Besoin de transparence
Les fonds ingurgités par le troisième Festival mondial des arts nègres (FESMAN) sont tels qu’on ne peut pas se soustraire à l’exigence de transparence. Le journal La Gazette avait avancé des sommes qui avoisinent les 90 milliards de francs Cfa. Force est de constater, après les investigations menées par EnQuête, que nous ne serons pas très loin de cette somme. En effet, lorsqu’on prend les chiffres officiels, validés par le ministère de l’Économie et des finances, 74 174 949 698 de francs Cfa, avec les fonds collectés après le FESMAN auprès de pays amis du Sénégal, on se rend bien compte de l’énormité du désastre. Même lorsqu’on ne prend en compte que les 74 milliards Cfa, on peut à juste titre se demander par où est passé tout cet argent.
On a du mal à croire que cette somme a été injectée dans un Festival morose, qui n’a eu ni l’impact local prévu, ni le retentissement international souhaité. Bien au contraire. Mais là n’est sans doute pas le scandale. Il suffit en effet de prendre sa calculette pour se rendre compte de la gravité du problème. Car, 74 milliards Cfa, c’est au moins deux hôpitaux modernes toutes infrastructures comprises. Ce sont aussi deux Universités du volume de celle de Dakar et qui porte le prestigieux nom de Cheikh Anta Diop, au moment où des bacheliers non orientés se font toujours entendre. C’est donc moins de galère pour les étudiants, obligés de s’entasser dans des amphithéâtres comme dans une boîte d’allumettes. C’est presque cinq fois la dette des hôpitaux. Plus que ce qu’il ne faut pour accompagner le déménagement de toutes les populations de la banlieue touchées par les inondations. On pourrait bien pousser plus loin la comparaison en constatant que c’est beaucoup plus important que le budget des chantiers de Thiès, qui a valu à l’ancien Premier ministre un séjour carcéral.
Malgré les gesticulations du président sortant, il urge donc de faire la lumière et toute la lumière sur l’affaire du FESMAN, comme dans d’autres affaires. Et c’est moins un acharnement contre la personne de Sindiély Wade, que le procès d’une dilapidation sans retenue des ressources publiques. Et à la décharge de Sindiély Wade ou du Délégué général du FESMAN, Abdoul Aziz Sow, beaucoup de manœuvres financières se sont faites sous leur nez et leur barbe, comme le prouve aisément l’abus de décrets d’avance dans le seul but de pomper les finances publiques, en utilisant les artifices de la loi. Au profit de puissances financières fabriquées de toutes pièces…
Bachir FOFANA