Publié le 7 Nov 2022 - 22:46
CONCLUSIONS DES CONCERTATIONS SUR LA VIE CHÈRE

Macky Sall acte la lutte contre l’inflation

 

Loyer, éducation, denrées alimentaires, constructions, etc. Le président de la République a annoncé la baisse des prix de nombreux  produits essentiels, sur la base de nouvelles subventions.

 

Le président de la République tient ‘’ses’’ nouveaux prix. Ceux qu’il espère faire appliquer aux commerçants sénégalais, après plus d’un mois de concertations sur la vie chère. Samedi, au palais de la République, Macky Sall a tenu un Conseil national spécial de la consommation ‘’pour écouter les acteurs impliqués en vue de la prise de décisions rapides et efficaces à la satisfaction de nos compatriotes’’.

Au sortir de cette rencontre, 11 décisions vont se traduire en 55 mesures dans l’optique de la réduction du coût de vie des Sénégalais, dans un contexte d’inflation généralisée des prix.

Selon le chef de l’État, ‘’la sécurisation des approvisionnements du pays, la maîtrise de la structure des prix, la protection des consommateurs, l’amélioration de la qualité de la consommation demeurent des priorités, voire des impératifs’’. C’est pour répondre à cette préoccupation qu’il a lancé, le 26 septembre 2022, des concertations sur la lutte contre la vie chère. Dix-huit commissions ont étudié en profondeur la structure des prix, du vendredi 30 septembre au jeudi 6 octobre, afin de déterminer des actions à mener pour aboutir à la baisse et à la stabilisation des prix des produits et services.

Au sortir de la rencontre d’hier, les commissions ont rapporté des propositions de baisse que le gouvernement espère faire appliquer. Sur le loyer, par exemple, de nouvelles baisses sont annoncées par le ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes Entreprises : ‘’-20 % sur les loyers inférieurs ou égal à 300 000 F CFA ; -10 % sur les loyers compris entre 301 000 et 500 000 F CFA et -5 % sur les loyers supérieurs à 500 000 F CFA’’.

Nouvelle tentative de baisse du loyer

Le loyer tient une place importante dans le pouvoir d’achat des Sénégalais. Selon l’étude ‘’L’accès au logement et aux services sociaux de base 1 : encore de très fortes inégalités au Sénégal’’ menée par les chercheurs Ndèye Ngom, Lamine Ousmane Cassé et Ndiacé Diop, ‘’l’accès au logement reste un fait très déséquilibré, selon les régions du Sénégal. Au niveau de Dakar, région avec le plus faible taux d’accès au logement, moins de la moitié des ménages ont accès à un logement, soit 41,8 %. (…) Par contre, le reste des régions situées au nord, au centre, à l’est et une partie du sud, est considéré comme une zone où l’accès au logement ne pose pas de problème majeur. En effet, plus de 80 % des ménages dans ces régions sont des propriétaires’’.

Mais c’est bien dans la capitale que se posent le plus de soucis. En 2014, l’Assemblée nationale avait voté une loi portant sur la baisse des loyers à usage d’habitation. Cette loi, promulguée par le chef de l’État, est entrée en vigueur après sa publication au ‘’Journal officiel’’ daté du 22 janvier 2014. Celle-ci énonce des ‘’prix des loyers des baux à usage d’habitation, à l’exclusion de ceux dont la fixation a été obtenue suivant la méthode de la surface corrigée’’, baissés comme suit : moins 29 % pour les loyers inférieurs à 150 000 F CFA, moins 14 % pour ceux compris entre 150 000 et 500 000 F CFA et moins 4 % pour ceux supérieurs à 500 000 F CFA’’. Quelques années après, elle s’est avérée être un échec, puisqu’hier, le chef de l’État a fait savoir que ‘’les loyers ont augmenté de plus de 20 %, depuis la dernière tentative de baisse. Alors que les coûts de la construction n’ont évolué que de l’ordre de 45 %, il y a une marge qui doit être considérée’’.

Pour inverser cette tendance et faire preuve d’efficacité dans l’application des nouvelles baisses annoncées, Macky Sall ajoute qu’il sera opéré une réduction des prix de la commission versée aux agences immobilières à montant égal à la moitié du mois de loyer. Aussi, le paiement de la caution à raison du douzième du montant du deuxième mois et l’exigence de la suppression du loyer d’avance ont été annoncés. Ceci, dès la fin du mois de novembre 2022.

Réduction de la commission des agences immobilières

Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique au Sénégal, publié en fin septembre, assure qu’en raison ‘’des tensions géopolitiques mondiales, les pressions inflationnistes devraient s’accentuer significativement en 2022, atteignant 8,7 %’’. Pour comparaison, Alexandre Henry, un des auteurs du rapport, souligne ‘’l’inflation en pleine Covid en 2020 était entre 2 et 3 %. Au mois de juillet 2022, il a atteint 11,3 %’’.

Pour faire face à la flambée des prix du pétrole et des denrées de première nécessité, le gouvernement du Sénégal a pris des mesures fortes en soutien aux ménages : plus de 620 milliards de francs CFA, soit :  300 milliards de subventions au carburant, à l’électricité et au gaz au 30 septembre 2022 ;  157 milliards de renonciations aux recettes fiscales pour éviter le renchérissement des prix du riz, du blé, du maïs, du sucre et de l’huile ; 120 milliards pour la revalorisation des salaires des agents publics ; plus de 43 milliards de transferts d’argent en soutien à 543 000 familles vulnérables.

Malgré cela, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures subventionnaires qui visent la baisse des prix. Ainsi, le riz (brisé indien 100 %) passe de 350 à 325 F CFA/kg. La même quantité de sucre connaît une baisse équivalente, passant de 600 à 575 F CFA. Le litre d’huile de palme est réduit de 100 F CFA (de 1 200 à 1 100 F CFA).  

Baisse des denrées du panier de la ménagère

D’autres produits du panier de la ménagère sont ciblés : le kilogramme d’oignon local passe de 500 à 400 F CFA et l’oignon importé de 700 à 500 F CFA. La pomme de terre locale passe de 600 à 400 F CFA et celle importée de 700 à 500 F CFA. Il en est de même pour le kilogramme de carotte importée qui passe de 500 à 400 F CFA. La carotte locale connaîtra aussi une baisse de 100 F CFA. La viande de bœuf devrait voir le prix du kilogramme passer de 4 000 à 3 600 F CFA, alors que la baisse de la viande de mouton va de 4 500 à 4 300 F CFA. Pour le lait, le kilogramme passe de 3 000 à 2 750 F CFA.

Dans le domaine de l’éducation, les frais scolaires pour le cycle élémentaire et le préscolaire, dans le public, sont désormais gratuits. Les frais d’inscription dans le moyen-secondaire sont désormais fixés à 3 000 F CFA, à raison d’un plafond fixé au maximum à 5 000 F CFA et cela ne pourrait être autorisé que par le conseil d’administration de l’école.  

Dans l’enseignement privé, une baisse de 10 % des frais d’inscription du préscolaire jusqu’au secondaire est annoncée, en accord avec des acteurs. Pour le supérieur, une baisse allant de 5 à 10 % est opérée sur les frais de scolarité d’enseignement privé supérieur.

Face aux chocs exogènes, le président de la République estime que ‘’nous devons assoir notre souveraineté alimentaire, accélérer la mise en œuvre de la stratégie d’industrialisation, réguler les marchés et veiller à une concurrence saine dans toutes les filières de notre économie, en particulier celles en pleine expansion comme le fer à béton, les pâtes alimentaires, entre autres. Ce qui nécessitera une protection systématique renforçant ainsi la promotion du consommer local’’.

Au total, 112 mesures seront appliquées pour accompagner la politique de la souveraineté alimentaire.

Lamine Diouf

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