Attention Danger !
Il ne se passe pas une seule semaine sans qu’un camion ne fasse un accident sur l’axe routier reliant Diamniadio à Mbour. Soit il se fait renverser par sa propre charge, soit c’est un choc qu’il provoque ou qu’il fait lui-même avec un autre véhicule, auquel cas c’est ce dernier qui subit le plus de dommages, en général. C’est ce qui s’est passé samedi matin, 15 décembre. Un camion de type 16/21 a heurté de plein fouet une pick-up, à l’entrée du village de Nguékokh. L’accident a fait deux morts dont le conducteur de la L200. Le choc a été tellement violent que ce dernier a été coincé dans sa cabine.
Cet accident est le énième sur ce tronçon où la plupart des camionneurs, roulant très souvent à une allure de rallye, font fi des règles les plus élémentaires du code de la route. Pire encore, ils affichent parfois une insolence inqualifiable. Ce même samedi, un autre camion est tombé avec toute sa charge sous le premier ouvrage d’art situé sur la route qui mène aux « Ciments du Sahel ». Le jeudi de la même semaine, à 09h15, un fait insolite s’est produit à la sortie du village de Bouhou situé à quelques kms après Diamniadio. Un camionneur qui semblait avoir un problème de freins alors qu’il roulait à tombeau ouvert, fonçait droit sur un Ndiaga Ndiaye, avec des coups de klaxon intempestifs. Le chauffeur du car, qui roulait dans le même sens, a dû descendre de la chaussée, et de justesse, pour échapper au mastodonte. Le camionneur n’avait pas encore fini avec lui. Arrivé à la hauteur de son collègue chauffeur, il lui versa une bonne quantité d’eau, suffisamment en tout cas pour lui mouiller le visage et les habits.
Faut-il laisser ces gens-là continuer à appliquer « la loi du plus fort » sur la route ? Assurément non. En attendant de pouvoir leur faire prendre conscience de la nécessité de se conformer aux lois et règlements qui les régissent et aux règles éditées par le code de la route, les populations riveraines de la Roue Nationale devraient, à certains endroits, prendre des dispositions pour se prémunir contre toute catastrophe. Le village Diass peut servir d’exemple dans ce sens, avec ses deux ralentisseurs à l’entrée et à la sortie, qui obligent à rouler moins vite dans cette agglomération.
Parlant de dispositions à prendre, il serait peut-être bon d’évoquer le cas d’une localité située à un vingtaine de kilomètres de Diamniadio, en allant vers Mbour. Sindia est une agglomération où la Route Nationale croise celle reliant Thiès à Popenguine. Ce « croisement » est un pôle d’attraction où sont concentrées ce qu’il convient d’appeler « les activités économiques » de ladite localité. A cet endroit, comme presque partout ailleurs sur l’axe Diamniadio-Mbour, mais ici plus qu’ailleurs, apparemment, le spectacle auquel se livrent les conducteurs de véhicules de tous genres est alarmant. Il n’est pas rare, en effet, surtout le matin, de voir les voitures traverser Sindia à une allure qui pourrait faire penser à une course-poursuite. Sans ralentir le moins du monde dans cette zone d’agglomération. Même pas au niveau de l’intersection. Cela va des petites voitures dites « de tourisme », aux camions « gros porteurs » et autres camions-citernes susceptibles de transporter des produits inflammables.
Quand on sait qu’à cette même intersection il y a une station d’essence en plus du garage de « clandos » faisant face, de l’autre côté de la Route Nationale, à une espèce de marché où les vendeuses de fruits saisonniers partagent le trottoir avec les « coxeurs » de cars et autres véhicules de transport en provenance de l’intérieur du pays, on ne peut pas ne pas s’inquiéter pour ces innocentes populations. Tout se passe comme si ces gens-là n’étaient pas conscients du danger qui les guette en permanence. Il faut être étranger à la localité, semble-t-il, pour se rendre compte du potentiel risque que courent ces populations. Les habitants de Sindia semblent tellement accoutumés à la paix et à la tranquillité qui règnent dans leur localité, au point qu’aucune de ces âmes insouciantes ne saurait imaginer, un seul instant, le moindre scénario du genre à troubler cette quiétude. Parfois, les choses sont tellement près de nos yeux qu’on n’arrive pas à les voir. « Beut likoy fatt, douko guiss », a dit l’adage (la brindille qui vous atteint l’œil, c’est parce que vous l’avez pas vue venir). Ce qui est valable pour Sindia, l’est aussi, peut-être, pour presque toutes les localités du pays, qui ont à peu près la même configuration.
Nous avons tendance à toujours attendre que l’irréparable se produise pour réagir. Nous nous en émouvons alors, et nous oublions ensuite. La vérité c’est que nous ne sommes pas prévenants, nous ne sommes pas prévoyants. Et surtout, nous ne tirons pas toujours assez d’enseignements de ce qui nous arrive. Sinon le naufrage du bateau « Le Diola » nous aurait suffit, très largement, pour que, plus jamais, certaines choses ne se produisent au Sénégal. Aussi, dans ce pays, il faut être « un voyant », célèbre de surcroit, pour oser prévenir d’un potentiel événement malheureux, sans être traité d’oiseau de mauvais augure. Même si les signes avant-coureurs sont patents, évidents. Même si les risques sont « visibles à l’œil nu ». Osons espérer que nos propos ne seront appréciés qu’à leur juste valeur d’alerte, pour que la pratique du « prévenir au a lieu de guérir » prenne le pas sur celle du « médecin après la mort ». Ne dit-on pas chez nous : « Magou wahkhone nâko, mô gueune magou khamone nâko » ?
Pape O.B.H. Diouf
26/12/2012