L’industrie extractive supplante les produits halieutiques
Le Sénégal reste dans le rouge, concernant sa balance commerciale. Selon les chiffres de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), le déficit s’est dégradé de 92,7 milliards de francs CFA, par rapport au mois précédent, s’établissant à 285,8 milliards. Malgré tout, les produits pétroliers, l’or brut et le zircon ont connu des avancées dans leur exportation.
L’augmentation des importations de biens (+149,6 milliards) est restée plus importante que celle des exportations (+38,8 milliards). Par conséquent, assure le point de conjoncture mensuel de juin 2022 de la Direction de la prévention et des études économiques (DPEE), le taux de couverture des importations par les exportations s’est réduit de 6,6 points de pourcentage à 54,5 %. Ainsi, les exportations de biens ont augmenté de 12,8 % (+38,8 milliards) au mois de juin 2022, en variation mensuelle, passant de 303,6 à 342,5 milliards. Cette hausse est attribuable ‘’à l’expansion des ventes extérieures de produits pétroliers (+29,5 milliards), de d’or brut (+16,3 milliards), du zircon (+7,4 milliards), de produits halieutiques (+3,9 milliards) et des produits arachidiers (+2,5 milliards). Toutefois, elle a été atténuée par une baisse des expéditions d’acide phosphorique (-14,6 milliards)’’, souligne le document.
Rapportées à la même période de l’année dernière, les ventes de biens à l’extérieur du Sénégal ont crû de 46,1 %, à la faveur des exportations de produits pétroliers (+53,9 milliards), d’acide phosphorique (+18,8 milliards), de produits halieutiques (+15,0 milliards), de titane (+7,8 milliards) et de zircon (+7,5 milliards). Par ailleurs, les ventes de ciment hydraulique (-5,2 milliards) et d’engrais minéraux et chimiques (-4,9 milliards) se sont repliées sur la période.
S’agissant des importations de biens, elles se situent à 713,9 milliards contre 564,2 milliards un mois auparavant, soit une hausse de 26,5 % (+149,6 milliards). Cette situation s’explique par la hausse des importations des autres produits pétroliers (+67,0 milliards), de riz (+25,7 milliards), de ‘’froment et méteil’’ (+14,8 milliards), de ‘’véhicules, matériels de transport et pièces détachées des automobiles’’ (+13,3 milliards) et de ‘’machines, appareils et moteurs’’ (+9,5 milliards).
En glissement annuel, les importations de biens ont augmenté de 44,7 % (+220,6 milliards), en liaison avec la hausse des achats d’autres produits pétroliers (+151,7 milliards), de riz (+26,2 milliards), de ‘’froment et méteil’’ (+25,2 milliards), de ‘’matériels de transport et pièces détachées des automobiles’’ (+6,2 milliards) et de maïs (+4,7 milliards). Cette hausse a été, toutefois, amoindrie par le recul des importations d’huiles brutes de pétrole (-35,3 milliards), de produits pharmaceutiques (-9,5 milliards) et de ‘’machines, appareils et moteurs’’ (-4,0 milliards).
Les chiffres du commerce avec les pays de la zone UEMOA, pour le mois sous revue, table sur des exportations situées à 112,2 milliards de francs CFA, soit un accroissement de 45,6 % (+35,1 milliards) par rapport à mai 2022. Le Mali reste le principal client du Sénégal avec une part de 73,1 % des exportations du Sénégal vers la zone, soit une expansion de 10,7 points par rapport au mois de mai. Toutefois, les achats de biens du Sénégal en provenance de l’UEMOA sont estimés à 9,2 milliards au mois de juin contre 5,2 milliards au mois précédent, soit un accroissement de 78,3 % (+4,1 milliards). Elles représentent 1,3 % de la valeur totale des importations pour le mois sous-revu.
Le principal fournisseur du Sénégal dans la zone reste la Côte d’Ivoire, avec une part de 95,2 %, contre 97,9 % au mois de mai, soit un repli de 2,7 points de pourcentage. Les principaux produits importés de ce pays partenaire sont les ‘’fruits et légumes comestibles’’ (11,4 %), les ‘’huiles et graisses animales et végétales’’ (10,9 %), les ‘’tabacs bruts et fabriqués’’ (9,0 %), les matières plastiques artificielles (8,2 %), les ‘’bois et ouvrages’’ (6,2 %) et les produits des industries parachimiques (5,1 %).
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DÉFICIT BUDGÉTAIRE
17,1 % de hausse sur le salaire des agents de l’État, en juin 2022
La gestion budgétaire du mois de juin 2022 a été marquée par une amélioration de la mobilisation des recettes budgétaires associée à un accroissement important des dépenses. Cette dernière catégorie intègre une hausse de la masse salariale mensuelle qui atteint 505,7 milliards F CFA.
Les ressources globales du Sénégal (hors dons en capital) à fin juin 2022, chiffrées à 1 562,9 milliards F CFA, ont augmenté de 23,3 %, comparativement à la même période en 2021. C’est la déduction faite par les agents de la Direction de la Prévention et des Études économiques (DPEE) des statistiques recueillies. Les économistes ajoutent que les dépenses publiques ont été exécutées à hauteur de 2 149,1 milliards à fin juin 2022 contre 1 568,9 milliards un an auparavant, soit une hausse de 37,0 % (+580,2 milliards). Cette progression s’explique par ‘’l’augmentation soutenue des dépenses d’investissement financées sur ressources intérieures et celles de fonctionnement, notamment les transferts et subventions. En effet, les dépenses en capital financées sur ressources intérieures ont progressé de 91,8 % (+310,9 milliards) pour se situer à 649,5 milliards, à fin juin 2022’’.
Le président de la République Macky Sall a lancé, mardi 10 mai 2022, un programme qui accorde 80 000 F CFA à chacune des quelque 543 000 familles vulnérables répertoriées dans le registre national unique. Le document de la DPEE fait savoir qu’au ‘’titre des transferts et subventions estimés à 596,2 milliards, une hausse de 107,7 milliards (+22,0 %) a été enregistrée, en glissement annuel’’. Par ailleurs, la masse salariale et les charges d’intérêt sur la dette, évaluées respectivement à 505,7 milliards et 214,3 milliards ont enregistré des progressions respectives de 17,1 % et 19,6 %, assurent les économistes.
Concernant les ressources, elles sont constituées de recettes budgétaires chiffrées à 1 557,5 milliards et de dons budgétaires pour 5,4 milliards. La bonne tenue des ressources est attribuable aux recettes budgétaires qui ont enregistré une hausse de 25,8 % (+319,0 milliards) sous l’impulsion de la hausse des recettes fiscales à hauteur de 29,9 %. Pour ces dernières, estimées à 1 496,5 milliards, leur progression reflète la bonne tenue des recouvrements des impôts directs, des taxes sur biens et services intérieurs et des droits mobilisés au cordon douanier qui se sont accrus, respectivement, de 134,6 milliards, 111,1 milliards et 91,3 milliards pour se situer à 554,4 milliards, 378,2 milliards et 452,5 milliards à fin juin 2022.
La mobilisation des ressources a aussi bénéficié de la régularisation du FSIPP à fin mai 2022. Cependant, cette tendance a été atténuée par la suspension de la taxe à l’exportation d’arachide et la baisse sur les droits d’enregistrement avec des replis respectifs de 6,3 milliards et 6,7 milliards. Quant aux recettes non fiscales, elles ont régressé de 25,6 milliards en raison du retard dans la mobilisation des dividendes.
Lamine Diouf