à personne. En grattant un peu, la famille découvre une relation suivie avec un certain Serigne Khadim Dieng, présenté comme un ‘’faiseur de miracles’’ actif sur les réseaux sociaux sous le nom de ‘’Def Guiss’’.
Pendant près de deux ans, Cheikh Mara, décrit comme brillant, mais de plus en plus absent, aurait envoyé de l’argent à ce guide spirituel autoproclamé. Parfois 60 000 F CFA, parfois un million, sans que les montants ni les motifs ne soient clairement justifiés. Il lui aurait même confié sa carte bancaire.
À la barre, Khadim Dieng ne nie pas avoir reçu les sommes, mais nie tout comportement frauduleux. Selon lui, ces versements servaient à formuler des prières, préparer des bains mystiques ou encore organiser un sacrifice censé accompagner un mariage. ‘’C’est lui qui me sollicitait’’, a-t-il affirmé.
Mais pour le ministère public, le doute n’est pas permis. L’emprise était réelle. Cheikh Mara aurait perdu tout discernement, au point de répondre à toutes les exigences du prévenu, y compris porter du blanc pendant onze jours ou remettre un boubou pour des ‘’travaux spirituels’’.
‘’Pourquoi réclamer un vêtement, s’il s’agissait simplement de prier ?’’, a demandé le parquet. ‘’C’était un moyen d’entretenir le lien mystique et de garder le contrôle’’, a déclaré le maître des poursuites qui a requis deux ans d’emprisonnement ferme contre le prévenu.
Au moment où l’affaire commence à s’ébruiter, Khadim Dieng aurait tenté de calmer les choses en remettant deux millions de francs CFA au frère de la partie civile, selon ce dernier. Un remboursement partiel, perçu comme un aveu déguisé. La partie civile réclame 33 millions de francs CFA pour compenser l’ensemble des préjudices financiers, psychologiques et professionnels. ‘’Rien ne prouve que ce marabout l’a aidé à se marier ou à obtenir un permis. Ce sont des promesses sans fondement utilisées pour ferrer leur proie’’, a estimé l’avocat de la partie civile.
La défense, elle, nie en bloc. Les conseils du prévenu affirment que leur client n’est pas actif sur les réseaux sociaux et qu’il n’a rien escroqué : ‘’Il a été invité une fois dans une émission, mais n’a jamais fait de publicité ou de promesses miraculeuses. Il répondait simplement à une demande.’’ Les avocats du prévenu ont sollicité la relaxe pure et simple de leur client.
Le tribunal des flagrants délits de Dakar rendra sa décision le 30 avril.
MAGUETTE NDAO