Publié le 9 May 2012 - 10:37
COMMENTAIRE

Nous étions enfants…

 

Pour les petits enfants que nous étions en 1986, Jules François Bocandé représentait plus qu’un grand joueur. Un dieu du foot. Une légende. Celle qui survit à travers le temps, l’oubli, le scandale, et la mort. Parce qu’aussi loin que remontent nos souvenirs de bambins, notre rencontre avec le foot fut un rendez-vous historique avec Jules François Bocandé, un soir de septembre 1985, où il plana comme un ange face au Zimbabwe avec un triplé (3-0) qui envoya tout le Sénégal au 7e ciel, et à la Can après 17 ans d’absence. Nous étions enfants, on ne comprenait pas grand-chose à ce jeu, mais on était persuadé que le foot n’avait qu’une seule définition : Bocandé. Nous étions des Bocandé sur les terrains rocailleux de nos quartiers et dans la cour des écoles où Platini et Maradona étaient des seconds choix. On rêvait secrètement de porter ses rastas, de se mettre dans sa peau pour atteindre son nirvana. Et tant pis si les adultes le descendaient après une CAN 86 désastreuse, on n’avait pas envie de voir les défauts de notre idole. Bocandé nous a fait rêver parce qu’il avait la réputation de tomber les filles aussi facilement qu’il marquait ses buts. Nous l’avons envié, admiré, respecté quand on a su qu’il avait été le meilleur buteur d’un championnat de Blancs. Nous avons voulu être à sa place quand on a su qu’il avait un salaire de 25 millions Cfa par mois au PSG. Des milliards dans nos oreilles d’enfants. Bocandé, notre star. Notre Messi avant l’heure, notre El Hadji Diouf multiplié par deux. Nous n’avons pas fini de pleurer Rashidi Yékini et voilà que Jules Bocandé nous fausse compagnie comme dans un dernier dribble qui mystifie ses défenseurs et coupe le souffle aux supporters. Sauf que là, nos yeux n’ont pas envie de s’émerveiller, juste de se fermer. Pour repartir dans ces années pendant lesquels notre Bocandé était un dieu tout simplement...

 

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