Publié le 7 Jan 2025 - 14:21
CNRA, CODE DE LA PUBLICITÉ…

Aliou Sall en prend pour son grade

 

Le tout dernier épisode qui concerne le CNRA n'amuse pas les acteurs des médias. Bien au contraire, le Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps) et la Fédération des acteurs de la communication et de l'information du Sénégal (Facs), à travers leurs communiqués respectifs exploités par ‘’EnQuête’’, estiment que la tutelle dénote encore une fois une non-maîtrise du secteur.

 

La nouvelle équipe du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) récemment constituée continue de faire polémique. Mais cette fois-ci, ce sont les acteurs des médias eux-mêmes qui montent au créneau, pour non seulement s'attarder sur le sujet, mais aussi rappeler, jusqu'ici, tous les manquements de la tutelle. Ainsi le patronat, incarné par le Cdeps, prend comme unique responsable des turbulences qui secouent la presse  le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique. À travers un communiqué qui nous est parvenu, Mamadou Ibra Kane et compagnie s'attaquent à la “publication du décret 2024-3401, portant nomination des membres du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), en date du 11 décembre 2024”. Sans mâcher leurs mots, ils estiment que le document en question contient “beaucoup de manquements qui dénotent, encore une fois, de l’incompétence du ministre de la Communication”.

Renvoyant Aliou Sall à ses notes, le Cdeps révèle qu'en aucun cas, “la nomination des membres du CNRA ne saurait ’être sur proposition du ministre de la Communication”’. L'autre “maladresse du fait d’une méconnaissance totale des textes qui régissent le secteur’’ évoquée dans le communiqué du Cdeps concerne le mandat de six ans du collège du CNRA “non renouvelable et non révocable. Il ne s’agit nullement de les remplacer”. Toujours à ce sujet, dans la tradition républicaine, selon le Cdeps, “aucun membre du CNRA ne peut être affilié à un parti politique ou en être sympathisant de manière publique”.

Dans l'entendement du président du Cdeps et les autres membres du patronat, M. Sall est dans sa logique de continuer à fragiliser la presse. “À vrai dire, ces nouveaux agissements du ministre de la Communication sont en droite ligne de toutes les entorses de son ministère depuis l’avènement de la troisième alternance politique du 24 mars 2024”.

Pour corroborer leurs dires, ils évoquent également le dernier atelier relatif à la publicité. “Récemment, l’avant-projet de la loi sur la publicité exclut, tant dans sa phase d’élaboration que dans l’identification des acteurs du secteur, les entreprises de presse qui sont sans conteste des supports naturels de la réclame commerciale”. Somme toute, si cette tendance reste inchangée, les “médias sénégalais, qui ont grandement contribué à trois alternances politiques”, risquent d'en pâtir davantage. Le Cdeps préconise un “environnement serein pour continuer à jouer leur rôle dans la stabilité et le développement du Sénégal”.

Une attitude “cavalière et non inclusive” dénoncée

À l'instar du Cdeps, la Facs s'en est aussi prise aux façons de la tutelle, en commençant par son attitude “cavalière et non inclusive”. Selon le Ben de la Facs, le ministre de la Communication traîne une autre faiblesse, à savoir “sa méconnaissance manifeste de la structuration du tissu des entreprises de presse du Sénégal majoritairement composé d’entreprises de type informel à l’image du reste du tissu économique sénégalais et l’absence de mesures d’accompagnement de ces entreprises vers la formalisation”. Toutes choses qui ont fini par conduire la tentative de mise en conformité des entreprises dans une situation d’impasse. La preuve par mille : le non-paiement de la subvention annuelle d’appui à la presse pour l’exercice budgétaire 2024 et des entreprises de presse en ligne dites ‘’légales’’ dans la première liste publiée par le ministère de la Communication sommées d’aller à l’inspection du travail enregistrer les contrats de travail qu’elles auraient signés avec au moins trois journalistes ; des contrats qui sont soit inexistants, soit créés de toutes pièces ou imaginaires.

Dans son communiqué, la Facs craint que la régulation voulue coûte que coûte ait des répercussions regrettables sur la presse. Par exemple, pour la presse en ligne, elle réfute un recours “à la tricherie, en faisant usage de faux en écriture passible de poursuites pénales”.

En revanche, pour remettre les choses à l’endroit et initier une démarche de mise en conformité responsable, “la Facs propose la mise en place, par le ministère de la Communication, d’un programme de formalisation de masse des organes de presse en partenariat avec l’ADEPME pour en faire des entreprises de presse entendues dans le sens du Code de la presse”.

Dans son communiqué, la Facs ne se contente pas seulement de dégainer sur la tutelle. Bien au contraire, elle salue certaines initiatives.

Concernant “le projet de loi sur l’accès à l’information et celui sur la publicité”, la fédération salue leur pertinence, mais appelle à “la vigilance pour éviter que la loi sur la publicité ne soit détournée de l’attente réelle des entreprises de presse au profit des producteurs de contenus dans les réseaux sociaux”.

Relativement au renouvellement des membres du CNRA dont les mandats sont arrivés à terme et la polémique qu’il a suscitée, la Facs estime que c’est un “faux débat“ entretenu “sciemment par le ministère et les militants de Pastef. Selon la Facs, c'est là une stratégie pour à la fois faire passer sous silence la “gouvernance catastrophique du secteur des médias du nouveau régime et divertir les acteurs des médias préoccupés par des problèmes plus urgents de survie économique”. Pour la Facs, les autorités du secteur font fausse route en ce qui concerne la “gouvernance du secteur des médias et se sont inscrites en porte à faux avec le Code de la presse qui demande à travers les articles 55 et 229, la création par une loi d’une haute autorité de régulation de la chaîne de valeur audiovisuelle en remplacement du CNRA devenu obsolète depuis 2017, année d’adoption du Code de la presse”.

À en croire la missive, c'est le seul vrai débat qui vaille, qui est en même temps une “vieille attente des acteurs des médias”.

En définitive, le président de la Facs et ses camarades sont convaincus que “toute autre décision est malvenue aux yeux des acteurs des médias et ne milite pas en faveur de la rupture vendue aux Sénégalais”.

 

Harca, la voie du salut

Le Cdeps invite urgemment le pouvoir à mettre en place la Haute autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Harca), qui doit remplacer depuis fort longtemps l'actuel CNRA, conformément aux textes pertinents du nouveau Code de la presse, tout en respectant les critères objectifs de nomination. Le «jub, jubal, jubanti» commence par le respect des lois en vigueur, sinon il reste un slogan creux.

De son côté, le Bureau exécutif national de la Fédération des acteurs de la communication et de l’information du Sénégal (Facs), demande tout simplement ‘’la suppression du CNRA et l’installation de la Haute autorité de régulation de la chaîne de valeur audiovisuelle”.

 

 

Mamadou Diop

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