Les habitants de Malicounda Cocay de Madinatou Salam prêts à tout pour une bande de terre
Dans la commune de Malicounda, la situation foncière est une bombe à retardement. Une bande de terre convoitée par les autochtones de Malicounda Cocay et les talibés de Cheikh Béthio Thioune installés sur les terres depuis 2007, risque d’être la cause d’une grande pagaille dans la zone.
C’est au début des années 2000 que Cheikh Béthio Thioune a installé ses talibés dans le village de Keur Samba Laobé, devenu administrativement Madinatou Salam, à force d’être le réceptacle de tous les Thiantacounes du Sénégal. Depuis cette période, le village a eu un nouveau visage du fait des habitations installées par les disciples du cheikh. Ce village est collé à un quartier de la commune de Malicounda dénommé Malicounda Cocay. Entre les deux villages, les champs du village traditionnel constituent un objet de convoitise entre les deux communautés. Pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un ‘’vol des terres’’ que leur guide spirituel leur a léguées avant de tirer sa révérence, les Thiantacounes ont organisé un point de presse.
‘’Après avoir mis en valeur ces terres que nous habitons pendant presque 17 ans, nous sommes aujourd’hui profondément troublés par le comportement de certains prédateurs fonciers qui veulent s’approprier illégalement nos terres à travers une usurpation de nos droits légitimes de ce lieu sacré transmis par notre guide spirituel dans le respect de nos traditions et croyances. Ces terrains sont d’une importance capitale pour notre communauté et leur cession illégitime représente une menace directe sur notre héritage spirituel et matériel’’, a confié Abdoulaye Male.
Sur cette lancée, le secrétaire général du Collectif pour l’émergence de Médinatou Salam (CEMS) poursuit : ‘’Les faits qui ont motivé ce soulèvement populaire d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants sont alarmants. Le maire Maguette Sène avait initié un recensement en 2020 avec la participation des différents services départementaux de Mbour (cadastre, urbanisme, DSCOS, gendarmerie, commission domaniale de la mairie ainsi que la population de Madinatou Salam). Ce recensement n’a jamais respecté la procédure légale, car n’ayant pas été diligenté par la sous-préfecture de Sindia. Jusque-là, Madinatou Salam n’est pas encore régularisé.’’
Au même moment, a révélé le SG, ‘’des actes administratifs signés par le maire Maguette Sène fusent de partout, des mutations sur le lotissement initial continuent d’être délivrées avec le cachet du maire Maguette Sène pour les années 2020 et 2021. Sous le magistère d’une équipe municipale corrompue, un nouveau lotissement est superposé sur le lotissement initial de Serigne Béthio. Sur cette superposition de lotissement, les prédateurs fonciers, dont le plus coriace protégé par le maire s’appelle Gorgui Youm, ils ont loti des parcelles de 300 m² pour vendre les terrains à des particuliers avec des actes administratifs là où aucun arrêté n’a été sorti pour annuler le lotissement initial. À noter également parmi ces criminels fonciers, il y a un nommé Mor Fandang qui est un fils biologique du cheikh. Ces manœuvres frauduleuses orchestrées par la mairie de Malicounda ont entrainé de graves conséquences’’. Présentement, précise M. Male, ‘’la population est menacée de déguerpissement, d’arrestations, de démolition, d’arrêt des travaux, etc., pour le seul fait que leurs terrains initialement attribués par le cheikh ont été frauduleusement bradés. Les titres s’articulent autour de plus de 1 500 parcelles sur un nombre de 3 425 parcelles recensées’’.
Face à cette situation qu’il qualifie d’’’injuste’’, lui et sa bande demandent au président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye ‘’d’intervenir et d’engager les mesures nécessaires pour mettre un terme à cette situation qui a trop durée et qui a porté préjudice à beaucoup de familles et disciples du cheikh’’.
De ce fait, a assuré le secrétaire général, ‘’nous informons les prédateurs fonciers qu’à partir d’aujourd’hui, rien ne sera plus comme avant. Nous n’accepterons plus les ventes illicites de terrains dans le lotissement de Serigne Béthio. Nous ne laisserons plus aucun courtier foncier mettre les pieds sur le patrimoine de Serigne Béthio. Nous ferons un blocus sur la mise en valeur de tous les terrains vendus illicitement et sommes prêts à saisir qui de droit. Que les acheteurs sachent que tout bien acquis dans ce domaine est illicite et irrégulier. Madinatou Salam n’est pas un foncier à vendre, car c’est notre legs matériel le plus considérable que Serigne Béthio nous a laissé et désormais nous nous érigeons en bouclier pour sauvegarder ce legs. Nous n’accepterons plus que Madinatou Salam soit désacralisé par le biais des politiques animés que par leurs intérêts’’.
Pour se laver de ses accusations, Gorgui Youm et les habitants de Malicounda Cocay ont également fait face à la presse. ‘’Nous sommes plus que jamais déterminés à protéger les terres que nous ont léguées nos aïeuls. Nous les attendons de pied ferme sur les terres en question’’, a dit M. Youm. Dans le même sens, ajoute-t-il, ‘’s’il est vrai que nous avons volé leurs terres, nous habitons avec eux, ils nous connaissent, ils savent où nous habitons. Ils n’ont qu’à nous dénoncer à la justice. C’est plus simple’’.
Et, a ajouté Ndiom Youm cité également par les Thiantacounes et fils de Gorgui Youm : ‘’Nous sommes des enfants de Cocay. Nous sommes nés ici, nous avons grandi ici, nous ne nous sommes pas installés ici en 2007, parce que ce village existe depuis des siècles. D’ailleurs, je suis fier que des étrangers venus d’on ne sait où viennent m’accuser de vol de terres sur les champs de mes grands-parents’’, a martelé le conseiller municipal à la commune de Malicounda qui fait savoir aux Thiantacounes : ‘’Puisqu’eux, qui sont des étrangers, sont prêts à mourir pour les terres de nos grands-parents, nous sommes plus que disposés à y laisser nos vies.’’ À l’en croire, il n’y a eu aucun lotissement superposé à un autre de Cheikh Béthio, puisque ce dernier n’a jamais acheté de champs auprès des cultivateurs de Cocay. Nous avons la liste complète de tous les propriétaires des champs et aucun parmi nous n’a vendu un seul lopin de terre à Cheikh Béthio. Il faut qu’ils arrêtent leurs accusations’’, a soutenu Ndiom Youm.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)
