Moncap-Pastef fait l’état des lieux
Le Mouvement national des cadres patriotes s’est réuni, hier, pour porter à la connaissance des Sénégalais la perception du parti sur les conditions de vie actuelles, afin de proposer des solutions durables.
Les difficiles conditions de vie au Sénégal ne laissent pas indifférent le Mouvement national des cadres patriotes (Moncap-Pastef). Il a tenu un point de presse, hier, pour livrer sa lecture de la situation en rapport avec la condition économique et sociale des ménages au Sénégal. Selon la présidente de la Commission économique finance et budget du mouvement, Ndèye Fatou Mbodj, tous les secteurs de la vie publique sont en alerte orange, voire rouge, créant une situation de tensions sociales permanentes. Aggravée par une économie mondiale bouleversée par la crise en Ukraine, ‘’une sous-région qui bascule dans une crise sécuritaire formant un cercle de feu autour de notre pays’’, la patriote soutient, de surcroît, que cette situation présente également ‘’un climat politique délétère marqué par un Exécutif autoritaire refusant toute forme de dialogue, la flambée des prix de produits de première nécessité du fait des chocs exogènes.
A cela s’ajoute la paupérisation des Sénégalais qui subissent de plein fouet la réduction drastique de leur pouvoir d’achat, un cadre de vie qui est en forte dégradation du fait des inondations répétitives et, enfin, l’hécatombe du fait des accidents de la route’’.
Malgré un potentiel économique porté par une position géostratégique enviée, une façade maritime large et féconde, des découvertes en ressources naturelles croissantes, le Sénégal, 170e sur 191 pays dans le classement IDH 2022, s'enfonce, d’après le Moncap, dans la zone à faible développement humain. ‘’En effet, la dépendance économique du Sénégal aux fluctuations internationales s'est empirée, depuis 2014, avec la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, caractérisé par une croissance extravertie, un déplafonnement du niveau de la dette, une détérioration du déficit budgétaire’’, déclare Mme Mbodj.
Plan de résilience de l’économie durant la Covid-19 et du Plan de relance nationale
La Commission scientifique du parti d’Ousmane Sonko parle d’un échec patent du Plan de résilience de l'économie et du Plan de relance nationale après Covid. Puisque le Sénégal, malgré son faible niveau d’exposition à la Covid-19 par rapport aux autres pays, semble subir de plein fouet les impacts de cette pandémie, du fait de son incapacité à disposer d’une stratégie de relance basée sur une inversion des priorités en termes d’investissement, une préférence nationale pour relancer la production nationale, une lutte acharnée contre la corruption et la déperdition des ressources, soutient la commission.
Lesdits événements, selon la Commission scientifique du Moncap, ont fait basculer la Sénégal de plus en plus dans l’extrême pauvreté et la vulnérabilité. Étant entendu que ‘’la cherté de la vie a érodé le pouvoir d’achat des ménages et plus difficilement ceux à revenus faibles et moyens, posant un sérieux risque d’insécurité alimentaire, de pauvreté et de vulnérabilité. L’inflation a fini par créer un sentiment d’incertitude et d’anxiété au niveau des ménages qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, ni à planifier pour le futur ni à épargner. L’incertitude dans l’économie et le niveau élevé des facteurs de production ont réduit conséquemment les niveaux d’investissement des entreprises dans plusieurs secteurs de l’économie, générant ainsi des pertes d’emplois et une augmentation du taux de chômage’’.
À cela s’ajoute, d’après eux, la baisse de compétitivité des prix à l’export trop élevés qui a aussi réduit les profits des entreprises exportatrices, se traduisant par des pertes d’emplois dans plusieurs secteurs.
Les différentes mesures annoncées par le président de la République, à quelques jours du remaniement, considérées comme conjoncturelles et mises en œuvre, pour la plupart, depuis des mois déjà, selon les partisans d’Ousmane Sonko, n’ont pas réussi à stabiliser la tension inflationniste exceptionnelle, en dehors des produits énergétiques.
S’agissant des mesures annoncées consistant à agir sur le revenu des ménages, ils déclarent : ‘’Si le ciblage est correctement fait, un transfert monétaire direct aux populations les plus vulnérables permet certes d’agir sur la pauvreté. Mais le contexte préélectoral des différents recensements des bénéficiaires et la culture ancrée de détournement d’objectifs des autorités politiques actuelles font douter du caractère fiable du fichier des bénéficiaires. En outre, quatre mois après le lancement de l’opération Cash Transfert, plus de 48 % de la cible n’a pas perçu, faute de disponibilité de trésorerie suffisante, selon la Banque mondiale’’.
Solutions conjoncturelles et structurelles
Pour remédier à cette situation inquiétante sur la vie des citoyens, la Commission scientifique du Moncap prône la réduction des dépenses superflues budgétisées sans aucun impact sur la vie des Sénégalais pour les réorienter sur des subventions ciblées.
Ainsi, les institutions et organes comme le HCCT, le Cese, certaines agences et autres offices, organes doivent être supprimés et le budget réaffecté à des fonds de soutien au pouvoir d’achat, l’utilisation de l’économie réalisée par la suppression des institutions budgétivores pour subventionner davantage les produits de première nécessité et la mise en place d’un fonds de financement des petites et moyennes industries avec le concours des importateurs pour booster la production locale.
Elle préconise aussi l’investissement sur la chaine de valeur des produits locaux pour améliorer leur transformation, leur conservation et leur distribution, doter d’assez de moyens humains, logistiques et financiers les services en charge du commerce intérieur pour une définition pertinente des prix adéquats et pour leur contrôle et, enfin, sanctionner pénalement toute forme d’escroquerie sur les prix arrêtés d’un commun accord avec les acteurs.
Parlant des solutions structurelles, la commission réclame l’élévation au rang de priorité ‘’l’élaboration de politiques publiques à même d’assurer au pays une sécurité alimentaire à travers une agriculture et une industrie de transformation performantes ; inverser la trajectoire de développement ; développer davantage le secteur primaire et celui secondaire ; réinvestir une partie importante du profit tiré du secteur tertiaire dans le secteur secondaire ; renforcer la capacité productive et la productivité dans le secteur primaire ; développer une agriculture diversifiée et durable ; favoriser l’industrialisation dans le milieu urbain et dans le milieu rural’’.
ARAME FALL NDAO (STAGIAIRE)